La « singularité » française entre amour et rejet de l’Europe

UNE drapeau européen géant sous l’Arc de Triomphe à la fin de l’année a généré la première controverse politique en France en 2022. Habituellement, à des moments emblématiques, c’est un drapeau français qui flotte au sommet des Champs Elysées, mais pour signaler le début de la France présidence du Conseil de l’Union européenne, les autorités ont décidé de placer le symbole européen.

Marine Le Pen, cheffe du parti d’extrême droite Union nationale, s’est dite « indignée », qualifiant cet acte « d’offense » que le drapeau flotte sur la tombe du Soldat inconnu.

Ensuite, Valérie Pécresse, leader du plus grand parti de droite français et candidate à la présidentielle, a manifesté son mécontentement, ainsi que Jean-Luc Mélenchon, également candidat à la tête de l’Etat et leader de l’extrême gauche.

Le 2 janvier, le drapeau avait déjà disparu. Un calendrier « prévu » selon le gouvernement, qui affirme ne pas avoir retiré le drapeau en raison de pressions politiques.

« Il y a un risque clair que cette présidence française soit une occasion manquée en raison de cette coïncidence avec les élections présidentielles. [que se realizam em abril]. La polémique sur le drapeau est quelque chose de très inintéressant et elle n’a même pas servi à parler de l’importance de ce drapeau et de sa signification », a déclaré Emmanuel Rivière, président du Centre Kantar sur l’avenir de l’Europe, dans des déclarations à l’agence Lusa.

Emmanuel Rivière, également directeur international des études politiques chez Kantar, société qui réalise des études d’opinion, est l’un des auteurs du rapport « Un euroscepticisme à la française », lancé en coopération avec l’université de Sciences Po et l’Institut Jacques Delors .

« Dans de nombreux indicateurs [sobre a identificação e confiança na União Europeia], la France est aux niveaux les plus bas par rapport aux autres pays européens et c’est quelque chose que nous savons. L’histoire politique du pays a été fortement marquée par le référendum de 2005 et le rejet du traité constitutionnel, cependant, il serait faux de dire que les Français sont majoritairement anti-européens », a-t-il déclaré.

Dans l’Eurobaromètre de novembre 2021, les Français font partie des Européens qui s’identifient le moins comme tels, mais dans le même temps, six Français sur dix se disent d’accord avec les valeurs promues par l’Union européenne.

Cette méfiance à l’égard de l’Europe, selon Emmanuel Rivière, a deux sources principales, économiques et politiques, faisant de la méfiance française une « singularité » en Europe.

La France continue d’être l’un des pays les plus réticents face à l’économie libérale et aussi l’un des plus méfiants à l’égard du libre-échange, promu dans les accords commerciaux signés par l’Union européenne avec des dizaines de pays hors du continent. Sur le plan politique, le système français rend le besoin de compromis étranger aux Gaulois.

« La culture politique française, avec une majorité construite autour d’un seul vainqueur, le Président, ne correspond pas beaucoup à d’autres pays où les systèmes politiques conduisent à des majorités composées de partis différents et où le compromis est nécessaire, comme c’est le cas en Parlement de l’Union européenne », a déclaré Emmanuel Rivière.

Cette méfiance à l’égard de l’Europe a alimenté le discours des partis d’extrême droite et d’extrême gauche en France, l’Union nationale de Marine Le Pen étant l’une des voix les plus virulentes contre le projet européen.

Pourtant, au second tour de la présidentielle de 2017 et face au supposé pro-européen Emmanuel Macron, les arguments de Marine Le Pen, comme la sortie de l’euro, n’ont pas convaincu les Français.

« Lors des dernières présidentielles, l’Europe était très présente dans les débats et l’Europe a été une des raisons de l’échec de Marine Le Pen. Autrement dit, son propre électorat n’était pas d’accord avec la sortie de l’euro et elle n’était pas à l’aise de parler. sur des sujets européens », a expliqué Emmanuel Rivière.

Pour le chercheur, la coïncidence en 2022 des élections présidentielles avec la présidence de l’Union européenne devrait servir pour cette année à parler davantage d’Europe et à « mûrir » la vie politique en France.

« L’opportunité, c’est que cette concurrence apportera plus d’Europe à la campagne présidentielle et c’est important car nous avons besoin de plus de maturité dans la vie politique française dans le sens où nous devons comprendre que le Président que nous allons élire n’est pas le successeur du général. De Gaulle, mais un chef d’Etat qui doit s’inscrire dans un collectif », a-t-il conclu.

Vendredi, dans le cadre de la traditionnelle visite du collège de la Commission dans la capitale qui assume la direction semestrielle du Conseil de l’UE, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen ont rendu hommage au Panthéon à Jean Monnet et Simone Veil, deux piliers de construction européenne.

Jean Monnet était l’un des pères fondateurs du bloc européen et Simone Veil présidait le Parlement de l’Union, basé dans une ville française.

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Nihel Beranger

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