La maltaise Roberta Metsola à Rome lors des funérailles de David Sassoli – Ansa
Lundi soir à Strasbourg, le Parlement européen commémorera en plénière le président David Sassoli, décédé le 11 janvier. L’ancien premier ministre italien et chef du Parti démocrate, Enrico Letta, prononcera un éloge funèbre, suivi d’un intermède musical par la violoncelliste Anne Gastinel. Par la suite, le président du Conseil européen, Charles Michel, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le chef de l’État français Emmanuel Macron prendront la parole, également au nom de la présidence tournante du Conseil de l’UE, suivis par les chefs des différents groupes politiques de l’Assemblée. L’hymne européen « Ode à la joie » de Ludwig van Beethoven sera joué à la fin de l’événement. La présence du député européen et président de Forza Italia, Silvio Berlusconi, est également attendue parmi les dirigeants italiens. Parmi les chefs de gouvernement européens, en revanche, la présence du Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel et du Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, est probable.
Au lendemain de la commémoration solennelle de David Sassoli à Strasbourg, le vote va commencer pour celui qui lui succédera à la tête du Parlement européen. Le grand favori du vote de mardi reste l’exposant du PPE, le catholique maltais Roberta Metsola German Triccas, 42 ans, représentante du Partit Nazzjonalista (démocrate-chrétien), mariée à la finlandaise Ukko Metsola, mère de quatre enfants. Parmi les militants les plus actifs pour l’adhésion de Malte à l’UE lors du référendum de 2003, elle est députée européenne depuis 2013 et actuellement première vice-présidente (actuellement présidente par intérim).
Un jeu qui semblait désormais joué, étant donné que ses challengers initiaux – le national-populiste polonais PiS Kosma Zlotowski, et l’extrême gauche espagnole Sira Rego – n’ont aucune chance. Pourtant, il y a quelques jours, le choix des Verts de nommer la Suédoise Alice Bah Kuhnke, qui pourrait ravir des voix à Metsola, du moins pour le premier tour, lui a causé quelques agacements.
La Maltaise serait la troisième femme à présider le Parlement après Simone Veil et Nicole Fontaine. «Ma ligne directrice de base – a-t-il déclaré – est que je crois en l’Europe. Et ce Parlement fera en sorte que l’Europe revienne à la mode, que les gens retrouvent le sens de la promesse de notre projet ». Elle est très appréciée pour son engagement parlementaire, avec des combats pour l’égalité entre les hommes et les femmes, mais aussi pour les droits de la communauté LGBT et en général contre les discriminations. Très attaché au plan migratoire de la Commission européenne et à la liberté de la presse.
Contre elle ces derniers jours, cependant, une campagne s’est montée – avec des voix italiennes aussi – pour sa position anti-avortement (Malte est également le seul État de l’UE où l’interruption de grossesse est interdite). Ainsi Metsola a voté contre le rapport Tarabella de 2015 sur l’égalité des droits pour le passage où l’on demande aux femmes un « accès facile à l’avortement », ainsi que contre le rapport Matic de 2021 sur la santé sexuelle et reproductive des femmes. Des positions qui lui ont valu l’hostilité de plusieurs eurodéputés. Parmi les plus échauffés figure le Français Bernard Guetta, un Macronien : voter pour lui, selon des sources eurodéputées déclarées lors d’un meeting du groupe Renew « pourrait être considéré comme un pas en arrière sur le front des droits des femmes ». « Je ne voterai pas pour un représentant du PPE – a déclaré le vert français Damien Carême – qui est contre mes convictions politiques ».
Metsola elle-même a tenté de rassurer. « Si je suis élue – a-t-elle déclaré à divers groupes – je représenterai la voix de la majorité de la classe ». Des propos qui semblent d’ailleurs avoir le plus convaincu, disons par exemple qu’une rencontre il y a quelques jours avec le groupe des Socialistes & Démocrates (S&D) dont fait partie le Parti démocrate, « s’est plutôt bien passée », même si surtout les Français les membres restent critiques. Le challenger vert suédois Bah Kunke, cependant, pourrait attirer des voix dans les rangs des mécontents et cela pourrait coûter à Metsola l’élection au premier tour. La majorité absolue n’est requise que pour les trois premiers votes, puis elle est passée au scrutin entre les deux plus votés. Il est probable qu’au final elle soit élue avec la majorité de 2019, à savoir Popolari, S&D et Renew (beaucoup dépendra aussi du jeu des vice-présidents). Les voix des souverains du groupe conservateur et réformiste, dont font partie le FdI et les Polonais du PiS, pourraient également s’y ajouter.
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