Reconnaissance faciale – peur de la surveillance totale – numérique

Tout est confié à Alicem. Faire la déclaration d’impôts, s’inscrire, demander une nouvelle plaque d’immatriculation pour la voiture, cela se fera bientôt en France avec une seule application mobile. Alicem est le nom du programme commandité par le ministère de l’Intérieur, et plusieurs milliers de personnes le testent actuellement. D’ici 2020 au plus tard, les Français devraient avoir une « identité numérique » via Alicem, précise le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Il n’y a pas d’enthousiasme. Car pour utiliser Alicem, les citoyens doivent être scannés par un logiciel de reconnaissance faciale. Toute personne qui utilise l’application s’engage à libérer les données biométriques pour utilisation. La France est le premier pays de l’UE à capturer les visages de ses citoyens à grande échelle.

Le ministère de l’Intérieur promet que les données seront supprimées dès que le programme aura vérifié l’identité de l’utilisateur. Mais les défenseurs des données doutent que les normes de sécurité des autorités soient suffisamment élevées pour se protéger contre les attaques de pirates et le vol de données.

Les similitudes sont reconnues par des caméras et des algorithmes haute résolution

L’ère de la reconnaissance faciale est arrivée et soulève de nombreuses questions. La combinaison de caméras haute résolution et d’algorithmes d’auto-apprentissage permet à un logiciel de reconnaître les similitudes, presque comme une personne rencontrant une connaissance. Le logiciel a vu tellement de photos de visages qu’il peut distinguer une personne d’une autre – si l’on en croit leurs vendeurs. Il fait pivoter, étire ou comprime le visage sur une photo afin que les yeux soient dans une position similaire. Cela la rend comparable à d’autres images traitées de cette manière. A partir des points distinctifs – nez, bouche, position des yeux, bord de la tête – elle extrait la structure de base du visage : le « gabarit ». Un algorithme calcule alors la similarité entre deux templates : hit or not ?

Dans le débat sur la reconnaissance faciale, deux applications sont souvent confondues : l’identification faciale et la vérification faciale. Face ID est une véritable technologie de surveillance. Des caméras enrichies de logiciels filment des personnes, par exemple dans des espaces publics, et comparent leurs visages avec des bases de données. Le scénario effrayant : Le système suit les gens de manière indépendante à travers la ville. Le visage devient un bug. Des photos comme celles que la France est en train de capturer pourraient également servir de matière première.

Cependant, le système Alicem est une forme de vérification faciale. La technologie vise à garantir que « l’identité numérique » ne soit utilisée que par les citoyens auxquels elle appartient. Le visage sert de carte d’accès. Une carte d’accès que vous ne pouvez pas perdre même si vous le souhaitez. Apple propose une technologie similaire pour l’iPhone. Les utilisateurs peuvent le déverrouiller en le tenant devant leur visage. La différence avec le système français : Apple n’est pas l’Etat. Il est incité à enregistrer les visages de ses citoyens de manière centralisée. La police et les services secrets se réjouissent de ces bases de données. Il y a aussi la crainte que ces pools de données soient pillés par des pirates et que les images faciales soient utilisées à mauvais escient. Que ce soit pour former de meilleurs algorithmes avec la photo de la victime sans méfiance ou pour tromper son entourage avec une intention criminelle et accéder à des zones sensibles, par exemple.

L’organisation de défense des droits civiques « La Quadrature du Net » a porté plainte contre l’introduction d’Alicem. Elle parle d’une « banalisation de cette technologie » par l’Etat. Il est concevable que des logiciels de reconnaissance faciale puissent également être utilisés par la police, par exemple pour surveiller des manifestants. Ce serait une atteinte majeure aux droits de la personne : dans ce scénario, toute personne enregistrée biométriquement pourrait être persécutée toute sa vie dans des activités politiques.

Nihel Beranger

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