Paris, 27 sept. 2021 (AFP) – Que faire d’un groupe de consommateurs de crack dans le nord-est parisien ? Cette question, jusqu’ici impossible à régler, réchauffe les esprits dans une France en pleine pré-campagne présidentielle, au détriment des toxicomanes et des Parisiens.
Bien qu’elle remonte à 2019, la tension a atteint de nouveaux sommets le week-end dernier avec la construction d’un mur pour séparer 50 toxicomanes, transférés sur une place du nord-est de Paris des villes voisines de Pantin et Aubervilliers.
« Il faut une réponse qui ne concerne pas seulement la sécurité, qui ne consiste pas seulement à déplacer le problème. Il faut un service de santé : ouvrir un centre de désintoxication », a déclaré lundi à BFMTV la présidente de la région parisienne Valérie Pécresse.
Avec sa déclaration, Pécresse, qui espère être candidate de droite à l’élection présidentielle d’avril 2022, pointe indirectement ses éventuels rivaux : le président libéral Emmanuel Macron et la maire de Paris, la socialiste Anne Hidalgo.
Les délégués du gouvernement Macron à Paris ont décidé de construire le mur et de transférer les toxicomanes. Et, face à une situation qui stagne depuis des mois, Hidalgo a proposé, il y a des semaines, la création de nouvelles salles de consommation au service des toxicomanes.
Ce mur est « une solution transitoire nécessaire qui répond à l’urgence et ne peut satisfaire personne », a déclaré lundi le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, qui a promis des réponses plus précises « dans les prochains jours ».
– « Dégoûtant » -La construction d’un mur a « une signification symbolique, elle fait penser au mur de Berlin, à [Donald] Atout [com o México] ou à Gaza », dit Sabrina Mahfoufi, incrédule devant le mur de parpaings. « C’est dégoûtant.
Les habitants du nord-est de Paris, l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale, attendent une solution depuis des années. Depuis 2019, la principale mesure adoptée a été de déplacer les accros au crack dans la région en raison du rejet des voisins.
Lorsque la soi-disant « colline du crack » au nord de la capitale a été vidée en 2019, les consommateurs se sont déplacés à environ deux kilomètres au sud-est en direction de la place Stalingrad, où les habitants leur ont même lancé des projectiles pyrotechniques.
Pour apaiser le quartier, en mai 2021, la police les a expulsés vers un parc voisin, mais des manifestations de quartier ont conduit la ville à bloquer l’accès aux toxicomanes, qui se sont installés dans les environs.
Selon une lettre des délégués du gouvernement à Paris à Hidalgo, le nouveau déménagement sur une place à la périphérie de la capitale est dû au fait que sa présence dans un quartier proche des écoles était « insoutenable ».
Si la sécurité fait partie des principales préoccupations des Français, les solutions possibles pour les usagers de drogues ne semblent pas non plus convaincre les Parisiens.
Hidalgo, accusé par l’opposition de porter atteinte à la sécurité et à l’image de Paris, a récemment refusé d’ouvrir un centre d’accueil pour toxicomanes à proximité d’une école dans le nord-est de la ville, face à l’opposition des habitants.
La chef de file de l’opposition municipale à Paris, l’ancienne ministre conservatrice Rachida Dati, a même proposé une « détention forcée » des usagers, une mesure dont l’efficacité et la légalité ont été remises en cause par des avocats et des médecins consultés par le réseau BFMTV.
Les nouveaux voisins des toxicomanes demandent une solution à long terme. « Je ne vois pas de solution », dit Mahfoufi, 46 ans, pour qui cela « implique de demander à des experts en toxicomanie, pas à des politiciens. Sans parler de construire un mur ».
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