Juste à temps pour la rentrée scolaire, le nouveau ministre de l’Éducation a pris une décision : le port de l’abaya, un vêtement long originaire du monde arabe, sera désormais interdit.
09/04/2023 | 02:03 minutes
Le port de vêtements qui expriment de manière démonstrative une appartenance religieuse en milieu scolaire ne doit pas y être toléré.
Séparation stricte de la religion et de l’État en France
L’abaya est un vêtement long originaire du monde arabe et aujourd’hui de plus en plus porté en France. Il est généralement placé sur les vêtements et couvre généralement tout le corps, à l’exception des mains et du visage.
La France se considère comme un pays laïc. Cela signifie la stricte séparation de la religion et de l’État. La République française maintient sa neutralité à l’égard de la foi tout en protégeant son libre exercice en privé. Selon l’idée, tout le monde est égal devant l’État.
Contrairement à l’Allemagne, les fonctionnaires tels que les enseignants ne sont donc pas autorisés à porter des symboles religieux tels que le foulard, car cela indiquerait leur appartenance religieuse.
Le port de signes religieux dans les écoles est interdit depuis 2004. Désormais, les abayas y sont également incluses.
Critique de gauche, joie de droite
Cependant, il est contesté que les robes intégrales soient des symboles religieux. Le Conseil français des musulmans considère que l’abaya n’est pas un signe religieux des musulmans.
La gauche française a également condamné cette interdiction. Manuel Bompard de La France Insoumise a déclaré à la chaîne de télévision française France2 que cette interdiction « entraînera une nouvelle fois une discrimination à l’égard des jeunes femmes, notamment celles de confession musulmane ». Le parti a annoncé qu’il porterait l’interdiction devant la Cour constitutionnelle française.
Nous avons demandé à plusieurs reprises que les abayas soient interdites dans nos écoles. Je salue la décision du ministre de l’Éducation, qui nous donne raison.
Le syndicat français Syndicat National des Personnels de Direction de l’Education Nationale (SNDPEN) pour les travailleurs du secteur de l’éducation salue également cette décision. Il y a enfin une réponse à la question de l’abaya. « Nous avons désormais une règle claire, et cela seul est positif », a déclaré Cyril Coupaud, secrétaire général du SNDPEN, à ZDF.
« D’abord le foulard a été interdit, puis les bandeaux et maintenant les abayas »
Les signalements de violations de la laïcité sont passés de 2 167 à 4 710 au cours de l’année scolaire écoulée. Ce sont les chiffres du ministère de l’Éducation nationale auxquels a accès le quotidien français « Le Figaro ».
Entre avril et juillet 2023, une bonne moitié de tous les signalements auraient consisté à porter des symboles religieux. Mais dans le même temps, seulement 150 personnes ont déclaré porter une abaya ou un qamis.
En Allemagne, de nombreux musulmans sont confrontés quotidiennement au racisme et à la discrimination. Mais beaucoup ne signalent pas les incidents.
29/06/2023 | 05:06 minutes
De tels chiffres sont problématiques et difficiles à interpréter, estime Philippe Portier, politologue à Science Po à Paris. On ne sait souvent pas clairement ce que l’on entend par signes religieux, ni ce qu’est une communauté religieuse dont on ne peut pas montrer l’appartenance.
Ces problèmes restent en suspens, mais le gouvernement les utilise néanmoins pour appliquer une législation et une réglementation plus autoritaires que par le passé.
Pour l’heure, près de 500 écoles en France sont sous surveillance étroite à la rentrée scolaire, et pas moins de 2 000 personnels spécialement formés sont là pour veiller au respect de l’interdiction.
Une solution à court terme, selon l’expert Portier : « D’abord le foulard a été interdit, puis les bandeaux et maintenant les abayas. Mais il est presque certain que les jeunes femmes trouveront un autre symbole d’ici deux à trois ans. C’est une course sans fin à la française ».
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