Les dirigeants du Niger ont accusé la France de violer l’espace aérien fermé au-dessus de cet État d’Afrique de l’Ouest – ce que Paris a nié. Les États de la CEDEAO discuteront de la situation jeudi.
A la veille d’un sommet spécial de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur le coup d’État au Niger, le pouvoir en place a lancé de fortes accusations contre la France : les forces armées françaises ont violé l’espace aérien fermé du Niger, a-t-il déclaré dans une déclaration télévisée par le Conseil national pour la protection de la patrie nigérienne (CNSP), au pouvoir. Un avion militaire français a quitté ce matin N’Djamena, au Tchad voisin, selon le communiqué. En pénétrant dans l’espace aérien nigérien, il a « volontairement rompu tout contact avec le contrôle aérien ».
Par ailleurs, l’ancienne puissance coloniale a libéré « les terroristes capturés », explique le CNSP. Il s’agit ici de jihadistes armés qui mènent depuis des années une insurrection sanglante dans le pays. Après leur libération, les jihadistes ont participé à une « réunion de planification » en vue d’une attaque contre « des positions militaires dans le triangle frontalier », précise le communiqué. Les frontières du Niger, du Burkina Faso et du Mali convergent dans la région en crise.
Le gouvernement français a contredit ces allégations. Aucun terroriste n’a été libéré et les vols ont eu lieu sur la base d’accords antérieurs.
Le parti Bazoum appelle à la résistance
Parallèlement, le parti du président déchu Mohamed Bazoum a appelé à la libération du chef de l’Etat. Le pays tout entier doit être mobilisé, indique un communiqué du parti PNDS-Tarayya.
Bazoum et sa famille sont détenus dans leur résidence dans des conditions inhumaines. Il n’y a ni eau courante ni électricité. En outre, le président se verrait refuser des soins médicaux et des aliments frais.
Un ancien chef rebelle avait déjà appelé à la résistance contre le gouvernement militaire.
Communauté d’États conseille d’autres mesures
Jeudi, un sommet spécial de la CEDEAO discutera de la situation après le coup d’État au Niger. Les représentants militaires qui ont renversé le président du Niger condamnent la CEDEAO comme une organisation « à la solde » de la France. Le groupe d’États avait menacé d’une éventuelle intervention militaire si le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum n’était pas réintégré.
L’Allemagne envoie également du personnel diplomatique à la réunion à Abuja, la capitale nigériane : le représentant Afrique du ministère des Affaires étrangères, Christoph Retzlaff, a été envoyé au sommet en tant qu’observateur, a déclaré un porte-parole à Berlin.
La semaine prochaine, la ministre du Développement Svenja Schulze se rendra également dans la région du Sahel. Dans ses nouvelles fonctions de présidente du groupe des donateurs de l’Alliance Sahel, elle devrait participer aux négociations au Niger et en Mauritanie. Selon son ministère, l’objectif est, entre autres, d’explorer comment l’Allemagne peut soutenir les efforts visant à trouver une solution pacifique à la crise au Niger.
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