L’organisateur de la collecte de fonds de la police qui a tiré sur Nahel accuse la famille de Nahel et le système judiciaire

Euronews s’est entretenu avec Jean Messiha, l’homme à l’origine de la controversée campagne de financement participatif en soutien au policier qui a abattu Nahel la semaine dernière.

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Le meurtre de Nahel, 17 ans, par un policier, qui a déclenché des troubles destructeurs dans toute la France, doit être imputé à ses parents, au système judiciaire et à ses propres actions, a déclaré à Euronews l’homme à l’origine de la campagne controversée de financement participatif en faveur de la famille du policier.

« C’est la responsabilité des parents, la responsabilité de la justice et, en fin de compte, la responsabilité de ce jeune homme », a déclaré mardi Jean Messiha à Euronews lorsqu’on lui a demandé qui devait être tenu pour responsable de la mort de Nahel.

« Si vous désobéissez à la police, vous mettez le doigt dans une spirale qui peut conduire à une tragédie. Dans ce cas, Nahel s’est suicidée, ni plus, ni moins », a-t-il déclaré.

Nahel M., un jeune homme d’origine nord-africaine, est décédé le 26 juin après avoir été abattu à bout portant alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle routier. En France, le permis de conduire n’est délivré qu’aux personnes âgées de 18 ans et plus.

Son assassinat a suscité des inquiétudes concernant le racisme et le maintien de l’ordre en France et a conduit à des semaines de troubles dans les banlieues – banlieues pauvres – à travers le pays, entraînant de nombreuses arrestations et des dégâts estimés à plus de 100 millions d’euros.

Le président français Emmanuel Macron a qualifié la mort de Nahel d' »inexplicable, inexcusable ». Le policier, connu sous le nom de Florian M., a été arrêté et inculpé d’homicide par négligence.

Un fonds de honte

La campagne de financement participatif de Messiha, président de l’Institut Vivre Français qui a déjà collaboré avec les candidats d’extrême droite Marine Le Pen et Eric Zemmour, pour soutenir la famille du policier, a reçu quatre fois plus de dons que la campagne de soutien au policier. famille de Nahel.

La campagne de Messiha avait récolté 1,4 million d’euros au moment de la rédaction, contre 350 000 euros pour la campagne de soutien à la famille de Nahel.

Le fonds a été qualifié de honteux par les politiciens français de gauche et GoFundMe, qui le gère, a été invité à le fermer. Messiha a accédé à cette demande et a arrêté l’action mardi soir.

« Fonds de la honte »

« Vous gérez un fonds de la honte, GoFundMe », a écrit sur Twitter le chef du Parti socialiste Olivier Faure. « Vous accentuez un fossé déjà béant en soutenant un policier mis en examen pour homicide involontaire. Fermez-le ! »

Son collègue des Verts, Yannick Jadot, a déclaré aux médias français que « ce fonds devrait être supprimé parce que, franchement, il est indigne de ce que vit une famille, celle de Nahel, indigne de la colère des quartiers, parfois face aux violences policières ». « 

Manon Aubry, députée européenne du parti d’extrême gauche La France Insoumise, a écrit sur Twitter lundi: « Près d’un million d’euros récoltés par un polémiste de droite pour soutenir un policier qui tue un adolescent.

« Le message ? Cela vaut la peine de tuer un jeune Arabe. Et le gouvernement ferme les yeux. Ce fonds doit être supprimé au plus vite ! »

Membre du parti du centre au pouvoir En Marche, Eric Botherel a dit que Messiha « des coups sur les braises » et que sa campagne de financement participatif, qu’il a qualifiée d' »indécente et scandaleuse », était aussi « une émeute ».

De son côté, la Première ministre Elisabeth Borne a reconnu devant la presse que « le fait que ce soit quelqu’un proche de l’extrême droite qui ait lancé cette campagne de financement n’aide probablement pas à rassurer les gens ».

Elle a toutefois ajouté que « ce n’est pas le gouvernement qui peut décider si un fonds existe ou non » et que « c’est aux tribunaux de trancher cette question ».

La famille d’un policier fait face à un « mur de dettes »

Interrogé par Euronews s’il aurait lancé une campagne de soutien à la famille de Nahel si une telle campagne n’avait pas déjà été organisée, Messiha a répondu non. Il a fait valoir que Nahel était un « récidiviste multiple » et que son casier judiciaire vierge était dû à un « système judiciaire laxiste ».

Il a justifié sa campagne en affirmant que la famille de Florian M. « est dans une situation extrêmement difficile car le fonctionnaire est désormais en prison, son salaire a été suspendu et il doit payer des frais de justice ».

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Il a également déclaré que la famille avait été prise pour cible par des émeutiers après la fuite de leur adresse et qu’ils avaient également « des frais d’hôtel ».

« Vous savez donc que les choses s’additionnent très vite et qu’eux, la famille du policier, peuvent rapidement se retrouver dans un mur de dettes. C’est pourquoi, sans nuire à l’enquête, nous avons décidé de soutenir la famille.

Pascal Nache, le procureur de Nanterre chargé de l’enquête, a déclaré la semaine dernière que « les conditions légales pour l’usage de l’arme » contre Nahel n’étaient « pas remplies ».

Cependant, Messiha a indiqué que l’enquête venait tout juste de commencer et que les choses pourraient être « reclassées rétrospectivement ». Il a accusé les procureurs français d’être « politisés » et Macron et son gouvernement d’avoir abandonné l’officier « dès le début et sans préjudice des éléments d’enquête en sa possession ».

Macron et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ont rencontré lundi soir policiers, gendarmes et pompiers. Selon l’Elysée, l’objectif de cette visite était de « les écouter, les remercier pour leur engagement ces derniers jours et les assurer de son soutien ».

Nihel Beranger

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