Standard & Poor’s dégrade la note des pays de la zone euro
La France confirme sa perte de la meilleure note
Mis à jour le mercredi 9 septembre 2015 | 06:41
Craignant une dégradation imminente de la solvabilité de plusieurs pays de la zone euro par l’agence de notation Standard & Poors (S&P), les investisseurs ont tourné le dos à la monnaie commune. L’euro a glissé à 1,2687 $ vendredi après-midi, soit plus de deux cents américains en dessous de son plus haut quotidien. Au départ, on ne savait pas quels pays seraient concernés.
S&P avait déjà mis en garde il y a un mois contre une possible dégradation de la note de nombreux pays de la zone euro et avait appelé les chefs d’État et de gouvernement à prendre des mesures décisives face à la crise de la dette. Cependant, on disait dans les cercles que l’Allemagne n’en faisait pas partie. La France, l’Espagne, l’Italie, la Belgique et le Portugal ont été présentés comme candidats possibles dans les salles des marchés.
Le ministre français des Finances confirme la dégradation de la note
Dans la soirée, le ministre français des Finances François Baroin a confirmé que son pays serait dégradé. La France perdra sa meilleure note AAA et sera classée un point plus bas, à AA+, dans la notation de crédit à long terme de S&P, a déclaré Baroin à la télévision française. La France ne laissera pas les agences de notation dicter sa politique, a ajouté le ministre. Paris ne lancera pas de nouveau programme d’austérité après avoir perdu sa meilleure cote de crédit.
Pendant ce temps, la réunion d’urgence au Palais de l’Elysée s’est terminée après environ une heure, en présence du président Nicolas Sarkozy et du Premier ministre François Fillon, du ministre des Finances Baroin et de la ministre du Budget Valérie Pécresse.
Les rendements des obligations françaises, belges et espagnoles ont notamment augmenté sensiblement en réponse aux gros titres. « Il y a eu des spéculations sur des dégradations depuis un certain temps, mais si la rumeur se concrétise, il y aura bien sûr une réaction », a déclaré Tim Ghriskey, stratège en investissement de Solaris Asset Management.
Des marchés boursiers fragiles
Les craintes d’une aggravation de la crise de la dette ont également poussé les cours des actions à la baisse. Dax et EuroStoxx50 ont prolongé leurs pertes et ont chuté de 1,7 pour cent chacun à 6.070 et 2.309 points respectivement. Les cours sur les principales bourses de New York ont également chuté en raison de la menace de dégradation des notations en Europe. Après leur plus haut de cinq mois de la veille, les indices Dow Jones et S&P 500 ont chuté en début de séance.
Le sauvetage de l’euro en danger
Avec la menace d’une dégradation, S&P est également confronté à de nouveaux défis pour sauver l’euro. Avec sa meilleure notation, la France était l’un des garants de la solvabilité du fonds de sauvetage de l’euro, le FESF. Désormais, le FESF risque également de perdre sa note « AAA » – à moins que la France ne quitte le groupe des donateurs. Mais cela est très peu probable puisque le pays est le deuxième garant après l’Allemagne.
Cependant, le résultat pourrait être que le fonds doive offrir aux investisseurs des taux d’intérêt plus élevés en raison de la mauvaise notation de crédit. Le fait que les deux autres grandes agences de notation, Moody’s et Fitch, continuent de noter « AAA » à la fois la France et le FESF peut également jouer un rôle dans le montant de la prime.
S&P et le ministère français de l’Economie ont refusé de commenter ces rumeurs. Le pays voisin subit depuis des mois une pression considérable de la part des marchés en raison de son déficit national élevé. En 2010, le déficit représentait sept pour cent du produit intérieur brut (PIB). Selon les derniers chiffres du gouvernement, ce chiffre était légèrement inférieur à 5,7 pour cent pour l’année dernière. Face à la détérioration de la situation économique, le gouvernement a dû annoncer deux programmes d’austérité en quelques mois afin de pouvoir atteindre ses objectifs de réduction de la dette. La France s’est engagée à réduire son déficit à 3% du PIB d’ici 2013.
L’agence de notation Moodys a également prévenu à plusieurs reprises d’un abaissement de la note de la France. Elle a récemment calculé que la hausse des coûts de refinancement de l’État pourrait rendre encore plus difficile la réduction urgente du déficit. L’agence de notation Fitch avait cependant annoncé qu’elle ne souhaitait pas modifier la meilleure note de la France cette année.
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