Analyse : la France est prise au piège africain

La France est encore perçue sur le continent noir comme une ancienne puissance coloniale qui a commis de nombreux crimes. Elle est accusée de continuer à soutenir des régimes qui ont gagné l’étiquette peu flatteuse de « démocratie » après la décolonisation.

Il y a dix ans, le président de l’époque Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron ont décidé de renverser le dictateur libyen Mouammar Kadhafi. Ce n’est qu’au début de la guerre qu’ils se sont rendu compte qu’ils n’avaient pas assez de combattants, alors ils ont dû implorer le président américain de l’époque, Barack Obama, de leur arracher une épine des talons.

Et lorsque Kadhafi a été démis de ses fonctions, ils n’étaient pas, comme George W. Bush en Afghanistan et en Irak, prêts pour ce qui devrait suivre. Ils ont appelé l’opération Harmattan, qui est une sorte de vent fort.

Comme George W. Bush

Il a fait exploser un dictateur, mais il s’est passé quelque chose auquel les gens autour de Sarkozy ne s’attendaient pas à grand-chose : du sud de la Libye au nord du Mali, en passant par le Tchad (un autre pays qui se soucie beaucoup de la France), les combattants touaregs ont commencé à se retirer, notamment avec des armements.

Jean-Yves Le Drian, alors ministre français de la Défense et aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, les a qualifiés de gangsters djihadistes qui voulaient y construire leur Sahelistan comme sanctuaire pour attaquer l’Europe occidentale. Ainsi, en janvier 2013, la France a lancé une opération militaire de grande envergure appelée Serval (bête féline).

Cependant, les djihadistes sont aujourd’hui les principales bêtes, tandis que les soldats français et avec eux leurs alliés européens subissent de plus en plus leur pression basée sur des méthodes éprouvées de guerre asymétrique cruelle.

En outre, les djihadistes ont avancé plus au sud, jusqu’en République centrafricaine, où ils ont commencé à massacrer la population non musulmane, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées. La France est intervenue pour les protéger et a appelé l’opération Sangaris, une espèce de papillon rouge foncé. Elle a justifié ce symbolisme en disant que l’opération serait rapide et courte. Aujourd’hui, nous savons que tout était différent de ce que le président de l’époque François Hollande avait imaginé. L’opération était et est aussi sanglante que la couleur des papillons là-bas. La guerre a traîné en longueur et en 2014, une nouvelle opération appelée Barkhane a commencé. Il se concentre non seulement sur le Mali, mais sur toute la région du Sahel.

La France accepte donc le fait qu’elle est en guerre dans la région depuis plus de huit ans, avec cinq mille de ses soldats (tous professionnels) qui y filent, 55 d’entre eux, dont huit officiers, mais les résultats ont pas encore répondu aux attentes. C’est pourquoi Macron a ouvertement admis dans une interview qu’il était déjà en discussion à Paris s’il fallait rester au Mali ou plutôt partir. Le général d’armée François Lecointre, chef d’état-major général, rappelle qu’il faudra encore dix à quinze ans de durs combats pour remporter une victoire militaire.

La déception grandit

De plus, l’hostilité à la France grandit au Mali, et le pays s’oriente de plus en plus vers une forme radicale d’islam. Et en réponse à une série de coups d’État militaires au Mali, Macron déclare ouvertement qu’il ne gardera nulle part les troupes françaises pour former un état-major d’une islamisation de plus en plus radicale.

Selon le président, la France est déjà dans la même situation que les États-Unis en Afghanistan et en Irak : dans une guerre asymétrique, elle ne peut pas remporter de victoire militaire et regarde impuissante se dérouler l’islamisation au lieu de l’occidentalisation. Il y a une désillusion face à l’inefficacité de la stratégie actuelle et la crainte qu’en dépit des efforts, des coûts et des pertes considérables des pays occidentaux, une prophétie se réalise : une sorte de Sahelistan est en train d’émerger, sur le territoire duquel de nouvelles attaques contre l’Europe pourraient être préparé.

Nihel Beranger

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