Macron accusé d’avoir réhabilité publiquement le prince héritier d’Arabie saoudite

A Dubaï, Emmanuel Macron a rejeté les accusations de légitimation du prince héritier, affirmant que les différentes crises dans la région du golfe Persique ne peuvent être résolues en ignorant l’Arabie saoudite. « Nous avons décidé après l’affaire Khashoggi que nous n’avions pas de politique dans la région, ce qui est un choix que certains pourraient défendre, mais je pense que la France a un rôle important à jouer dans la région. Cela ne veut pas dire que nous sommes complices ou que nous oublions», a déclaré Macron.


« Je note que l’Arabie saoudite a organisé le G20 l’année suivante [ao caso Khashoggi] et je n’ai pas remarqué que beaucoup de puissances boycottent » la réunion, a noté Macron. « Nous avons toujours été clairs sur la question des droits de l’homme ou sur cette question. » a-t-il soutenu.


Human Rights Watch, en revanche, n’est pas d’accord avec le président français et appelle Macron à dénoncer les violations des droits humains promues par le prince héritier. « Macron était censé aborder le meurtre atroce de Jamal Khashoggi en 2018. Garder le silence sur ces questions reviendrait à fermer les yeux sur de graves violations des droits humains.», précise l’ONG dans un communiqué.

Macron voyage accompagné d’un entourage de représentants de 100 entreprises françaises, dont Total Energies, EDF, Thales et Vivendi. Le voyage a commencé aux Émirats arabes unis, est passé par l’Arabie saoudite et se terminera au Qatar.

L’Iran, le Liban et la lutte contre le terrorisme à l’ordre du jour


En plus de jouer un rôle important dans un accord de paix régional avec l’Iran, la France considère l’Arabie saoudite comme un allié dans la lutte contre les militants islamistes du Moyen-Orient à l’Afrique de l’Ouest et aussi contre les Frères musulmans. Macron et MBS devraient donc discuter des enjeux régionaux, dont la menace nucléaire en Iran et la crise au Liban.

Macron est susceptible d’évoquer la démission, annoncée vendredi, du ministre libanais de l’Information George Kordahi, qui était à l’origine de la crise pour avoir critiqué l’intervention militaire de Riyad au Yémen.

Après l’annonce, saluée par Macron, le président français a dit espérer « pouvoir impliquer tous les pays du Golfe dans la relation avec le Liban ». La crise économique dans le pays s’est aggravée à la suite de la crise diplomatique d’octobre avec plusieurs États du Golfe, dont l’Arabie saoudite, gelant leurs importations.

crise humanitaire Yémen


Le rendez-vous de Macron »est le label français pour MBS et sa guerre au Yémen« , a déclaré Bruce Riedel, ancien analyste de la CIA pour l’Arabie saoudite et maintenant membre de l’organisation de recherche universitaire non gouvernementale Projet de renseignement Brookings. « Tout signe de désapprobation occidentale du comportement saoudien au Yémen a maintenant disparu. C’est une déclaration remarquable de la trahison française du peuple yéménite », a-t-il ajouté.

Riedel évoque un rapport de l’ONU de mentionner que près de 400 000 enfants yéménites risquaient de mourir de faim en raison du conflit dans leur pays, en grande partie conduit par le prince héritier saoudien.

La France fait partie des principaux fournisseurs d’armes de l’Arabie saoudite, mais subit une pression croissante pour revoir sa politique de vente, précisément à cause de la coalition dirigée par les Saoudiens combattant les rebelles houthis au Yémen et qui a engendré l’une des pires crises humanitaires aujourd’hui. . Cependant, rien n’indique que la situation au Yémen sera corrigée.

En revanche, des victimes de la guerre au Yémen ont déposé une plainte pénale à Paris, ce vendredi, contre les princes héritiers d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, pour financement du terrorisme. Ils soutiennent que les deux pays ont fait une « alliance » avec le groupe terroriste al-Qaïda.

Avec les États-Unis, l’Arabie saoudite est intervenue au Yémen depuis 2015, à la tête d’une coalition militaire de soutien au gouvernement contre les rebelles houthis, qui est soutenu par l’Iran, ennemi de Washington et rival de Riyad.

L’Arabie saoudite se plaint de Biden


La visite de Macron intervient à un moment où l’État du golfe Persique a exprimé son incertitude quant à l’intérêt des États-Unis pour la région, bien qu’il veuille plus d’armes de Washington.

L’Arabie saoudite a déploré l’approche de la Maison Blanche, qui a poussé Riyad sur les questions des droits de l’homme et la guerre au Yémen, et a publié des renseignements des services secrets liant Mohammed ben Salmane à l’assassinat de Khashoggi. Le prince héritier a nié toute implication dans le meurtre du journaliste au consulat de Riyad à Istanbul.

Les relations du gouvernement de Joe Biden avec l’Arabie saoudite font l’objet d’un examen minutieux au Congrès, où les démocrates et les républicains ont exprimé leur profonde désapprobation à l’égard des politiques du royaume arabe et ont appelé les États-Unis à cesser de vendre des armes aux Saoudiens.

D’un autre côté, les États-Unis veulent persuader le royaume d’augmenter la production de pétrole. Déjà, le conseil de sécurité nationale a révélé que trois hauts responsables américains se sont rendus aux Émirats arabes unis, en Arabie et au Qatar pour débattre de questions économiques et identifier les domaines dans lesquels les États-Unis pourraient « des partenaires pour investir à l’avenir dans l’énergie propre ».

Nihel Beranger

“Coffee addict. Lifelong alcohol fanatic. Typical travel expert. Prone to bouts of apathy. Internet pioneer.”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *