Crise diplomatique : l’Algérie ferme son espace aérien aux vols militaires français | International

Le président algérien, Abdelmayid Tebún, lors d’une rencontre à Alger avec des dirigeants locaux, en 2020.Europa Press / Contact / Huang Ling (Europa Press)

Une crise diplomatique a éclaté ce week-end entre Alger et Paris, liée par une histoire coloniale douloureuse et par la présence en France d’une importante population d’origine algérienne. L’Algérie a fermé dimanche son espace aérien aux forces militaires françaises, a annoncé un porte-parole de l’armée française. Quelques heures plus tôt, le gouvernement algérien avait convoqué son ambassadeur à Paris pour des consultations, signe d’un profond mécontentement face aux décisions et déclarations du président Emmanuel Macron.

Les griefs, de la part d’Alger, s’étaient accumulés ces derniers jours. Tout d’abord, la décision du gouvernement français de réduire le nombre de visas pour les citoyens algériens – en plus des marocains et des tunisiens – qui souhaitent se rendre en France. Et deuxièmement, la fuite de certaines déclarations de Macron dans lesquelles il accusait le « système politico-militaire algérien », qui a pris le pouvoir après l’indépendance en 1962, d’utiliser des « rentes de mémoire » pour marquer la France comme bouc émissaire de tous vos problèmes.

En Algérie, le Conseil national, chambre haute du Parlement, a publié un communiqué rejetant « toutes les formes d’ingérence » et les « sermons » des « colons d’hier », selon l’agence officielle APS. Et il ajoute que « le peuple algérien a toujours su faire la distinction entre le peuple français et le colonialisme français ». Sans évoquer Macron, la chambre accuse le dirigeant français d’intervenir dans les affaires intérieures de l’Algérie au profit de « son agenda électoral sale ».

La fermeture de l’espace aérien algérien aux vols militaires français, si elle se prolonge, pourrait avoir des conséquences sur la soi-disant opération Barkhane, la mission française de lutte contre le terrorisme au Sahel. Pour rejoindre le nord du Mali depuis la France, les avions traversent le ciel algérien. L’état-major français a découvert la fermeture de l’espace aérien algérien le même dimanche matin, lorsqu’il a présenté ses plans de vol et a constaté qu’ils n’avaient pas l’autorisation nécessaire d’Alger, selon le journal. Le Figaro. Le revers a forcé le report de deux vols logistiques.

Le porte-parole de l’état-major, le colonel Pascal Ianni, a déclaré dans le journal précité que la décision d’Alger « n’affecte pas la préparation ou le développement des opérations ». « Nous nous adaptons et nous n’avons aucune inquiétude sur les opérations », a-t-il ajouté.

Mardi, en annonçant la réduction des visas pour l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, le gouvernement français a fait valoir que les trois pays sont réticents à accepter les retours de leurs ressortissants en situation irrégulière en France et que ce pays tente d’expulser. Alors que le ministre marocain des Affaires étrangères, Naser Burita, s’est borné à déclarer lors d’une conférence de presse que le fond du problème est « franco-français », le gouvernement algérien a décidé de convoquer mercredi l’ambassadeur de France à Alger pour exprimer son rejet de la mesure. .

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Après l’annonce des visas, deux jours plus tard, les propos de Macron sont arrivés lors d’un déjeuner sans accès à la presse à l’Elysée avec un groupe de jeunes Algériens ou ayant des liens familiaux avec l’Algérie. La rencontre a été promue par Macron dans le cadre de ses efforts pour « réconcilier les mémoires » d’une guerre qui continue de marquer la société française et de diviser les deux pays. Le journal Le monde a révélé le contenu de cette conversation.

Macron a regretté que, alors que la France abordait la mémoire de la guerre d’Algérie et de la colonisation sans balayer ses crimes sous le tapis, en Algérie l' »histoire officielle (…) totalement réécrite » et fondée sur la « haine de la France » prévaut. . « Je ne parle pas de la société algérienne dans sa profondeur », a-t-il dit, « mais du système politico-militaire qui s’est construit sur ces revenus de mémoire ».

Le président français a remis en cause l’existence de l’Algérie en tant que nation avant la colonisation française en 1830. Et il a pointé du doigt la propagande turque dans la supposée « réécriture » de l’Histoire. « Cela me fascine de voir la capacité de la Turquie à faire oublier son rôle en Algérie et la domination qu’elle y a exercée. Et expliquer que les seuls colonisateurs étaient nous, c’est génial », a-t-il dit, faisant référence au contrôle de la région par l’Empire ottoman entre 1516 et 1830. Les Algériens y croient. « 

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Nihel Béranger

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