Des excuses françaises pour les essais nucléaires ? Macron sous pression en Polynésie

Le président français Emmanuel Macron s’est rendu en Polynésie française depuis sa prise de fonction en 2017. Il a commencé son voyage de quatre jours à Tahiti par une visite à l’hôpital. Outre la discussion sur les Jeux olympiques de 2024 à Paris, auxquels la Polynésie française pourrait participer en tant que destination propice aux compétitions de surf, le thème principal de son séjour sera l’histoire tragique des essais d’armes nucléaires.

Selon le vaste enquête L’asbl Disclosure, sous la baguette des Français, a eu lieu principalement près des atolls de Mururoa et Fangataufa entre 1966 et 1996 à 193 essais nucléaires à l’insu et à la protection de la population locale. Bien que le lien direct entre les essais nucléaires et le nombre croissant de personnes atteintes de cancer depuis les années 1960 ne puisse être établi directement, les enquêteurs affirment qu’il existe un lien. Nous avons déjà abordé le sujet dans l’article ici.

« Ce pays a tellement souffert des essais nucléaires et en souffre encore. Maintenant, quand on voit que les maladies causées par les radiations sont héréditaires, on s’intéresse à ce que l’on transmet à nos enfants », cite le serveur. France24 paroles d’Antony Geros, vice-président du parti pro-démocratie Tavini Huiraatira pour les médias français.

C’est Geros et plusieurs milliers d’autres personnes qui appellent la France à assumer officiellement la responsabilité de leurs actes dans la seconde moitié du XXe siècle. Les derniers manifestants se sont réunis le 17 juillet pour commémorer les victimes de l’une des explosions les plus polluantes appelée Centaure en 1974.

Les Polynésiens réclament des dédommagements et la reconnaissance de la responsabilité de la France grâce à une enquête publiée en mars. Selon l’un de ses créateurs, Sébastien Philipp, la France a d’abord testé des armes nucléaires dans les airs pendant plusieurs années puis sous terre. Selon lui, les Français ont gardé leurs actions secrètes. Le rapport poursuit en disant que, par exemple, après le test Centaure dans les années 1970, « environ 110 000 personnes ont été exposées à des radiations dangereuses, ce qui représente la quasi-totalité de la population à l’époque ».

Outre les risques sanitaires, les essais représentaient une menace pour l’environnement ainsi que pour la faune et la flore, notamment pour les sols, où des traces de plutonium et un niveau record de rayonnement ont été enregistrés.

Le rapport décrit également l’un des tests effectués près de l’une des îles Gambier (Mangareva), où l’explosion était un sol radioactif d’une valeur de 61 millions de becquerels par mètre carré. Un niveau de radioactivité aussi élevé est tout à fait unique et ne se produit que lors des pires catastrophes nucléaires. Juste après le premier test sur l’île de Mangareva, comme ailleurs, les Français ont essayé de parler le moins possible de test afin d’éviter la panique. « Les gens avaient vraiment peur », se souvient Zachary Takahi, un garçon de 13 ans.

Les îles Gambier sont le troisième archipel le plus pollué de toute la Polynésie. C’est 450 de ses habitants en juillet 1966 qu’ils ne savaient pas que les tests se déroulaient près d’eux. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, 61 enfants âgés de 4 à 8 ans vivaient sur l’île à l’époque, exposés à des radiations dangereuses.

Cependant, la France refuse de masquer l’exposition des citoyens aux rayonnements. Le président Macron a déclaré que le pays mettrait à disposition les archives et les informations sur les essais nucléaires et la santé. Le pays a également organisé une table ronde début juillet avec des représentants de hauts responsables gouvernementaux de la défense et de la santé et des autorités polynésiennes pour discuter de la question.

Selon Philipp, l’indemnisation des personnes ayant eu un cancer à la suite de tests coûterait 700 millions d’euros. Cependant, le Comité français des compensations nucléaires (CIVEN) n’a pas encore reconnu les essais nucléaires dans les îles comme une cause possible de cancer.

La position de l’Elysée est donc pour l’instant plutôt prudente. « Au cours de ce déplacement, le président de la République s’efforcera d’obtenir un accompagnement, un dialogue transparent et la mise en œuvre de plusieurs mesures, tant en termes d’accès aux archives qu’en termes d’indemnisation individuelle », a indiqué le palais avant le déplacement.

C’est la reconnaissance de la responsabilité qui, pour de nombreux Polynésiens, pourrait être au moins une petite satisfaction et une porte d’entrée vers une éventuelle compensation financière. Selon Disclosure, seuls 63 insulaires ont reçu une indemnisation.

Nihel Béranger

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