Deux points de trop : comment la France traite le genre – politique

En français, le point reprend le rôle de l’étoile. Il doit permettre d’écrire les mots de manière à ce qu’ils rendent simultanément visible la forme masculine et féminine d’une désignation. Or, en allemand, un astérisque par mot suffit pour accommoder ensemble la forme masculine et féminine : les électeurs, par exemple. En français, en revanche, la plupart des mots au féminin changent également la terminaison, vous ne pouvez donc pas simplement ajouter la terminaison « -innen » comme en allemand, mais vous devez rendre visibles deux terminaisons de mots différentes. Une étoile ne suffit pas pour cela, il faut deux points. « électeurs », votants, devient alors : « électeur.rice.s ». Mot composé de « électeur » et « électrice » suivant les règles de « l’orthographe inclusive », comme on appelle en France le langage genré.

Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a fait interdire ce type de néologisme en mai, et il ne devrait pas être utilisé dans les écoles. Cependant, l’interdiction ne concerne que la langue écrite ; contrairement à l’allemand, il n’y a pas de mots dans lesquels une pause dans le discours indique qu’il s’agit de formes masculines et féminines. Blanquer justifie l’interdiction de « l’orthographe inclusive » en disant qu’elle « constitue un obstacle à l’apprentissage de notre langue ». Avant Blanquer, le Premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, avait déjà interdit en 2017 les changements de points dans la peine des courriers officiels.

Mais ces interdictions ne signifient pas que la France ne se dispute pas sur la mesure dans laquelle la langue véhicule les inégalités. Le reste du gouvernement n’est pas aussi uni que Blanquer et Philippe. Par exemple, la ministre de l’égalité des chances utilise un langage genré dans tous ses écrits. Et le président Emmanuel Macron fait à plusieurs reprises attention au langage dans ses discours qui marque également les formes féminines. Par exemple, le président ne dit pas seulement « tout le monde », mais « tout le monde ».

Beaucoup de français n’utilisent plus que le masculin générique

Même si les points dans le mot sont devenus entre-temps le symbole de « l’orthographe inclusive », ils ne montrent qu’une partie du changement linguistique. Comme Macron, de nombreux Français font des efforts pour ne plus utiliser que le masculin générique. Au début des événements, on ne dit plus « Bienvenue à tous », tout le monde un accueil chaleureux », mais « bienvenue à tous et à toutes ». Car cette dernière forme, c’est-à-dire « toutes » pour « tout le monde », est utilisée en français lorsqu’il s’agit de femmes, une forme que les opposants au langage de genre utilisent également lorsqu’ils s’adressent à des groupes de femmes, car c’est la forme d’adresse grammaticalement correcte.

Cependant, s’il y a un seul homme dans ce groupe de femmes, le groupe dans son ensemble est adressé comme un groupe d’hommes. C’est ce que l’Académie française, gardienne de la langue française, prescrit depuis le XVIIe siècle. Les chercheurs de l’Académie considèrent que le genre est une erreur, car il conduit à l’illisibilité et à la confusion. Les linguistes féministes accusent l’Académie de masculiniser délibérément la langue. Au Moyen Âge en France, par exemple, il était d’usage d’utiliser des titres de poste masculins et féminins. Par exemple, lorsque les féministes en 1986 ont demandé que les femmes soient appelées députés plutôt que députés, l’Académie s’y est fermement opposée. Il ne reconnaît les titres d’emploi féminins que depuis 2019.

Même s’il y a des disputes régulières sur « l’orthographe inclusive », les disputes ne sont pas aussi présentes et implacables qu’en Allemagne. De plus, contrairement au pays voisin, les personnes non binaires et la langue qui leur est propre jouent peu de rôle dans les débats.

Nihel Béranger

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