Élection en France : l’alliance de Macron perd la majorité absolue

L’alliance du parti Ensemble n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue aux élections législatives françaises de dimanche. Dans Ensemble, le parti du président Emmanuel Macron (anciennement La République en marche, aujourd’hui Renaissance) s’était allié au parti du centre MoDem, au parti modérément conservateur Horizons et à d’autres. Selon le résultat final préliminaire, l’ensemble des députés dispose de 244 mandats, pour une majorité absolue 289 sièges seraient nécessaires. Pour le président Macron, ce résultat signifie une lourde défaite.

Pendant le premier mandat de Macron, son parti La République en Marche a pu faire passer le programme du président sans trop de résistance au parlement – car il y avait la majorité absolue. Macron lui-même a un jour décrit son style de gouvernement, qui repose entièrement sur un président omniprésent, comme « à la Jupiter », en référence à Jupiter, le dieu suprême des Romains. Bien que Macron ait été réélu à l’élection présidentielle d’avril avec 58 % des voix, son gouvernement dépend désormais d’accords sélectifs avec l’opposition pour faire adopter des propositions législatives.

Le parti d’extrême droite Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen est de loin le plus gros gagnant des élections législatives. Le RN obtient 89 sièges. Ce serait 81 sièges de plus qu’il y a cinq ans. A l’époque, trop peu de députés RN (ex-Front National) étaient entrés à l’Assemblée nationale pour former leur propre faction.

La faction de Le Pen est encore plus importante que celle des républicains

Cette fois, la faction des extrémistes de droite est plus importante que celle des républicains bourgeois-conservateurs, qui, avec leurs alliés, ont reçu 74 mandats. Le vice-président du RN, Jordan Bardella, a déclaré à la chaîne TF1 : « C’est un tsunami ». La présidente Marine Le Pen elle-même a été élue députée lors du second tour de dimanche dans sa circonscription du nord de la France avec 62% des voix. Le Pen a déclaré le soir des élections que l’Assemblée nationale devenait désormais « un peu plus nationale ».

Le principal groupe d’opposition sera l’Alliance Nupes de gauche. Il compte 127 places. Pour mettre en œuvre la promesse électorale faite par le leader du Nupes, Jean-Luc Mélenchon (« Je serai premier ministre »), les partis verts de gauche auraient dû remporter ensemble au moins 289 sièges, ce qui aurait assuré la majorité absolue. L’alliance Nupes comprend la France insoumise de Mélenchon, les socialistes, le Parti communiste et l’Europe verte Écologie Les Verts.

Mélenchon lui-même ne siégera pas à l’Assemblée nationale car il ne s’est pas porté candidat. Mélenchon a évoqué dimanche soir une « défaite totale du parti présidentiel ». La députée France-insoumise Clémentine Autain a évoqué dimanche une « percée incroyable » pour l’alliance de gauche. Depuis cinq ans, ce sont les Républicains de droite qui constituent le principal parti d’opposition à l’Assemblée nationale.

Certains des principaux alliés de Macron ont raté l’entrée au parlement dimanche. L’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner (2018-2020) a perdu le second tour dans sa circonscription, tout comme l’ancien président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand. La Première ministre Élisabeth Borne et l’actuel ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin ont quant à eux obtenu leurs mandats.

La ministre de l’Environnement de Macron perd son mandat – et devra probablement démissionner

15 ministres se sont présentés comme candidats aux élections législatives. Emmanuel Macron a lié son séjour au gouvernement au succès des élections. La ministre de l’Environnement, Amélie de Montchalin, qui, selon Macron, aurait dû occuper l’un des rôles clés du nouveau gouvernement, a perdu sa circonscription et devra démissionner. En revanche, le ministre de l’Europe Clément Beaune, pour qui cela semblait initialement très proche, a réussi à entrer au Parlement dimanche soir.

La porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a commenté le résultat des élections dimanche soir : « Sommes-nous un peu déçus ? Oui. Mais les Français ont-ils fait de nous à nouveau le groupe le plus fort ? Oui. Vous « trouverez des moyens pour que le pays ne soit pas bloqué ».

L’Assemblée nationale nouvellement élue reflète la nouvelle division tripartite de la politique française. Le président Macron et ses partisans sont au milieu, tandis que les forces radicales ont beaucoup gagné à sa gauche et à sa droite. Pour le travail gouvernemental, cela signifie que les députés de Macron pourraient se retrouver coincés entre une opposition d’extrême gauche et une opposition d’extrême droite. Les observateurs politiques craignent que le pays ne devienne « ingouvernable ».

L’élection législative a été marquée non seulement par la défaite de Macron, le succès de la gauche et la percée de l’extrême droite, mais aussi par une très faible participation. Plus de la moitié des Français se sont abstenus de voter aux premier et deuxième tours de scrutin. Le taux de participation ce dimanche était d’un peu plus de 46 %.

Nihel Béranger

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