Élection en France : l’Europe pousse un soupir de soulagement – Politique

Le soulagement de la victoire de Macron se mêle à l’inquiétude suscitée par la popularité de Le Pen. La glace s’amincit pour les démocrates, estime Joachim Dorfs.

Ça s’est bien passé à nouveau. Pour la troisième fois. Après 2002 et 2017, un représentant de la famille Le Pen s’est également vu refuser l’entrée au palais de l’Élysée lors de cette élection à la présidence française. Emmanuel Macron est confirmé dans ses fonctions de chef de l’Etat en France, ce qui donne un soupir de soulagement à tous ceux qui se soucient de l’amitié franco-allemande et de la cohésion en Europe.

Une victoire de Le Pen aurait été catastrophique

A l’heure où l’Union européenne est plus que jamais nécessaire face à la menace russe, toute autre issue aurait été une catastrophe aux proportions extrêmes – pour la France, mais aussi pour l’ensemble du continent. Désormais, avec Macron, les projets franco-allemands peuvent et doivent aboutir et la construction européenne se poursuivre.

Et pourtant : la membrane qui éloigne une politicienne d’extrême droite comme Marine Le Pen des leviers du pouvoir en France devient de plus en plus fine. Sur les 82 % qui ont confirmé Jacques Chirac au pouvoir en 2002 dans un effort démocratique conjoint contre Jean Marie Le Pen, et les 66 % toujours respectables avec lesquels Macron a été élu président il y a cinq ans, il ne reste que 58 %.

En d’autres termes, plus de 40 % des électeurs français – s’ils ont voté – ont donné leur vote à un politicien qui non seulement entretient des relations étroites avec Vladimir Poutine et veut prendre des mesures répressives contre les immigrés, mais déteste également l’Allemagne et envisage de creuser l’Union européenne de l’intérieur.

D’une part, le résultat des élections montre qu’il y a toujours une majorité pour le cours pro-européen et démocrate-bourgeois d’Emmanuel Macron. C’est tout sauf une évidence quand on regarde le résultat du premier scrutin il y a deux semaines. À cette époque, plus de 60 % votaient pour des politiciens aux opinions tellement radicales, racistes ou anticapitalistes que voter pour Macron n’allait pas de soi. Mais certains réflexes démocratiques fonctionnent encore.



La France – un pays déchiré

Et pourtant, le résultat montre l’agitation intérieure de notre pays voisin et partenaire le plus important au monde. Malgré un bilan économique impressionnant, Macron n’a pas suffisamment réussi à réduire les grandes différences culturelles, à raccourcir la distance entre Paris et la province ou à aplanir les différences sociales. Le pouvoir explosif social du pays était déjà évident dans les manifestations des gilets jaunes, et Marine Le Pen a maintenant tenté sans scrupule de l’exploiter avec sa campagne « Pouvoir d’achat ». Leur récit selon lequel la France est mieux seule que dans l’UE est identique au « reprenez le contrôle » des Brexiteers – mais il n’est pas devenu plus précis entre-temps, comme vous pouvez le voir au Royaume-Uni.

Donc encore une fois ça s’est bien passé. Mais personne ne devrait s’attendre à ce que ce résultat se répète presque automatiquement lors des prochaines élections. La glace s’amincit et non seulement Macron mais aussi ses partenaires européens et l’UE sont voués à réussir. La France dans son état actuel ressemble à une bombe à retardement. Lors de son premier mandat, Macron a reçu peu de soutien du gouvernement fédéral. Cela doit changer lors de son second mandat. Une défaite des forces démocratiques en France serait la responsabilité de tous.

Nihel Béranger

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