Élections en France. Emmanuel Macron. Commentaire de Roman Graczyk

  • Le parti du président Macron, La République en marche, a une nouvelle fois montré son déracinement sur la scène politique française. Cela prouve son caractère artificiel
  • La renaissance de la droite modérée s’explique par le fait que les républicains se sont débarrassés des complexes du politiquement correct et ont appelé directement les problèmes (immigration, sécurité, identité culturelle) que jusqu’à présent seul le parti Marine Le Pen a appelés
  • Désormais, la présence du candidat du Parti républicain au second tour de la présidentielle de l’an prochain doit être sérieusement envisagée. A condition que ses nombreux candidats à la présidence s’entendent
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Hier cette France a été relancée, qui en 2017 a été non seulement écrasée mais aussi – semblait-il – anéantie par Emmanuel Macron. Deux partis qui se sont relayés au pouvoir pendant des décennies (ou étaient l’axe de coalitions au pouvoir plus larges), le Parti socialiste et les Républicains, ont progressé politiquement aux élections régionales et départementales – cependant – avec un taux de participation record de 34 %. intitulé.

En 2017, les deux formations traditionnelles ont subi une défaite si sévère qu’elle a annoncé leur marginalisation, voire leur déclin. Leur place a ensuite été prise par un parti nouvellement formé du président nouvellement élu sous le nom reconnaissant : En Marche, qui signifie : en route. De nombreux commentateurs ont alors – à juste titre – souligné que la nouveauté de Macron et de son parti est apparente, que la prescription que les nouveaux dirigeants recommandent pour la France en difficulté relève plus d’un art rhétorique (« nous sommes à la fois de droite et de gauche ») que d’idées politiques. Ces commentateurs avaient raison de dire que le parti de Macron (maintenant appelé La République en marche) n’existait pas réellement en tant qu’entité politique digne de ce nom, ne restant qu’une coulisse et l’ombre de son père fondateur.

Contrairement au passé, avec deux formations quelque peu créées par d’autres grands dirigeants de son époque : l’Union Gaulliste pour la Nouvelle République (UNR, changeant plus tard de noms et d’alliés/partenaires, aujourd’hui ses lointains prolongements sont les Républicains) créée par le général de Gaulle en 1959 , et le Parti socialiste, renouvelé par François Mitterrrand en 1971. La différence est que ces grands partis avaient leur propre subjectivité, certains – pour ainsi dire – leur propre vie. Dans le cercle de leur influence, des conceptions politiques originales ont émergé et des discussions ont éclaté. Différentes tendances s’affrontent au sein des partis eux-mêmes, personnalisés par les grandes figures de la politique française : Michel Debré, Jacques Chaban-Delmas ou Allain Juppé – du côté des gaullistes ; Michel Rocard, Jean-Pierre Chevènement ou Pierrre Mauroy – du côté des socialistes. Rien de tel ne peut être dit du parti d’Emmanuel Macron – c’est quelque chose comme l’appareil exécutif du président, pour ne pas dire « une courroie de transmission aux masses ».

En tout cas, Macron, qui en 2017 fut un grand conquérant de la politique traditionnelle et des partis traditionnels, s’est avéré n’être, durant les quatre années de sa présidence, qu’un destructeur de la scène politique. Il a détruit tout ce qui se dressait sur son chemin, mais il n’a rien construit de permanent à cet endroit – il est difficile de considérer LREM comme un. Le général de Gaulle et François Mitterrand ont fait tout autrement. Les premiers créent même un nouveau régime politique (la Ve République) et donnent pendant plusieurs années le ton de la politique française. Ce dernier a été le restaurateur du Parti socialiste, l’a rendu capable de jouer le rôle de principale force d’opposition puis de prendre le pouvoir (en 1981). Certes, le gaullisme et le socialisme français étaient tous deux un ensemble d’idées très différentes l’une de l’autre, mais produisant précisément des visions autour desquelles des camps politiques ont surgi. Ces deux tendances avaient quelque chose qui pourrait être nommé une certaine idée de la France.

Macron n’a ni construit un nouveau parti/camp politique digne de ce nom, ni créé un projet politique original. Son parti n’a obtenu qu’un seul succès lorsqu’il a remporté une majorité massive à l’Assemblée nationale en 2017, mais ce fut un succès un peu sur un élan, à la suite de la spectaculaire victoire présidentielle de Macron. Après, ce n’était que pire : ni aux élections européennes (2019), ni aux élections sénatoriales (2020), ni aux élections municipales (2020), et enfin aux élections régionales et départementales, qui se sont terminées dimanche soir, le nouveau le parti n’a pas pris racine. sur la scène politique. Toute sa raison d’être réside dans son père fondateur. De plus, personne n’en a besoin.

En ce sens, l’actuel président, qui sera candidat à sa réélection dans moins d’un an, a créé un grand vide. Et, comme vous le savez, non seulement la nature a horreur du vide, mais aussi la politique.

Le vide de la droite modérée a peut-être été comblé par le parti Marine Le Pen qui, depuis une décennie, s’oriente progressivement vers le centre dans ce que l’on a appelé le processus de « débolisation ». Au vu des résultats de ces élections (qui confirment à cet égard la tendance esquissée il y a un an lors des élections municipales), tel n’a pas été le cas. L’Alliance nationale n’a pas obtenu la présidence d’une seule région et a subi des pertes au niveau départemental. Et il y a quelques semaines à peine, les sondages ont donné au RN une victoire dans au moins trois régions. Il n’en est rien sorti. Même la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, considérée comme la carte la plus forte du deck Marine Le Pen, n’a pas été capturée.

Le vide de la gauche modérée aurait pu être comblé par la gauche non socialiste : les Verts (EELV), le parti communiste (PCF), ou par l’« incontesté » Jean-Luc Mélenchon (LI). Des trois, seuls les verts se portent bien. Les communistes, autrefois un parti puissant, et plus encore : une puissante culture politique, sont de plus en plus marginalisés. Ils viennent de perdre hier la direction du département du Val-du-Marne, sur lequel ils ont régné « depuis toujours ». Le parti de Jean-Luc Mélenchon s’est essoufflé devant les excès de son chef qui, dans son zèle à critiquer le gouvernement, est allé jusqu’à la patience envers les islamistes, violant ainsi le canon du républicanisme français, dont le cœur est l’idée de laïcité. Une chose est l’incapacité de la défendre, car elle peut être accusée de la quasi-totalité de la classe politique, et une autre chose est de la relativiser verbalement. Melenchon, qui a fait ce dernier, est tombé en disgrâce auprès de ses électeurs.

Les résultats des élections d’hier sont le maintien le status quo des élections précédentes aux conseils régionaux et aux conseils départementaux en 2015. Là où les républicains (7 régions) ont régné, ils règnent toujours. Là où les socialistes (5 régions) ont régné, ils continuent également de régner. Un changement : la droite modérée a perdu l’Outre-mer de La Réunion au profit des socialistes. Somme toute : les forces de « l’ordre ancien », qui avaient déjà été jetées à la poubelle de l’histoire, les Républicains et le Parti socialiste, ont maintenu leurs positions, tandis que les partis aspirant à dominer la scène politique française, les macronistes (LREM ) et les Lyménistes (RN) ont dû s’en tirer avec goût.

Pourquoi est-ce important? Car les candidats LREM (Emmanuel Macron) et RN (Marine Le Pen) sont non seulement retenus pour siéger au second tour de la présidentielle de longue date, mais – paradoxalement – ils ont encore les meilleures chances, selon les sondages. Mais fais attention! L’enquête d’hier soir de l’institut IPSOS, et donc compte tenu des prévisions préliminaires de résultats après la fermeture des bureaux de vote, a donné à Macron et Mme Le Pen 24% chacun. voix au premier tour, mais le principal prétendant de la droite modérée, Xavier Bertrand – 18 pour cent. Cela signifie qu’aujourd’hui, à 10 mois des élections, les enjeux changent. La rivalité finale entre Macron et Le Pen ne semble plus avoir d’alternative. La droite modérée a le vent en poupe, la gauche a également amélioré l’ambiance, mais les chances de son candidat au second tour semblent encore faibles.

Le problème du président Macron est donc que son match préféré pour le second tour en mai 2022 est la rivalité avec Marine Le Pen. La combattre est plus facile, car il est toujours possible de dire (et ce serait certainement ce que vous diriez) que vous ne pouvez pas laisser la France aux barbares. Si Macron devait affronter un candidat de droite modérée, cet argument échouerait par définition.

Le problème avec Marine Le Pen, c’est que si elle ne parvient pas à briser le plafond de verre lors de la prochaine élection présidentielle, il est peu probable qu’elle réussisse. La candidate au Conseil de Surveillance brigue la présidence pour la troisième fois et jusqu’à présent, elle a toujours noté l’avancée de sa propre candidature et de sa formation, maintenant elle semble être en retrait. Tant que la droite modérée a succombé au langage du politiquement correct et n’a pas osé appeler directement les problèmes causés par l’immigration de masse, Marine Le Pen et son parti en ont profité. Eh bien, ce phénomène semble s’user, d’où l’essoufflement de RN.

Le problème des républicains est une surabondance de candidats forts. Xavier Bertrand, Velérie Pecresse et Laurent Wauquiez ont gagné facilement dans leurs régions – respectivement en Haute-France, Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, et ont immédiatement pris forme présidentiables, avec un nouveau mandat démocratique pour concourir au niveau français. Cette richesse peut s’avérer être une malédiction de LR, tant que les candidats (d’ailleurs les trois autres se déclarent) ne peuvent s’entendre.

Enfin, le problème de la gauche, c’est sa fragmentation, et par rafales, même l’incompatibilité idéologique. Le Parti socialiste a obtenu hier de meilleurs résultats dans les régions où il a démarré sous sa propre bannière que dans celles où il a formé des coalitions avec d’autres partis de gauche. Le leader des « intrépides » Jean-Luc Mélenchon s’est longtemps proclamé candidat sans attendre le reste de la gauche. Enfin, les Verts : ils sont tellement forts qu’il est peu probable qu’ils acceptent un candidat du PS pour les représenter. Et bon nombre des candidats de gauche au premier tour sont des voix brisées et ont moins de chances que l’un d’entre eux passe au second tour. La seule solution réaliste semble être l’acceptation des socialistes avec la candidature de Yanick Jadota, le leader des verts. Mais le réalisme en politique ne gagne pas toujours.

Nihel Béranger

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