À long terme, le plus grand risque pour la Camargue, où 70 pour cent du territoire se trouve à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer, est la montée du niveau de la mer. L’éleveur de taureaux Raynaud possédait plus de 1 000 hectares il y a une bonne cinquantaine d’années. Aujourd’hui, il estime que ses terres ne couvrent que 850 à 900 hectares.
« Nous allons perdre (le pays) »
Dans le delta, la mer enlève le sable de la côte par endroits et le dépose à nouveau ailleurs. Cependant, à mesure que le niveau de la mer augmente, tout cela n’est plus un jeu à somme nulle, comme l’explique le chercheur Jalbert. «Nous allons perdre (des terres).» La population doit également se préparer à de graves inondations.
« Il ne fait aucun doute dans mon esprit que la Camargue sera un jour sous les eaux » – probablement pas ce siècle, mais peut-être dans un siècle ou deux, estime Jalbert. « De toute façon, il deviendra de plus en plus difficile de tenir le territoire au fil des décennies. Il faudra s’adapter, laisser une partie à la mer, en garder d’autres. »
Selon Jalbert, la petite ville des Saintes-Maries-de-la-Mer, située directement sur la côte, devra tôt ou tard être déplacée, à moins qu’on ne veuille en faire une île fortifiée. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu beaucoup de signes de crainte parmi les résidents locaux quant aux conséquences du changement climatique. Un retraité dit calmement sur un bateau qu’on dit depuis sa naissance que la Camargue va disparaître.
Cette attitude est peut-être aussi due à l’un des neveux de Napoléon. Après des inondations dévastatrices en 1856, Napoléon III s’y rendit. y compris la Camargue et ont permis à la France d’être mieux protégée des envahisseurs d’eau. Selon Jalbert, l’idée de vouloir résister à l’eau et vaincre contre elle prévaut depuis lors en Camargue.
Les gens ont perdu de vue que le delta est dynamique. Le changement climatique nous oblige à porter un regard différent. Cependant, Jalbert est convaincu que l’adaptation est possible, du moins en ce qui concerne les produits agricoles. Le propriétaire du taureau, Raynaud, est plus sceptique et a déjà cherché des raisons ailleurs, comme il l’a déclaré à la chaîne TF1. Pour peut-être un jour quitter son pays directement sur la côte. « Nous n’en avons pas envie, mais peut-être que la mer nous y obligera. »
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