France: le gouvernement Macron doit prendre des risques – politique

Il s’agissait moins de savoir si et plus de savoir quand le gouvernement français retirerait pour la première fois le controversé paragraphe 49-3. Depuis des semaines, il flotte dans les débats politiques. La Première ministre Élisabeth Borne a désormais utilisé l’article constitutionnel pour faire adopter le budget 2023 même sans majorité au parlement.

« Il est de notre responsabilité de doter ce pays d’un budget », a déclaré Borne mercredi à l’Assemblée nationale. Elle appartient au parti Renaissance du président Emmanuel Macron et a été nommée par lui. Selon Borne, ce budget doit remplir ce que le gouvernement a promis : pas d’augmentation d’impôts, pas d’augmentation de la dette nationale. Le Parlement avait précédemment discuté du projet de budget du gouvernement pendant près de deux semaines – sans majorité favorable.

Cela dépend probablement des républicains conservateurs

L’article 49-3 n’est pas sans risque : il permet au gouvernement de voter une loi sans vote à l’Assemblée nationale. A l’inverse, ce dernier a la possibilité de renverser le gouvernement à la majorité absolue. Macron devrait alors en chercher un nouveau.

Mercredi soir, les partis d’opposition n’ont pas tardé à réagir. Quelques minutes seulement après le discours de Borne, l’alliance de gauche Nupes a annoncé sa première motion de censure, qu’elle a déposée le soir même. Le Rassemblement national (RN) a annoncé sa motion de censure pour jeudi. Il est hautement improbable que le gouvernement soit effectivement renversé. Non seulement l’extrême gauche Nupes et l’extrême droite RN devraient voter pour la même motion de censure, mais aussi les Républicains conservateurs.

Les partis d’opposition en France ont traditionnellement critiqué l’article 49-3 comme étant antidémocratique. « Le macronisme est devenu de l’autoritarisme », a déclaré Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire France Insoumise, avant de déposer la motion de censure de la gauche. « Il y a eu un débat », a défendu le ministre des Finances, Bruno Le Maire, auprès de la télévision BFM, des actions du gouvernement.

La démonstration de puissance montre avant tout une chose : à quel point le gouvernement Macron est faible. Depuis les élections législatives du printemps, elle n’a plus qu’une majorité relative à l’Assemblée nationale et dépend des votes de l’opposition pour chaque loi. Même si le controversé article 49-3 a été utilisé à plusieurs reprises sous la Ve République, la dernière fois qu’un gouvernement a dû y recourir pour voter un budget remonte à près de 30 ans.

Le Premier ministre Borne devra probablement utiliser le paragraphe plus souvent. Au plus tard au réforme controversée des retraites, que le président Macron veut lancer cet hiver, les choses risquent de se resserrer à nouveau. Il aimerait faire passer l’âge de la retraite de 60 à 65 ans, l’Alliance Nupes de gauche et le RN ont déjà annoncé leur résistance. Il y a quelques semaines, Macron a menacé que si un vote de défiance réussissait et que son gouvernement était renversé, il n’exclurait pas de dissoudre le Parlement et de convoquer de nouvelles élections.

Nihel Béranger

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