France : que veut Emmanuel Macron ? – Opinion

Emmanuel Macron apprécie particulièrement deux choses : les beaux designs et les détails techniques. Le président français préfère s’exprimer en grand visionnaire européen ou en administrateur de haut niveau capable d’expliquer en détail toutes les lois et règles. Le seul problème est qu’il semble actuellement avoir perdu le niveau intermédiaire. À savoir le domaine de la politique dans lequel peu importe qui a les idées les plus impressionnantes et qui connaît le mieux. Mais pour donner aux citoyens le sentiment qu’ils agissent dans leur intérêt.

Pour le dire le plus simplement possible : on ne sait pas encore ce que veut réellement Macron. Sauf règle. Cette irritation peut être ressentie au niveau international comme au niveau national. Lorsque Macron a pris ses fonctions en 2017, il s’est réformé si rapidement que les Français n’ont pas pu suivre les grèves et les manifestations. Son mandat actuel commence très différemment. Il n’y a pratiquement pas eu de campagne électorale et Macron s’est donné quatre semaines (un temps spectaculairement long selon les normes françaises) pour nommer le nouveau gouvernement. Et depuis que les nouveaux ministres ont pris leurs fonctions, on a peu entendu parler d’eux. Tout se passe comme si Macron voulait attendre les résultats des élections législatives, qui débutent dimanche, avant de donner une orientation claire. Mais maintenant se pose la même question qu’au printemps : pourquoi ne pas expliquer pour quoi exactement il veut être élu ?

À l’élection présidentielle, Macron pouvait se reposer tranquillement en sachant que toutes les alternatives étaient pires que lui. Et même maintenant, il peut être sûr que l’idée propagée par la gauche d’installer Jean-Luc Mélenchon au poste de Premier ministre semble peu attrayante pour une majorité suffisante de Français. Mais « Je suis au milieu entre les extrêmes » est une promesse assez fatiguée. Et cela colle tristement bien à la lassitude des électeurs français, qui attendent de moins en moins de la politique.

Macron doit prendre au sérieux les préoccupations sécuritaires des Européens de l’Est

Pâle chez lui, géopolitiquement indécis. Cette impression est venue après que Macron ait de nouveau demandé à l’Occident de « ne pas humilier » le président russe Vladimir Poutine. Dans le même temps, la France fournit beaucoup plus facilement que l’Allemagne des armes lourdes à l’Ukraine. Soutenir l’Ukraine et ne pas vouloir snober Poutine en même temps : Macron devrait expliquer plus en détail cette stratégie. Le Premier ministre tchèque est à Paris mardi. Pourquoi Macron ne saisit-il pas l’occasion d’accorder une interview à un média tchèque pour faire disparaître le sentiment des Européens du Centre et de l’Est que la France les ignore tout simplement ?

La France a tendance à voir la Russie comme un partenaire égal, tandis que la Pologne, les pays baltes ou la République tchèque ont du mal à être vus par Paris. Macron ne parvient pas à rompre avec cette tradition. La campagne de Macron pour une UE plus indépendante sur le plan militaire n’a guère de sens si l’on ne sait pas non plus à quel point le président français prend au sérieux les préoccupations sécuritaires de Varsovie, Tallinn ou Prague. Si Macron veut devenir un médiateur de premier plan entre la Russie et l’Ukraine, comme il l’a annoncé, il doit représenter plus que les seuls intérêts français. Et il devrait peut-être convaincre ses diplomates actuellement immensément agacés qu’il ne veut pas ruiner leur profession.

Nihel Béranger

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