Google et l’Agence France-Presse (AFP) ont annoncé mercredi (17) la signature d’un accord européen sans précédent sur la rémunération de cinq ans de contenus d’agences de presse utilisés par le moteur de recherche, une étape décisive après 18 mois de négociations.
Il s’agit du premier accord signé par une agence de presse au titre de la directive européenne sur le droit d’auteur, une loi adoptée en mars 2019 et transposée en France la même année, au centre de plusieurs différends entre les géants de l’internet et les médias.
« C’est un accord qui couvre l’ensemble de l’Union européenne, dans toutes les langues de l’AFP, même dans les pays qui n’ont pas transposé la directive », a déclaré le directeur général de l’agence, Fabrice Fries, qui a qualifié l’accord de « pionnier ».
L’AFP produit et distribue des contenus multimédias à ses clients en six langues à travers le monde.
Pour Fries, l’accord « est l’aboutissement d’un long combat (…) Nous nous sommes battus pour que les agences soient pleinement éligibles. La différence avec une association professionnelle, c’est qu’un contrat de droits voisins se veut pérenne ». a ajouté le président-directeur général de l’AFP.
« Nous avons signé cet accord pour tourner la page et avancer. Nous sommes là pour montrer que les acteurs peuvent s’entendre et que nous avons trouvé une solution », a déclaré à des journalistes de l’AFP Sébastien Missoffe, directeur général de Google France.
Le montant total que l’AFP recevra en vertu de l’accord n’a pas été divulgué.
L’accord « permettra de contribuer à la production d’informations de qualité et au développement de l’innovation au sein de l’agence », a déclaré Fries, qui souhaite que les plateformes représentent une part de plus en plus importante des revenus de l’AFP.
formation à la vérification des faits
L’accord sur les droits voisins sera conclu « très prochainement » avec « un programme anti-désinformation », ont indiqué les deux sociétés dans un communiqué commun. L’AFP proposera, entre autres, une formation à la vérification des informations sur plusieurs continents.
Le concept de droits voisins au droit d’auteur permet aux journaux, magazines et agences de presse d’être rémunérés lorsque leur contenu est réutilisé sur internet.
Il a été introduit sur les plateformes en ligne par l’article 15 de la directive européenne sur le droit d’auteur, approuvée en mars 2019 par le Parlement européen après plus de deux ans d’intenses débats.
Après avoir initialement hésité à payer les journaux français pour l’utilisation de son contenu, Google a finalement signé un accord-cadre de trois ans avec une partie de la presse française début 2021, mais à la mi-juillet, l’autorité française compétente a infligé une amende à l’entreprise. 500 millions d’euros pour ne pas avoir négocié « de bonne foi ».
Google a fait appel et négocie toujours avec certains groupes de médias français.
Facebook, quant à lui, a annoncé plusieurs accords en octobre, dont un accord-cadre avec l’Alliance pour la Presse d’Information Générale (Apig), qui prévoit une rémunération de deux ans aux éditeurs de presse quotidienne française pour l’utilisation de leur contenu.
Elle a également annoncé la participation de ces éditeurs à Facebook News, un service dédié à l’information, qui a déjà été lancé aux États-Unis et au Royaume-Uni, et que Facebook mettra en place en France en janvier 2022.
Les négociations et les tensions avec les géants de l’internet sont innombrables. En Espagne, Google a annoncé le 3 novembre qu’il rouvrirait son service Google News début 2022.
Au Danemark, les principaux médias ont indiqué qu’ils s’associeraient pour négocier leurs droits d’auteur avec les géants du web. Et en Australie, une loi a été adoptée obligeant les grandes entreprises technologiques à payer les médias pour l’utilisation de leur contenu.
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