Gouverner sans majorité à Paris – Politique

La politique française approche aussi des vacances, une semaine de plus et puis c’est fait. L’heure d’un premier bilan. Parce que quelque chose de fondamental a changé dans l’establishment politique. Le gouvernement n’a plus de majorité à l’Assemblée nationale depuis les élections de juin, avec 245 députés sur 577. Il doit se rapprocher de l’opposition, écouter ses idées et forger une nouvelle alliance pour chaque loi. Vive le compromis ! Cela ne veut pas dire qu’il faut « faire des compromis », comme l’a rassuré la Première ministre Elisabeth Borne dans sa déclaration gouvernementale.

Les choses ont mal commencé pour elle. Même dès le premier projet il y a deux semaines – pour une loi de protection contre la pandémie qui devrait permettre la normalité – l’opposition rassemblée a tiré un passage central qui prévoyait de vérifier l’état de vaccination lors de voyages à l’étranger. Le Sénat, la chambre haute, a quelque peu lissé cela, mais le signal d’alarme était passé dans le camp du président Emmanuel Macron.

Le premier grand projet, l’intention de renforcer le pouvoir d’achat des citoyens en période d’inflation, était d’autant plus disposé à négocier. Il était logique de mettre cela au début, car la préoccupation rassemble en fait toutes les parties. Il y eut néanmoins de violents combats, parfois jusqu’à six heures du matin.

La France Insoumise (LFI) mène l’opposition concrète promise par son patron Jean-Luc Mélenchon. Elle a soulevé des propositions difficiles à financer, comme un ajustement automatique au coût de la vie, et a catégoriquement rejeté le paquet législatif. Les Verts l’ont suivi, tandis que les socialistes et les communistes, pour paraître moins obstructifs, se sont abstenus. Le Rassemblement national de droite, qui veut pour l’instant se présenter comme une force respectable, a voté en faveur de la loi mais s’est abstenu sur le budget supplémentaire qui l’accompagne.

Ce ne sont donc que les républicains conservateurs bourgeois qui ont finalement obtenu une majorité pour le gouvernement. Le « sens des responsabilités » a gagné, a déclaré Borne. Le succès a un prix élevé et fera grimper le taux d’endettement de la France de 115 % du produit intérieur brut. Si le Sénat est d’accord, les pensions et diverses prestations sociales augmenteraient de 4 %. Les bas salaires recevront des allocations alimentaires, les augmentations de loyer seront limitées et les entrepreneurs pourront verser aux salariés une « prime Macron » défiscalisée pouvant aller jusqu’à 3 000 euros par an. La loi coûterait 20 milliards d’euros. La redevance de diffusion a également été supprimée, et l’argent des radiodiffuseurs publics doit désormais provenir du budget, ou plus précisément : de la TVA.

Il y a des arguments sur les remises sur les réservoirs et l’obligation de porter une cravate

Le gouvernement a parcouru un long chemin pour accommoder les Républicains en ce qui concerne les prix de l’essence. Au lieu de laisser expirer bientôt la remise de 18 cents le litre sur le réservoir, comme prévu, elle sera augmentée à 30 cents. L’allègement prévu pour les conducteurs professionnels fréquents, en revanche, ne s’appliquera plus.

Les débats dans le vénérable Palais Bourbon sont devenus plus longs et plus tumultueux, il y a des cris et des élucubrations comme jamais auparavant. Le potentiel théâtral de la maison, déjà considérable par rapport au Bundestag, a fortement augmenté, jusqu’aux burlesques comme l’appel du républicain Éric Ciotti à la réintroduction de l’obligation de cravate.

Cela s’adressait aux « Indomitables » parfois moins formellement habillés de Mélenchon, qui avaient imposé le code vestimentaire plus léger il y a des années: « sans-cravate », un clin d’œil aux « sans-culottes » de la Révolution. Ainsi les délégués LFI portent désormais des cravates, mais uniquement les femmes. Le besoin accru de discussions et de coordination entre le gouvernement et le parlement a pris tellement de temps et d’énergie que les vacances parlementaires ont été prolongées jusqu’au début du mois d’octobre.

Le gouvernement a initialement des plans pour l’automne qui semblent être des friandises pour les partis de droite. Une nouvelle loi sur l’immigration vise à faciliter l’expulsion des criminels et à faire d’un test de langue une condition des permis de séjour. Après cela, il deviendra sans doute plus difficile de s’affirmer, par exemple avec la loi qui vise à faire avancer la conversion écologique et à promouvoir les énergies renouvelables. Macron a été fortement critiqué par la gauche et les Verts pour son « inaction » sur la politique climatique. Selon les médias, l’un des plans est d’utiliser dix pour cent d’énergie en moins d’ici 2024.

Et la politique française risque de passer complètement en mode blocus en ce qui concerne la réforme des retraites, plusieurs fois repoussée. Ensuite, comme on le dit souvent, le moment pourrait venir où Macron débranchera la prise et convoquera de nouvelles élections.

Nihel Béranger

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