La commission d’enquête interroge Le Pen sur l’influence russe – EURACTIV.fr

La commission d’enquête parlementaire sur l’ingérence étrangère dans la politique doit interroger mercredi la chef du parti d’extrême droite Marine Le Pen – une audition très attendue sur des soupçons de liens entre son parti nationaliste et la Russie.

La commission d’enquête a été mise en place par le Rassemblement national (RN/ID) de Le Pen en septembre dernier après que le parti du président Macron et la gauche ont attaqué son parti pour des liens présumés entre le RN et la Russie.

Présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy, la commission d’enquête a passé plusieurs mois à écouter politiques et personnalités pour déterminer s’il pouvait y avoir ingérence politique, économique et financière d’une puissance étrangère en France.

Plusieurs élus du parti de Le Pen ont été interrogés dans ce cadre, et Le Pen lui-même sera également interrogé ce mercredi.

La comparution de Le Pen devant la commission n’était pas certaine, car un membre de la commission a déclaré à EURACTIV début mai que sa comparution devant les députés n’était pas certaine et que les auditions étaient probablement terminées.

Prêt russe

L’une des raisons pour lesquelles Le Pen a été citée à comparaître devant la commission est le prêt que son parti, alors appelé Front National, a contracté en 2014. Le prêt a été contracté auprès d’une banque tchéco-russe (First Czech Russian Bank) pour un montant de 9,4 millions d’euros.

Le prêt, qui reste à rembourser, a été évoqué par le président Emmanuel Macron lors du débat entre les deux tours de la présidentielle de 2022.

L’ancien député RN Jean-Luc Schaffhauser, intermédiaire dans le montage du prêt, a déclaré lors de son audition du 4 mai devant la commission que Le Pen l’avait engagé pour négocier le prêt. À l’époque, les banques occidentales refusaient de fournir des fonds au parti d’extrême droite. Schaffhauser a également déclaré que le financement du RN faisait partie de la recherche par le Kremlin d’un « allié » en Occident, ce qui a favorisé l’accord.

Le micro-parti Cotelec, propriété de Jean-Marie Le Pen, le père de Marine Le Pen, a également reçu en 2014 un prêt de 2 millions d’euros d’une société chypriote dont les fonds auraient été apportés par un ancien banquier russe lié au proche russe de l’oligarque Konstantin Malofeev.

Le RN a bénéficié indirectement de ces sommes, ayant emprunté de l’argent à la Cotelec pour l’élection de 2017.

Voyages en Russie et déclarations controversées

Plusieurs députés RN, élus ou anciens élus, ont été interrogés lors des auditions, dont deux députés européens, Thierry Mariani et Philippe Olivier. Ce dernier est le gendre de Marine Le Pen et l’un de ses conseillers.

Les deux députés se sont rendus à plusieurs reprises en Russie et ont rencontré des personnes proches du gouvernement. Par exemple, Philippe Olivier a rencontré Konstantin Malofeev, dont le projet était la création d’une « Union de l’extrême droite européenne ». Philippe Olivier nie avoir été informé de ce projet.

Le Pen et des membres de son parti, ainsi que certains membres du parti de droite Les Républicains, se sont également rendus en Crimée occupée. A cette occasion, par exemple, ils ont déclaré qu’ils considéraient la Crimée comme russe. Les référendums ou les élections en Russie ont été qualifiés de «démocratiques» par les responsables du parti envoyés là-bas en tant qu’observateurs.

« Je ne crois absolument pas qu’il y ait eu une annexion illégale de la Crimée : il y a eu un référendum, les habitants voulaient rejoindre la Russie », avait déclaré Marine Le Pen à BFMTV en 2017.

Lorsque le président Vladimir Poutine l’a reçue en avril de la même année, elle a déclaré à la Douma qu’elle souhaitait la levée des sanctions internationales contre la Russie.

L’ancien candidat à la présidentielle (2012, 2017, 2022) nie le lien entre ces déplacements et le financement de ces postes.

Selon Jean-Philippe Tanguy, président de la commission et numéro deux du groupe, « aucun fait nouveau apparu lors des précédentes auditions ne justifie cette audition », a-t-il déclaré à l’AFP. Cependant, il admet que Le Pen a toujours été « disponible » pour la commission d’enquête.

Comme pour les auditions des autres dirigeants du RN, Tanguy se soumettra au président de la commission, qui sera présidée par le vice-président Laurent Esquenet-Goxes, député de la Majorité présidentielle (MoDem/Renew). Il s’agira probablement de la dernière audience du Comité.

La rapporteure de la commission d’enquête, Constance Le Grip (Renaissance/Renew), devrait rendre son rapport début juin.

Nihel Béranger

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