Le président de la France, Emmanuel Macron, a déclaré vendredi 26 que le Premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, devrait « prendre au sérieux » la crise migratoire en Manche ou « garder le silence ». La journée de vacances de Macron a commencé après que Johnson a publié un plan d’action en cinq points sur Twitter plutôt que de recourir aux canaux diplomatiques traditionnels. « La communication entre un leader et un autre, sur des sujets aussi graves, ne peut pas se faire par des tuteurs », a viré le Français.
Dans le plan, Johnson suggère que la France reprenne tous les immigrés appréhendés sur les plages britanniques après avoir traversé la Manche. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français, a qualifié la lettre du Premier ministre britannique de « médiocre sur le fond et inappropriée sur la forme ». « Nous sommes fatigués de ce petit discours et de l’externalisation des problèmes britanniques », a déclaré Attal dans une interview BFM TV.
L’agacement de Macron a fait monter d’un cran le ton de l’agressivité entre les deux voisins hier. Mais ce n’était pas seulement la rhétorique. La France a également retiré dimanche l’invitation du ministre britannique de l’Intérieur Priti Patel à participer à une discussion multi-pays sur la question. Le ministre français de l’Intérieur, Grald Darmanin, a déclaré que la rencontre avec les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne est terminée, mais sans la présence des Britanniques.
TRAGDIA
Le nouvel échange d’accusations entre les deux pays a débuté mercredi, après la mort de 27 immigrés qui se sont noyés près de Dunkerque en route vers l’Angleterre. Paris se plaint que le Royaume-Uni attire des immigrants illégaux avec une politique d’application laxiste. Londres a déclaré que les autorités françaises n’avaient pas souhaité contenir les bateaux au départ de ses plages.
Macron et Johnson, selon les analystes, profitent de la crise pour marquer des points politiques. Le président français est candidat à sa réélection en avril et doit contenir l’avancée de l’extrême droite, qui devrait explorer la question migratoire dans la campagne.
Le Premier ministre britannique fait face à des tirs nourris de radicaux conservateurs et nationalistes tels que Nigel Farage. Pour eux, l’objectif du Brexit était de reprendre le contrôle des frontières. Au lieu de cela, des milliers d’immigrants ont afflué vers les côtes du pays sous le regard perdu de Johnson.
L’opposition a profité de la crise pour attaquer les premi. Nick Thomas-Symonds, l’un des dirigeants du Parti travailliste, a déclaré que la publication d’une lettre sur Twitter était une « grave erreur de jugement ». « Retirer l’invitation du ministre de l’Intérieur est une humiliation pour le Premier ministre, qui a complètement perdu le contrôle de la situation dans la Manche », a-t-il déclaré.
DES DISPUTES
La question migratoire n’est qu’un chapitre de la détérioration rapide des relations entre les deux voisins. Ces derniers mois, la France et le Royaume-Uni se sont opposés dans des différends liés au Brexit, principalement sur les permis de pêche.
Ce vendredi, des pêcheurs français ont menacé de bloquer l’accès à trois ports de la Manche, ainsi qu’à l’Eurotunnel, pour exiger l’octroi rapide de permis de pêche, prévu après le départ des Britanniques de l’UE.
Macron n’a pas non plus acheté l’accord militaire que Johnson a conclu avec les États-Unis pour fournir aux Australiens des sous-marins nucléaires. La France, qui avait un contrat de vente de sous-marins conventionnels en Australie, a subi une perte de 66 millions de dollars. Paris a qualifié l’épisode de « coup de poignard dans le dos ». (avec les agences internationales)
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