La justice enquête sur Kering pour fraude fiscale

Boutique Gucci à Hong Kong

La marque italienne est le plus gros contributeur aux bénéfices de Kering.


(Photo : Reuters)

Paris Le groupe de luxe français Kering a admis qu’il faisait l’objet d’une enquête par les procureurs financiers de son pays d’origine pour fraude fiscale grave. « Suite à un article de presse, le Parquet National Financier a confirmé avoir ouvert l’enquête sur Kering en février 2019. Cette information n’avait pas été portée à la connaissance du groupe auparavant », a indiqué la société dans un communiqué jeudi matin.

L’enquête « semble liée aux conséquences possibles pour les sociétés françaises de Kering que pourrait avoir une enquête lancée en novembre 2017 contre la filiale suisse LGI », a déclaré Kering de manière quelque peu alambiquée. Cette procédure a pris fin en mai 2019 par un accord avec les autorités fiscales italiennes.

Au fond, la procédure française est apparemment à peu près la même construction que celle avec laquelle Kering avait fait passer des milliards d’euros en contrebande au fisc italien. Le portail Internet français « Mediapart » rapportait en 2018 que Kering avait fondé la société LGI dans le canton suisse du Tessin.

Cela a pris la plupart des bénéfices des marques Kering telles que Gucci, Brioni, Balenciaga et Saint Laurent. L’avantage : au lieu de 33 % d’impôts comme en France, Kering n’a payé que 8 % au Tessin.

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L’Italie a subi les dommages les plus importants de l’évasion fiscale de Kering : Gucci est basé en Italie et contribue à l’essentiel des bénéfices de Kering. Début 2019, l’entreprise familiale Pinault s’est entendue avec les autorités italiennes sur un paiement d’impôt supplémentaire record de 1,25 milliard d’euros.

La famille est bien connectée

Il est incompréhensible que Kering n’ait pas cherché en même temps un accord avec les autorités françaises sur un versement complémentaire volontaire pour ses sociétés basées en France. Kering n’a pas répondu à ces demandes jeudi. Selon « Mediapart », Saint Laurent a à lui seul éludé 180 millions d’impôts avec l’astuce tessinoise.

Le conglomérat Kering a été fondé en 1962 par François Pinault et est aujourd’hui dirigé par son fils François-Henri. 41% du capital est entre les mains de la holding familiale Artemis. Avec une fortune estimée à 37 milliards d’euros, les Pinault font partie des familles les plus riches de France selon le magazine Forbes.

Ils sont bien connectés politiquement : François-Henri Pinault a été mandaté par le président Emmanuel Macron pour réaliser une étude sur la mode et l’environnement. Il y a deux ans, son père François Pinault a conclu un accord avec le gouvernement parisien de gauche pour rapatrier sa collection d’art d’Italie vers la France, pour laquelle la ville a mis à sa disposition un grand bâtiment historique au cœur de la capitale.

Jusqu’à présent, il est tout à fait ouvert de savoir si les autorités fiscales enquêtent également personnellement sur la famille Pinault ou si seule l’entreprise est dans le collimateur.

Suite: Le patron de Moncler signe un contrat d’un milliard de dollars en Italie

Nihel Béranger

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