Alors que la stabilisation des prix de l’énergie et un début d’automne doux ont donné aux Européens un répit bienvenu, une nouvelle enquête signale une crise de la pauvreté imminente qui pourrait poser de nouveaux défis à l’UE.

Un sur quatre se déclare en situation précaire. En outre, la majorité des Européens ont déjà dû prendre des décisions difficiles en raison de difficultés financières, selon un sondage de l’ONG française Secours populaire vendredi 4 novembre.

Le Secours Populaire, l’institut de sondage IPSOS et ses partenaires européens ont interrogé 6 000 Européens sur la question de la pauvreté dans six pays : France, Italie, Grèce, Allemagne, Pologne et Royaume-Uni.

« Il y a une très forte augmentation des situations de vulnérabilité en Europe », a déclaré la secrétaire générale du Secours populaire, Henriette Steinberg, à EURACTIV.

Le nombre est particulièrement élevé en Grèce à 51 %, contrairement à l’Allemagne où il est de 18 %. En France, en Italie, en Pologne et au Royaume-Uni, il se situe entre 20 et 25 %.

« Les Européens craignent de plus en plus que de plus en plus de personnes soient incapables de trouver des solutions viables pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles », a déclaré Steinberg.

En raison des prix élevés, une majorité d’Européens ont déjà dû faire des restrictions. Certains ont pu voyager moins, d’autres ont dû réduire le chauffage de leur maison, se tourner vers des proches pour obtenir de l’aide ou accepter des emplois supplémentaires pour joindre les deux bouts.

« Nous avons constaté que tous les Européens ont les mêmes préoccupations : l’alimentation, la santé, le logement et la garde de leurs enfants – c’est le quotidien de millions de personnes », a déclaré Steinberg.

Le taux d’inflation annuel dans la zone euro devrait être de 10,7% en octobre 2022, contre 9,9% en septembre. C’est le résultat d’une première estimation de l’office statistique européen Eurostat.

Pour certains Européens, épargner ne suffit pas, puisque 42% des personnes interrogées ont déjà demandé à leurs proches de leur prêter ou de leur donner de l’argent pour gagner leur vie.

« Ce chiffre est un signal d’alarme », dit Steinberg, car « ces gens n’ont plus les moyens » de gagner leur vie.

La proportion de ceux qui ont dû emprunter est la plus élevée en Grèce (63%), suivie du Royaume-Uni, de l’Italie et de la Pologne (entre 40 et 41%) et enfin de la France (36%) et de l’Allemagne (35%).

Cependant, la dette est insoutenable à long terme. D’une part, parce que « les gens n’osent pas demander de l’argent à leurs proches, ou leurs proches ne peuvent tout simplement pas les aider », a déclaré à EURACTIV la députée française de gauche Aurélie Trouvé, membre de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale.

D’autre part, parce que les prêts à la consommation auprès des banques, qui pourraient être considérés comme une solution d’urgence, deviennent également plus chers en raison de la hausse des taux d’intérêt.

« Le risque ultime serait une crise bancaire comme la crise financière de 2007 aux États-Unis, lorsque les ménages font défaut », a déclaré Trouvé, appelant à restaurer le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres afin de relancer la croissance.

« Lorsque les ménages sont à court de pouvoir d’achat, la demande est en berne et s’effondre. Quand la demande s’effondre, la production s’effondre, et avec elle les emplois », a-t-elle ajouté.

« C’est une boucle catastrophique. Nous nous dirigeons droit vers une catastrophe sociale », a-t-elle déclaré.