L’agitateur Eric Zemmour attire la jeunesse

Nous sommes jeudi soir, trois jours avant le premier tour des élections présidentielles françaises. Zemmour dédie son dernier événement de campagne aux jeunes supporters. Et ils sont venus par milliers. Presque toutes les places du Palais des Sports de Paris sont occupées. Le parti et ses partisans célèbrent la fin de la campagne électorale pendant près de trois heures, et Zemmour parle l’un d’eux.

La salle est recouverte d’une mer de drapeaux, les supporters continuent de chanter l’hymne national, sautent au rythme et réagissent à ce qui se dit avec des chants. Il y a une formidable énergie dans la salle, la foule se déchaîne et le message est clair : ce mouvement ne fait que commencer.

Contre les migrants, l’islam et le féminisme

Le phénomène Zemmour occupe la France depuis des mois. Bien avant d’annoncer officiellement sa candidature, le présentateur de télévision faisait surface dans les sondages, dépassant l’autre candidate d’extrême droite, Marine Le Pen, et terminant deuxième derrière Macron avec 17 %.

Zemmour est considéré comme un agitateur qui a fulminé contre l’islam, les migrants et le féminisme dans ses colonnes du journal conservateur « Le Figaro » et surtout dans sa propre émission de télévision.

Par exemple, il a affirmé que tous les grands génies de l’histoire du monde étaient des hommes. Ou il a exagérément exigé que le quartier bruxellois de Molenbeek soit bombardé. Les assassins de l’attentat terroriste de novembre 2015 à Paris s’y sont cachés.

Juste après Marine Le Pen

Selon de récents sondages, Zemmour n’atteindra probablement pas le second tour – le second tour entre les deux candidats les plus forts. Il est actuellement à près de 9 %, son concurrent le plus proche Le Pen à 23 à 26 %.

Même s’il n’a pas pu tenir le coup : Zemmour a fondé en quelques mois un mouvement de masse – avec une organisation de jeunesse particulièrement engagée, Génération Z. Et cela malgré le fait qu’il existe déjà un parti d’extrême droite. Ensemble, le Rassemblement national de Marine Le Pen et la Reconquete de Zemmour atteignent actuellement un tiers des Français dans les sondages.

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« Je ne parle pas aux journalistes »

La foule brandissant des drapeaux fait partie de ce mouvement : beaucoup ici ont entre le début et le milieu de la vingtaine. Certains portent des T-shirts blancs avec un « Z » bleu et rouge ou des casquettes qui disent « Zemmour 2022 », tandis que d’autres s’habillent de manière particulièrement formelle, comme s’ils allaient à l’opéra plutôt qu’à un événement politique. D’autres seraient plus susceptibles d’être dans un bar branché avec leurs vestes en jean surdimensionnées et leurs pantalons troués.

Tout le monde ici n’aime pas la presse. « Je ne parle pas aux journalistes », disent plusieurs personnes attendant d’être admises devant l’entrée. Celui qui le fait est un jeune homme du nord de la France qui ne donne pas son nom. Il se tient dans un couloir juste avant le début de l’événement, feuilletant le programme de Zemmour. « La France est presque morte et Zemmour est le seul qui s’en soucie », dit-il. Qu’est-ce que cela signifie, « presque mort » ? La population sera échangée. Il ne reconnaîtrait pas son propre quartier, se plaint-il avant d’entrer dans le hall.

Nihel Béranger

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