L’Assemblée nationale française a donné jeudi son feu vert définitif à la loi controversée sur la sécurité nationale qui a provoqué de vives protestations de la part des journalistes et des organisations de défense des droits humains à la fin de l’année dernière. Les critiques portent notamment sur l’article 24, qui criminalise la diffusion d’images d’agents des forces de l’ordre, ce qui selon ses détracteurs viole la liberté d’expression. Bien que le texte controversé ait été reformulé, ses opposants ont déjà annoncé leur intention de saisir le Conseil constitutionnel, instance suprême de consultation sur la constitutionnalité des lois, pour statuer sur les règlements et, le cas échéant, les limiter.
Le projet de loi a été approuvé par 75 voix pour et 33 contre en deuxième et dernière lecture. Malgré tout le malaise que suscite le règlement depuis sa présentation par le gouvernement d’Emmanuel Macron, cette dernière procédure a été moins tumultueuse que les premiers débats législatifs, en fin d’année dernière, qui se sont accompagnés de nombreuses manifestations dans tout le pays. malgré les restrictions dues au coronavirus.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est félicité de l’approbation d’un règlement qui, selon lui, représente « une avancée sans précédent dans le renforcement de la sécurité de notre pays ».
Dans le feu de la polémique sur la réglementation, il y a eu le cas de Michel Zecler, un producteur de musique noir qui a subi une raclée aux mains d’agents dans son propre studio, situé dans un quartier aisé de Paris. L’incident a été capté par une caméra de sécurité et par des voisins, images qui ont permis de démanteler la version policière initiale et ont donné plus d’arguments à ceux qui dénonçaient le texte du projet de loi.
Après les protestations, également motivées par ce qu’elles considéraient comme une violation de la liberté d’expression en se référant à la loi de 1881 sur la liberté de la presse, Macron a exhorté son cabinet à revoir en profondeur le texte, même s’il n’a finalement pas été retiré, comme l’exigeaient ses détracteurs.
La formulation finalement approuvée suppose la création d’un nouveau délit dans le code pénal qui prévoit jusqu’à cinq ans de prison et une amende de 75 000 euros pour tous « Provocation à l’identification » d’un membre des forces de sécurité – police nationale et municipale, gendarme ou agent des douanes – et de leurs partenaires, enfants ou proches « dans le but manifeste de porter atteinte à leur intégrité physique ou mentale » dans l’exercice de leurs fonctions. Cette nouvelle formulation supprime la mention explicite de la diffusion d’images qui avait provoqué l’ire des défenseurs de la liberté d’expression, bien que ses détracteurs considèrent que la notion imprécise de « provocation à l’identification » pourrait poser encore plus de problèmes.
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Outre le groupe parlementaire socialiste, les membres du coordinateur Stop a Global Security Law, qui regroupe des syndicats de journalistes, mais aussi des organisations de défense des droits humains ou des syndicats de juges et d’avocats, ont annoncé leur intention de porter la loi devant le Conseil constitutionnel. , dont ils espèrent procéder à une « large censure » du texte de loi, selon l’agence France Presse.
Les réticences à la nouvelle loi vont au-delà de l’article 24. Ses détracteurs mettent également en garde contre la « voie destructrice des libertés fondamentales » qu’implique selon eux le texte, qui permet une utilisation plus large des caméras personnelles des agents, ainsi que celle des drones, qui peuvent être utilisés, par décision d’un préfet, pour la prévention des infractions dans « les lieux particulièrement exposés aux risques d’agression, de vol ou de trafic d’armes, d’êtres humains ou de drogue » et pour les opérations d’entretien. La loi autorise également le port d’arme aux agents des forces de l’ordre en dehors de leurs heures de service et la création d’une police municipale à Paris.
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