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Veille de Noël en Roumanie profonde : démons, chèvres et traditions païennes

Bucarest, 19 déc. (EFE) .- La fusion des traditions chrétiennes et des références païennes marque la célébration de Noël dans certaines zones rurales de Roumanie, où se distinguent les soi-disant « colinde », compositions musicales d’origine médiévale qui servent également à s’unir à la société. « Le 24 décembre, après la tombée de la nuit, ils vont de maison en maison pour chanter, s’asseoir à table, manger, boire et rejoindre les hôtes jusqu’à ce qu’ils aient visité toutes les maisons de la ville », explique Laura Jiga Iliescu, spécialiste du folklore. UNE SYMBOLOGIE PUISSANTE Dans ces rondes pour bénir les voisins, certains « colindatori » portent des masques et des costumes qui représentent des démons et des animaux importants pour ces sociétés rurales, comme la chèvre ou l’ours. Les démons ont un rôle ambigu. D’une part, ils incarnent le mal, mais le bruit des cloches et des perles de métal qu’ils secouent en dansant sert aussi à effrayer les mauvais esprits, selon la croyance populaire. COHÉSION SOCIALE Dans la région de la vallée du Jiu, à l’ouest de la Roumanie, des jeunes célibataires des villages partent sur la route en portant de longues cannes ornées de rubans multicolores avec lesquels ils félicitent les fêtes de toutes les fermes du terme. « Toute la communauté y participe ; en parcourant tous les villages dispersés autour de la montagne, ils revendiquent le territoire et leur appartenance à la communauté », explique le savant à propos de traditions qui remontent, au moins, au Moyen Âge. Un peu plus au sud, dans la région d’Olténie, les « colindatori » sont des enfants que les familles accueillent avec des feux de joie qui rappellent le pouvoir purificateur du feu, élément lié au solstice d’hiver. En Transylvanie, les « colindatori » récitent des vers différents selon la maison qu’ils visitent. Il existe des « colinde » pour les jeunes gens à marier, pour les enfants, pour les personnes âgées, pour les familles dont quelqu’un est décédé et pour les bergers, les pêcheurs ou encore les prêtres. Bien que l’argent soit devenu l’offrande la plus courante aux « colindatori », l’offrande de nourriture et de boisson reste une partie centrale de ce rituel. « Le message est que nous pouvons tous arriver, après la mort, à la table où le Seigneur était avec les saints apôtres », dit Iliescu Jiga, faisant allusion à une idée qui apparaît explicitement dans certains « bordures ». SPECTACLES DE THEATRE La musique et le chant sont parfois associés à de brèves représentations théâtrales dans les rues. Une fois de plus, les sainetes mélangent le contenu biblique avec des histoires et des personnages de la société qui les représente. Les protagonistes sont des animaux comme la chèvre -représentée par un squelette en bois qui comprend deux mâchoires en bois qui se heurtent rythmiquement-, mais aussi des personnages comme le prêtre ou le médecin, qui font l’objet de critiques et d’ironie. Comme l’a écrit l’ethnographe Marcel Lutic, « les chèvres dansent, consomment leur énergie vitale, meurent et renaissent, symbole de régénération rituelle et de continuité de la vie ». Le protagoniste de l’un de ces spectacles est Marian Barbós, un adolescent de 15 ans d’Ilva Mare, un groupe de villages aux paysages montagneux idylliques du nord de la Roumanie où le soi-disant « théâtre de la chèvre » est encore célébré. Barbós fait partie des dizaines de jeunes de toute la Roumanie qui se sont rendus à Bucarest le 12 décembre pour participer à un festival « colinde ». « Je fais ça depuis que je suis enfant », a-t-il déclaré à Efe lors d’une pause. « Comme chaque année, la veille de Noël, nous sortirons à nouveau en ville », a ajouté Barbós, portant une casquette d’astrakan et des vêtements traditionnels. Marcel Gascon (c) Agence EFE

Nihel Beranger

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