Le fondateur et président de l’ONG SaferNet Brasil, Thiago Tavares, a annoncé lundi (6) dans une lettre distribuée aux partenaires de l’institution, qu’il avait décidé de s’exiler temporairement à Berlin, en Allemagne, après avoir subi des menaces et découvert que son ordinateur personnel a été piraté par le logiciel espion Pegasus.
Dans le texte, SaferNet explique que l’exil volontaire est une mesure prévue par l’organisation, mais qu’en 16 ans de son existence elle n’avait jamais été appliquée, lorsque « la sécurité personnelle d’un employé, collaborateur ou directeur de SaferNet Brasil est en risque grave et imminent ». Il est arrivé en Allemagne samedi après-midi dernier (4).
Tavares recevait des menaces de mort depuis fin octobre, lorsqu’il participait à un panel sur les campagnes de haine et de désinformation lors d’un séminaire organisé par le Tribunal électoral supérieur (TSE). Ce type de message n’était pas rare compte tenu du travail de l’ONG dans le domaine des droits de l’homme.
Cependant, le 22 novembre dernier, les menaces se sont intensifiées lorsqu’un employé de SaferNet a subi un enlèvement éclair à Salvador, Bahia. Selon l’organisation, quatre criminels se sont approchés de lui, l’ont menacé et lui ont volé son téléphone portable et son cahier de travail.
Moins de deux semaines plus tard, le 2 décembre, un proche du réalisateur a été blessé à la tête en débarquant d’une voiture de course pour Uber et a dû être emmené aux soins intensifs. Il n’y a pas plus de détails sur cet événement dans la lettre.
Le même jour, SaferNet a obtenu la preuve que le MacBook de Thiago Tavares avait été piraté avec Pegasus. L’ONG a envoyé un rapport technique de 28 pages à Apple, Adobe et au Centre d’études, de réponse et de traitement des incidents de sécurité au Brésil (CERT.br), du Comité directeur brésilien de l’Internet.
Logiciel espion
En juillet de cette année, un consortium de presse a découvert que Pegasus, un programme créé par la société israélienne NSO, était utilisé pour harceler des journalistes et des défenseurs des droits humains dans plusieurs pays du monde. Même le président français, Emmanuel Macron, a dû changer de téléphone portable par crainte pour sa sécurité numérique.
« La proximité des faits, ajoutée aux menaces qu’il recevait déjà, ne laissait à Thiago Tavares d’autre choix que de quitter le pays, temporairement, jusqu’à ce que les circonstances des faits soient pleinement clarifiées et que les conditions de sécurité personnelle soient rétablies pour le l’exercice de leurs activités professionnelles et académiques au Brésil », indique la lettre.
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