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Depuis environ un an, les autorités françaises attendent l’approbation d’une demande de coopération du pirate informatique présumé Rui Pinto dans les enquêtes menées par la France. Cependant, cette collaboration dépend de l’approbation du ministère public, qui n’a pas encore approuvé la demande française, rapporte le journal Publique ce mardi. L’absence de réponse des autorités portugaises pourrait être due au fait que les Français avaient copié des documents piratés par Rui Pinto en Hongrie à l’insu du Portugal.
En 2019, le pirate informatique présumé est devenu un témoin clé dans une enquête en France, les autorités de ce pays auront donc fini par demander aux autorités hongroises l’accès à des documents craignant qu’ils ne soient plus tard effacés. La France détenait déjà un échantillon de fichiers décryptés livrés par Rui Pinto avant même qu’il ne soit détenu en Hongrie. Le problème est que les fichiers restants copiés à Budapest sont restés cryptés.
A cette époque, les autorités hongroises ont autorisé la copie de plus de 20 téraoctets par les Français, sans que les autorités portugaises aient été consultées sur le processus. Lorsque les Français sont arrivés à Budapest, Rui Pinto était déjà en cours d’extradition, puisque quelques jours plus tôt, un tribunal hongrois avait donné son feu vert à l’extradition des Portugais pour faire face à des accusations de tentative d’extorsion et de cybercriminalité.
La police française a copié les dossiers de Rui Pinto de peur qu’ils ne soient effacés au Portugal
Les Français ont alors profité de l’intervalle de temps pendant lequel Pinto n’est pas allé au Portugal pour convaincre les Hongrois de la nécessité de faire une copie des données sur leurs disques durs.
Le 9 septembre 2020, un courrier électronique des autorités françaises est finalement parvenu à la Direction centrale des enquêtes et de l’action pénale (DCIAP), demandant les mots de passe pour accéder aux disques durs afin d’accéder aux copies des fichiers qu’ils ont apportés de Hongrie. Dans la même demande, une conversation avec Rui Pinto a également été demandée afin que le pirate informatique puisse expliquer et analyser le contenu des documents avec les autorités – les documents sont protégés par un programme de cryptage complexe qui rend l’accès aux documents presque impossible sans l’aide de Rui Pinto.
Selon le journal Público, le ministère public portugais comprend que la décision de la France d’avoir copié les fichiers sans en informer le Portugal – l’enquête sur Rui Pinto était de sa compétence – devait être un comportement répréhensible. En réponse au journal, le parquet français affirme que l’enquête est toujours ouverte, ne faisant pas état de la situation avec le député portugais.
Francisco Teixeira da Mota, avocat du pirate informatique présumé, affirme qu’il est toujours « disponible » pour collaborer avec les autorités françaises dans le processus, à l’instar de ce qui se passe déjà avec les autorités portugaises avec lesquelles Rui Pinto a travaillé en étroite collaboration, faisant partie de un programme de protection des témoins. La décision du prétendu plaignant de collaborer ou non avec la France dépend, bien entendu, de la décision du ministère public portugais, qui jusqu’à présent a été négative.
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