L’opa que s’apprête à lancer le groupe Vivendi, qui contrôle entre autres le groupe d’édition Editis (numéro deux du secteur de l’édition en France), sur le groupe Lagardère, qui contrôle entre autres le groupe d’édition Hachette Livre. « J’ai très peur de tout cela, car ce qui me semble le plus important, c’est la liberté de création et la diversité de cette création. Si un seul acteur du secteur contrôle tout un pan de cette chaîne de création, c’est évidemment un risque pour pluralisme. , pour la biodiversité dans tous les sens du terme. C’est très inquiétant », explique aux micros de ‘France Info’, Françoise Nyssen, la propriétaire de la maison d’édition ‘Actes Sud’ et ancienne ministre de la Culture.

Aujourd’hui, explique Nyssen, « le groupe Vivendi Bolloré Editis possède Canal plus, CNews, Europe 1, la presse avec le groupe Prisma, le Jdd, Paris Match… Hachette c’est aussi Havas, des salles de spectacles comme l’Olympia, des sociétés de divertissement , avec tous les produits dérivés possibles mais aussi de nombreuses librairies. Il y a donc la possibilité d’attirer à soi toute la chaîne d’édition et de concentrer toute la chaîne d’approvisionnement entre les mains d’une seule personne ».

Ces derniers jours, Antoine Gallimard, le président de la maison d’édition du même nom et du groupe Madrigall, avait également pris la parole. Pour Gallimard, cette opération de la société contrôlée par le financier breton Vincent Bolloré « est un vrai tsunami »: « Je suis très inquiet. Ça touche un domaine très sensible, notamment celui concernant les manuels scolaires », a souligné Gallimard aux micros de ‘ France Inter’ le 9 février dernier. « La grande force du secteur de l’édition en France, c’est la diversité, ce sont des librairies indépendantes, des petites maisons d’édition. Nous sommes des artisans. L’approche économique et industrielle menée par Vincent Bolloré n’a aucun sens », a expliqué Gallimard. « En France, ce n’est pas en détruisant la concurrence qu’on devient grand. La culture ne doit pas être dominée par la finance. C’est dangereux ».