PARIS (Reuters) – L’Europe doit repenser son espace Schengen ouvert, notamment en renforçant la protection de ses frontières extérieures, a déclaré jeudi le président Emmanuel Macron, après une série d’attentats islamistes en France et en Autriche.

Des contrôles plus stricts sont nécessaires pour freiner l’immigration clandestine, a déclaré Macron, ajoutant que les bandes criminelles qui trafiquent illégalement des migrants vers l’Europe étaient souvent liées à des réseaux terroristes.

« Je suis favorable à une refonte profonde de Schengen pour repenser son organisation et renforcer notre sécurité commune aux frontières avec une véritable force frontalière », a déclaré Macron lors d’une visite à la frontière franco-espagnole.

Macron a déclaré qu’il présenterait des propositions aux partenaires de l’Union européenne lors d’un sommet en décembre.

La France rassemblera des soutiens avant cette date et espère que l’Allemagne adhérera au plan, a déclaré un responsable gouvernemental, citant les Pays-Bas et l’Autriche comme autres alliés possibles.

L’Europe est sous le choc de deux attaques la semaine dernière impliquant des attaquants qui se déplaçaient entre les États membres de l’espace Schengen.

Le 29 octobre, un Tunisien a tué trois personnes dans une église de Nice. Brahim Aouissaoui était arrivé cinq semaines plus tôt sur l’île italienne de Lampedusa, au large de l’Afrique du Nord. Après avoir été transféré sur le continent, Aouissaoui s’est rendu en France en train quelques heures avant de lancer son attaque.

Le djihadiste qui a tué quatre personnes lundi à Vienne s’est rendu en juillet en Slovaquie voisine pour tenter d’acheter des munitions, ont indiqué des responsables autrichiens.

Macron a déclaré que les récents attentats constituaient un avertissement à l’Europe : « le risque terroriste est partout ».

« TROP VULNÉRABLE »

Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, a également insisté cette semaine pour que l’Europe renforce ses défenses contre le terrorisme et a de nouveau souligné la nécessité d’une refonte des lois européennes sur l’immigration.

A propos des attentats, il a déclaré mercredi au quotidien Corriere Della Sera : « N’importe qui peut entrer dans un État membre et traverser l’Europe. Le risque est trop élevé, la vulnérabilité européenne est trop grande ».

La France ne veut pas restreindre la liberté de circulation, a déclaré le responsable gouvernemental. Au lieu de cela, ses propositions seront basées sur l’appel lancé par Macron l’année dernière en faveur d’une force frontalière européenne plus robuste ainsi que sur l’obligation pour les États membres de fournir des renseignements sur les personnes traversant les frontières européennes.

Le président français souhaite également que l’UE ait une politique d’asile unique pour mettre fin aux querelles qui ont paralysé son processus politique au cours d’une crise migratoire qui dure depuis des années.

Près de 628 000 citoyens non européens se trouvaient illégalement dans le bloc en 2019, soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente, selon les données d’Eurostat.

Macron a déclaré que la France doublerait le nombre de policiers à ses frontières.

« Nous devons renforcer notre lutte contre l’immigration clandestine et les trafiquants qui, de plus en plus souvent, ont des liens avec le terrorisme », a déclaré le président.

La zone Schengen comprend 22 des 27 États membres de l’Union européenne, ainsi que l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Lichtenstein.

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