Les municipalités françaises restreignent l’accès aux attractions touristiques et aux sites naturels. De la Côte d’Azur à la Bretagne, les réservations deviennent de plus en plus importantes pour les visiteurs.
Malheureusement, tout le monde ne va pas au paradis. Le chauffeur de la ligne de bus B1 de Marseille, alors qu’il dépose le voyageur étranger au terminus désert du campus étudiant de Luminy, demande gentiment : « Vous avez une réservation pour les ‘calanques’ ? »
Les calanques, ces baies rocheuses à l’eau de mer bleu turquoise dans de pittoresques gorges calcaires, ne se visitent plus spontanément. Il faut s’inscrire sur le site internet de ce parc naturel national trois jours avant de vouloir visiter – quelques minutes plus tard les 400 places sont déjà prises.
Léon, cheveux blancs comme neige, peau brûlée châtain foncé, arrive sur son vélo. Le retraité marseillais fréquente les Calanques depuis quarante ans. Ce qui l’agace, ce n’est pas tant l’obligation de réserver, mais le fait qu’il suffit de s’inscrire en ligne. Léon n’a ni téléphone ni ordinateur. En dehors de cela, il se félicite des quotas de visiteurs.
Seules 400 personnes par jour sont autorisées à visiter le Parc des Calanques
Ces dernières années, 3 500 visiteurs ont inondé le Parc des Calanques chaque jour. Chaque été, il y en avait plus. Maintenant, la direction du parc a tiré sur le déclencheur et a fixé le nombre maximum de visiteurs à 400 par jour.
Ce jour-là, le visiteur déambule sous le soleil brûlant à travers le paysage calcaire méditerranéen. Les grillons gazouillent, la lavande sent bon. Seuls les deux agents de sécurité, qui veulent voir la réservation sur leur téléphone portable derrière un virage de la route, semblent inconnus. Lorsque vous arrivez à la mer, vous devez descendre les rochers jusqu’aux magnifiques baies de la plage. Sur les plages, dont certaines ne mesurent qu’une vingtaine de mètres de large, les serviettes de bain sont déjà serrées le matin. Je ne peux pas imaginer à quel point les baies étaient bondées avec dix fois plus de monde.
Les îles en particulier restreignent l’accès pour les excursionnistes
Les deux îles pittoresques de Porquerolles et Port-Cros près de Toulon ont décidé d’une limitation similaire cet été. Il y a de la résistance de la part des compagnies de ferry et des agences de voyage, qui ne veulent pas se contenter des 6000 visiteurs par jour.
Contrairement à la Bretagne. L’île de Bréhat, située sur la côte nord, a fixé une limite quotidienne de 4700 visiteurs pour la première fois en juin. C’est encore plus de 10 fois la population de l’île de 427 habitants. L’arrivée des visiteurs n’est autorisée que par ferry et entre 8h30 et 14h30.
De cette façon, le maire Olivier Carré veut protéger le sol et empêcher le déversement incontrôlé de déchets. Il pense aussi au plaisir des excursionnistes : comme le dit si bien une étude sur les îles bretonnes, « la satisfaction des insulaires chute vite quand il y a beaucoup de monde ».
Le célèbre Mont Saint-Michel ne veut imposer aucune restriction
Ce n’est pas un hasard si les îles ou les réserves naturelles délimitables notamment introduisent des quotas de visiteurs : le contrôle demande ici peu d’efforts. Parfois, cependant, les communautés vivant elles-mêmes du tourisme hésitent à introduire des quotas. Ils savent qu’alors potentiellement moins seront réservés et consommés dans les restaurants. Cet argument est également utilisé par le conseil municipal de la réserve naturelle de Scandola en Corse. La réserve faunique, qui fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco, hésite encore à introduire un plafond de fréquentation.
D’autres endroits sont également aux prises avec cela. Le célèbre Mont Saint-Michel ne veut imposer aucune restriction, bien que les jours de pointe jusqu’à 30 000 visiteurs se pressent sur la mythique colline de l’église dans la baie. La petite ville d’Etretat, entourée des imposantes falaises calcaires de Normandie, est tout aussi impuissante que le légendaire jardin de nénuphars de Monet à Giverny, où les conducteurs doivent attendre jusqu’à trois heures pour une place de parking un beau dimanche.
Le sociologue du tourisme fait un constat clair
Le sociologue du tourisme Rodolphe Christin décrit les conséquences négatives pour des pays comme la France, l’Italie ou l’Espagne dans un « Manuel de l’anti-tourisme » largement acclamé. Sa formule succincte : « Le tourisme tue les voyages ». Et sa recette contre elle est radicale : « Il faut voyager moins souvent, mais plus longtemps à chaque fois. De plus, les pays du voyage devraient introduire des innovations révolutionnaires et, par exemple, échelonner les vacances d’été de deux mois dans les écoles françaises. Dans tous les cas, les communautés individuelles sont débordées ; ils poussent simplement les foules de touristes les uns vers les autres.
Le gouvernement parisien veut désormais s’attaquer au problème du tourisme de masse aux heures de pointe. En juin, la ministre du Tourisme, Olivia Grégoire, a mis sur pied un panel d’experts pour examiner les moyens de mieux répartir le flux de visiteurs. Les influenceurs doivent également être utilisés pour rediriger les touristes.
Des campagnes publicitaires sont également à l’étude pour soulager les sites les plus visités comme les châteaux de la Loire ou le musée du Louvre à Paris. Le ministre Grégoire songe à visiter des vitrines similaires à celles déjà en place pour les expositions temporaires populaires – et récemment aussi pour les criques rocheuses ou les îles de rêve.
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