Pour Emmanuel Macron, la désescalade russe à la frontière avec l’Ukraine – Washington et les Européens estiment que Moscou y a mobilisé près de 100.000 soldats – viendra « d’un dialogue fort et d’une solution politique pour les Etats du Donbass », les régions séparatistes. Après sa première rencontre avec Olaf Scholz depuis l’entrée en fonction de la nouvelle chancelière allemande, le président français a insisté sur le fait que l’Union européenne devait entamer ses propres négociations avec Moscou, plutôt que de laisser les États-Unis parler au nom de ses alliés lorsqu’il s’agit de menaces pour la paix en Europe.
Rappelant les réunions de ces dernières semaines entre les gouvernements américain et russe, Moscou et l’OTAN et Moscou et l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), Macron a défendu que l’un des points clés à prendre en compte dans cette phase de tensions est la l’importance de ne jamais abandonner les négociations dans leurs différents formats. « En parallèle, nous avons préparé une réaction et une réponse communes. S’il y a agression, la riposte aura lieu et son coût sera très élevé », a-t-il assuré, faisant écho aux propos entendus la veille à Bruxelles, à l’issue d’un conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE.
Paris et Berlin sont unis dans la crise ukrainienne, a souligné Macron, reconnaissant dans la réponse à une question des journalistes que le soi-disant « format Normandie », une table de dialogue qui comprend des Allemands, des Français, des Russes et des Ukrainiens, n’a pas encore produit de résultats . Mais le dirigeant français n’a pas renoncé à le redynamiser. Dans le même temps, Macron lui-même s’entretiendra vendredi au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine.
Affirmant que toute menace à l’intégrité territoriale russe aura de graves conséquences pour Moscou, Scholz a fini par devoir défendre la gestion de la crise par son gouvernement. « Nous avons beaucoup fait pour soutenir activement le développement économique et démocratique de l’Ukraine », a-t-il déclaré. Mais Berlin continuera sans envoyer d’armes meurtrières à Kiev, contrairement à de nombreux pays occidentaux, qui fournissent aux Ukrainiens des armes et du matériel militaire (l’Allemagne invoque sa « responsabilité historique » de ne pas fournir d’armes aux parties impliquées dans un conflit armé).
Comme il l’a décrit la semaine dernière, dans le discours présentant les priorités de la présidence française du Conseil de l’UE, au Parlement européen, Macron a défendu que l’Europe devrait envisager sa relation avec la Russie de manière plus large. « On ne peut que constater que la Russie devient une puissance déstabilisatrice dans le Caucase et à nos frontières », a-t-il dit, avant d’énumérer des « actes de déstabilisation » dans plusieurs Etats qui faisaient partie de l’Union soviétique. « La situation actuelle est préoccupante pour les Européens », a-t-il conclu. « Notre réponse sera progressive, en fonction de la détérioration de la situation. »
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