Macron ouvre un musée et demande à Dreyfus, victime d’antisémitisme, de ne pas être oublié – 26/10/2021 – Monde

Le président français Emmanuel Macron a exhorté la population à ne pas oublier les batailles du passé en inaugurant, ce mardi (26), un musée sur Alfred Dreyfus, victime d’un complot judiciaire et antisémite au XIXe siècle.

« N’oubliez pas ces luttes passées, car elles nous disent que le monde dans lequel nous vivons, comme notre pays, comme notre République, ne doit pas être tenu pour acquis et peut être à nouveau menacé. » Le discours faisait clairement référence à des cas récents d’antisémitisme sur le continent européen, dans un phénomène qui s’est aggravé ces derniers mois.

Le musée, qui ouvrira ses portes au public jeudi (28) au domicile d’Émile Zola à Médan, dans l’agglomération parisienne, perpétue le souvenir du célèbre écrivain français et d’Alfred Dreyfus, un capitaine victime d’une complot et il a finalement été réhabilité en 1906.

« Cet homme a subi le pire, l’humiliation, le silence, l’isolement », a déclaré Macron, en référence à Dreyfus. « Rien ne réparera ces humiliations, mais nous n’allons pas les aggraver en les laissant de côté. »

Accompagné de l’ancien Premier ministre français Manuel Valls et du grand rabbin de France, Haïm Korsia, Macron a visité le musée qui présente plus de 500 documents sur l’affaire, dont un fac-similé du célèbre faux rapport qui incrimine le capitaine et de nombreux antisémites. ou des affiches insultantes de Zola, qui a lancé le célèbre manifeste « J’accuse » pour sa défense.

« Zola faisait aussi partie du combat pour lequel il a pris d’énormes risques, un combat éminemment républicain », a ajouté le président français.

Des descendants de Dreyfus et de l’écrivain ont assisté à l’inauguration, qui consolide une promesse faite par Macron en mars 2018, lors du dîner annuel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).

ou cas dreyfus

« J’accuse » [em português, « Eu acuso »] est le titre du célèbre article écrit par Zola lors de l’affaire Dreyfus et publié dans le journal L’Aurore le 13 janvier 1898, sous la forme d’une lettre adressée au président de la République française de l’époque, Félix Faure.

L’affaire a polarisé les Français en deux camps opposés : ceux qui, comme Zola, ont défendu l’innocence du capitaine Dreyfus sur l’accusation de trahison et d’espionnage, dont il a finalement été innocenté après un long procès, et ceux qui l’ont reconnu coupable.

La condamnation, fin 1894, du capitaine Dreyfus — pour avoir prétendument livré des documents secrets français à l’Empire allemand — aurait été, selon les experts, une « erreur judiciaire voire un complot judiciaire », sur fond d’espionnage, en un contexte social particulièrement favorable à l’antisémitisme et à la haine de l’Allemagne — dit « revanchisme » — après l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871.

L’affaire a ému la société française pendant pas moins de 12 ans, de 1894 à 1906, la divisant profondément et durement en deux camps opposés : les « Dreyfusards », partisans de l’innocence de Dreyfus, et les « anti-Dreyfusards », en qui ils croyaient. leur culpabilité. Le procédé est devenu un film en 2020, sous le titre « L’Officiel et l’espion », aux mains du non moins controversé Roman Polanski, avec l’oscarisé Jean Dujardin dans le rôle principal.

A l’époque, l’article de Zola faisait la une et faisait la une du quotidien L’Aurore, dont les 300 000 exemplaires ont été vendus en quelques heures. A l’époque, plusieurs intellectuels ont signé une pétition en faveur de la révision du processus Dreyfus, également publiée par le journal, dont des noms comme Anatole France, Georges Courteline, Octave Mirbeau et Claude Monet. Des signatures ont été recueillies par des étudiants ou de jeunes écrivains de l’époque, comme Marcel Proust.

Zola a reçu plusieurs messages de soutien, mais aussi des lettres d’insultes et des menaces à caractère antisémite ou xénophobe – le père de Zola était italien. L’affaire Dreyfus, qui allait enflammer les foules en France et dans le monde depuis plusieurs années, venait de naître en pleine polémique.

Nihel Béranger

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