Le président français Emmanuel Macron a franchi une nouvelle étape ce lundi (20.09.2021) en reconnaissant la responsabilité de la France dans le conflit avec l’Algérie, qui marquera ses 60 ans en 2022, et a présenté ses excuses aux Harkis, les Algériens qui les ont aidés dans la guerre.
« Je veux montrer notre reconnaissance aux combattants. Nous ne les oublierons pas. Je m’excuse, nous n’oublierons pas », a déclaré Macron lors d’une réception à l’Elysée, siège de la présidence française, avec quelque 300 descendants d’Algériens qui se sont présentés aux côtés de la France. Le chef de l’Etat a également annoncé que le gouvernement présenterait d’ici la fin de l’année un projet de loi pour « inscrire sur le marbre la reconnaissance et la réparation des harkis ».
Ces anciens combattants, quelque 200 000 hommes, ont été recrutés comme auxiliaires par l’armée française lors du conflit qui a opposé les nationalistes algériens à la France entre 1954 et 1962, mais à la fin ils ont été abandonnés par Paris et victimes de représailles en Algérie. Beaucoup de ceux qui ont été envoyés en France, en particulier des femmes et des enfants, ont été internés dans des camps dans des conditions indignes, ce qui a aussi laissé des séquelles pour beaucoup d’entre eux.
Cinq jours après la Journée d’hommage aux Harkis, célébrée depuis 2003, Macron faisait un pas au-delà de l’ancien président François Hollande, qui avait reconnu en 2016 la responsabilité des gouvernements français dans l’abandon de ce groupe. « La France reconnaît la multitude d’histoires et de destins de cette guerre. Ces histoires sont parallèles et parfois inconciliables, mais nous devons toutes les assumer pour avancer et vivre ensemble », a déclaré Macron.
Pendant des années, a-t-il assuré, des générations de Français ont assumé le « décret du silence et de l’oubli » sur la question afin de « continuer à vivre ensemble ». Le discours du président français a été parfois applaudi mais aussi interrompu par une femme qui avait été internée dans ces camps de concentration lorsqu’elle était enfant et qui a crié que les excuses ne suffisaient pas. « Je n’ai pas grandi à l’école de la République, mais à l’école de campagne », a déclaré en larmes la femme, qui a dénoncé avoir grandi dans l’humiliation.
Réparations et révision du passé colonial français
Les associations de descendants de harkis (environ 400 000 personnes) réclament une amélioration des indemnisations. En 2018, le gouvernement a accordé une nouvelle allocation de 40 millions d’euros en quatre ans pour les retraites des ex-combattants et de leurs enfants, dont beaucoup vivent dans des conditions précaires. Ces groupes exigent que la loi serve à sortir de la compassion et à aller vers une véritable politique de réparation et de justice.
Les Harkis ont eu une intégration difficile dans leur nouveau pays, assimilés comme immigrés et rejetés par eux. En 2000, le président algérien de l’époque, Abdelaziz Buteflika, décédé il y a quelques jours, les qualifie de « collaborateurs » et, bien qu’il critique leurs conditions de vie en France, il exclut leur retour en Algérie en précisant que « ce n’est pas leur pays. «
Dans son empressement à panser les blessures du passé colonial du pays, Macron a ordonné en mars de cette année de déclassifier les documents du ministère de la Défense jusqu’en 1971, qui incluent les périodes tumultueuses de la décolonisation française en Afrique, comme la guerre d’Algérie.
Toujours dans le cas de l’implication française dans la guerre civile au Rwanda, la Présidence française a commandé un rapport, publié en avril dernier, dans lequel une série d’échecs graves, de manquements et d’imprévoyance de la part du gouvernement français de l’époque, incapable de percevoir les préparatifs évidents de ce qui se tramait au Rwanda.
rml (efe, afp)
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