Le président français, Emmanuel Macron, recevra l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva, dans un coup dur pour la diplomatie de Jair Bolsonaro.
L’information a été donnée par le Brésilien lui-même, ce mardi à Paris. La rencontre, prévue mercredi, promet d’étendre la crise entre Paris et Brasilia, qui connaît déjà l’un de ses moments les plus bas depuis des années.
Au cours des deux dernières années et demie, la relation entre le Brésil et la France a connu des moments de tension et de gêne. Avant même d’assumer la présidence, Jair Bolsonaro a été la cible d’interpellations par Macron. A Buenos Aires, pour une rencontre fin 2018, le Français s’est interrogé sur l’engagement du Brésil sur la question environnementale.
La situation est devenue encore plus inconfortable lorsque Bolsonaro a cessé de recevoir Le Drian, en visite au Brésil. La rencontre était programmée et, quelques minutes auparavant, le président brésilien avait décidé d’annuler la conversation. Au lieu de rendez-vous, il a fait un live en se coupant les cheveux.
A l’époque, le journal Le Monde indiquait que des diplomates français indiquaient que le ministre snobé par Bolsonaro avait maintenu « le calme des vieux de guerre ». Deux ans plus tard, il n’a pas reçu le chef de la diplomatie du président brésilien.
D’autres épisodes ont également marqué la relation bilatérale. Lors du sommet du G7 de 2019 en France, Macron a laissé le Brésil de côté et a invité le Chili comme interlocuteur latino-américain.
Quelques jours plus tard, le chef de l’État à Paris a été la cible d’attaques de Bolsonaro, qui a suggéré une critique de l’apparition de l’épouse du président français. Macron, lors de ce même événement, a évoqué l’internationalisation de l’Amazonie, amplifiant la crise entre les deux pays.
La crise a cependant atteint de nouveaux sommets lorsque Macron est devenu l’un des principaux opposants à la ratification de l’accord commercial entre le Mercosur et l’Union européenne, au motif que les politiques environnementales du pays ne répondaient pas aux critères européens.
Plus récemment, cependant, Macron a utilisé le Brésil de Bolsonaro comme plate-forme pour sa campagne électorale, principalement pour essayer de démontrer aux écologistes que son engagement à défendre la planète est réel. Pour ce faire, il a opposé son veto à tout accord commercial avec le Mercosur et a même évoqué le crime d’écocide.
Un autre protagoniste de la tension a été Luis Fernando Serra, ambassadeur du Brésil à Paris. Il ne s’est pas présenté à l’Assemblée nationale française, pour une audition au cours de laquelle il a été invité à s’exprimer sur la déforestation dans le pays. Dans des lettres, il a attaqué le journal Le Monde pour sa couverture du Brésil et a donné des interviews controversées aux médias en France.
Son ambassade à Paris est cependant la cible de protestations répétées, dont des banderoles avec le mot « génocide ».
Dans des déclarations exclusives à UOL, le chef de l’Etat français a insisté il y a deux semaines sur la nécessité d’élargir la coopération pour la préservation de l’Amazonie et appelle à « plus d’ambition » sur les questions climatiques.
Voici les principaux extraits de l’interview, donnée en marge du sommet du G20 à Rome :
Tchad – Qu’attendez-vous du Brésil pour la protection de l’Amazonie ?
Macron – Je pense que nous travaillons tous pour réduire la déforestation. La France, la Guyane, œuvre dans ce sens et pour la préservation des peuples autochtones. Ce que nous voulons, c’est élargir la coopération avec tous les pays de la région pour aller dans cette direction.
Le Brésil en fait-il assez ?
Je ne blâmerai ni ne féliciterai personne aujourd’hui. Je pense que chacun devra être plus efficace dans la lutte contre la déforestation. Sinon, nous tuerons la biodiversité et surtout notre capacité à lutter contre les émissions de CO2.
Pour moi, on va tuer l’équilibre dans la région pour les gens. C’est pourquoi il est très important d’avoir plus de coopération et plus d’ambition en termes de protection et de préservation de la forêt amazonienne.
Comment jugez-vous les relations entre le Brésil et la France à l’heure actuelle ?
(Après un silence) C’était mieux.
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