Passeport italien | Profil

De nombreux analystes jugent l’après-pandémie comme une réalité accomplie. La philosophe nord-américaine Nancy Fraser, prévient cependant que le moment de parler de « poste » n’est pas venu. Depuis la périphérie des discours prédominants, Giorgio Agamben conceptualise, à son tour, le passeport sanitaire que le gouvernement de son pays, comme celui de la France, a imposé malgré les critiques, comme signe de cette pérennité pandémique. Il dit qu’il s’agit d’une mesure juridiquement et constitutionnellement insoutenable, destinée à « passer de la société disciplinaire à la société de contrôle ». Il fait valoir que le pouvoir politique se contredit en se protégeant légalement avec les laboratoires « d’assumer la responsabilité d’un vaccin dont la phase expérimentale n’est pas encore terminée, tout en faisant tout son possible pour obliger les citoyens à se faire vacciner ». La contrainte sur la persuasion, au détriment des accords sociaux.

Au-delà du débat grandissant sur la probité des nouveaux vaccins (impossible d’aborder de manière adéquate si l’on ne se consacre pas à certains domaines bien précis de la science), le débat sur le contrôle biopolitique des individus a de faibles répercussions dans une Argentine logiquement plus soucieuse de la croissance de la pauvreté, mais pas à l’abri des restrictions et des impositions qui, dans de nombreux cas, ont peu à voir avec les soins de santé, résultant en des soins inutiles, capricieux ou négatifs.

« Nous avons été vaccinés tellement de fois sans que cela nous oblige à montrer un certificat à chaque étape » déplore Agamben craignant une renaissance des « lois fascistes de 1938 sur les non-aryens » et exhorte à réfléchir à qui profite dans « une société » basée sur sur un contrôle numérique quasi illimité des comportements individuels, qui deviennent ainsi quantifiables dans un algorithme ». Aussi, cela soulève une question à laquelle je n’ai pas pu répondre personnellement, mais qui m’inquiète jusqu’à l’indicible : « Jusqu’où sommes-nous prêts à accepter que ce contrôle s’étende ?

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Nihel Béranger

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