Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis trois décennies, a été tué en début de semaine dernière alors qu’il participait à une offensive contre les rebelles. Aux obsèques de l’ancien dirigeant tchadien, le président français, Emmanuel Macron, était le seul chef d’État occidental présent.
La France a longtemps considéré Idriss Deby Itno comme l’un de ses plus importants alliés africains et une pierre angulaire de la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel.
En effet, le soutien de la France à l’ancien dirigeant tchadien et l’absence de toute critique sur son arrivée au pouvoir – qui comprenait la suspension de la constitution et du parlement du pays – a même suscité de nombreuses critiques de la part de l’opposition et de la société civile.
Selon le célèbre analyste français Roland Marchal, le principal intérêt de la France au Tchad n’est pas la démocratie mais la stabilité.
« UNE [França] estime que l’instabilité pourrait survenir très rapidement au Tchad en raison des divisions au sein de l’appareil militaire et sécuritaire et de l’existence de rébellions armées. Et, pour cette raison, un vide doit être évité », dit-il.
Y a-t-il un espace de dialogue ?
Le Tchad accueille actuellement environ 5 000 soldats français de l’opération « Barkhane », une mission militaire combattant les djihadistes dans la région troublée du Sahel en Afrique de l’Ouest. C’est aussi un contributeur majeur aux troupes du G5 Sahel, une force régionale qui combat les extrémistes.
Lors des funérailles de l’ancien président tchadien, Macron a appelé le nouveau gouvernement militaire à promouvoir « la stabilité, l’inclusion, le dialogue et la transition démocratique ».
Les partis d’opposition, quant à eux, ont appelé à un dialogue conjoint avec le conseil militaire sur la voie à suivre. Mais les experts ont déclaré qu’il était peu probable qu’il devienne une réalité de si tôt.
Helga Dickow est analyste à l’Institut Arnold Bergstraesser en Allemagne et lit : « Je doute que le clan Zaghawa et le conseil militaire puissent l’accepter. Actuellement, ce sont surtout les Zaghawas qui sont aux commandes et leur objectif est de rester au pouvoir pour continuer profiter des ressources naturelles du pays ».
La priorité est-elle la démocratie ou la stabilité ?
Et cela signifie que le nouveau gouvernement peut ne pas être très différent de l’ancien. Au cours de ses 30 années au pouvoir, l’ancien président a dirigé un régime autocratique qui a sévèrement restreint la liberté politique, réprimé les opposants et réprimé toute forme de dissidence.
C’est pourquoi les critiques ne s’attendent pas à ce que la France mette trop de pression sur le nouvel homme pour diriger le Tchad. L’analyste Seidick Abba déclare : « Nous n’avons rien entendu de la France quand Internet a été bloqué [no Chade], lorsque des personnes ont été arrêtées et que de hauts responsables politiques de l’opposition se sont retirés de l’élection présidentielle. »
Et pour Abba « La France ne croyait pas que la démocratie mourrait au Tchad. Aujourd’hui, après la mort de Déby, je pense que sa principale préoccupation est que la lutte contre le terrorisme continue.
Les experts soulignent la présence du haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borrell, qui a également assisté aux obsèques de Deby, comme un signe que la France n’est pas le seul pays occidental à soutenir le Tchad.
Mais pour l’analyste français Roland Marchal, « l’Union européenne en est venue à soutenir des valeurs telles que les droits de l’homme et les droits politiques, mais ce qu’elle fait maintenant en Afrique, c’est simplement soutenir un coup d’État militaire », dans lequel, selon l’analyste, « le fils arrive au pouvoir après le père, comme [o que vimos] dans les années 60″.
Frais vers la France
L’opposition tchadienne et les organisations de la société civile ont accusé ce samedi (24.04) la France de soutenir ce qu’elles ont appelé un « coup d’Etat » au Tchad, et ont appelé à « une manifestation publique » mardi (27.04) pour exiger la dissolution du Conseil militaire de transition, dirigé par le fils de l’ancien président, le général Mahamat Idriss Déby.
Dimanche soir (25.04), les militaires au pouvoir depuis la mort du président Idriss Déby Itno ont annoncé leur refus de négocier avec les rebelles qui ont lancé une offensive contre la capitale il y a deux semaines, et qui s’étaient dits prêts à cesser. Feu.
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