Réforme des retraites en France : guérilla au Parlement – Politique

La grève de ce jeudi est la cinquième en quatre semaines. Là encore, les trains et les avions seront annulés en France, les écoles seront fermées, les ouvriers des raffineries cesseront de travailler. Même si la réforme des retraites prévue a poussé plus de personnes dans la rue ces dernières semaines qu’elles ne l’ont fait depuis longtemps, les manifestations ont jusqu’à présent été relativement pacifiques. Le grand chaos se déroule ailleurs : dans les rangs de velours rouge de l’Assemblée nationale française.

Lundi dernier, la séance a été ajournée après qu’un député de gauche La France Insoumise (LFI) a qualifié le ministre du Travail Olivier Dussopt de « meurtrier ». Quelques jours plus tôt, le débat avait dû être interrompu à cause d’un autre député LFI. Ce dernier avait posté une photo de lui debout, le pied sur un ballon portant le visage du secrétaire au Travail. Le député a été puni d’une interdiction de siéger de 15 jours. Lorsque le ministre du Travail Dussopt a voulu prendre la parole au début du débat la semaine dernière, il n’a pas eu l’occasion de parler pendant plusieurs minutes – le chahut était tout simplement trop fort.

Le président du parlement parle désormais de « guérilla parlementaire ». Même le chef du syndicat CFDT, Laurent Berger, a critiqué le débat au parlement comme un « spectacle pathétique » qui n’a rien à voir avec le mouvement dans les rues.

L’Alliance Nupes de gauche a déposé 18 000 amendements

Depuis une semaine et demie, les députés de l’Assemblée nationale discutent de la réforme des retraites. Le débat se termine vendredi à minuit. Avec seulement dix jours de session, elle est si courte car le gouvernement n’a pas formulé la réforme comme une loi distincte, mais comme une loi complémentaire à la sécurité sociale. Une astuce procédurale qui ne plaît pas à l’opposition.

L’alliance de gauche Nupes, qui comprend des eurodéputés de LFI, des socialistes et des Verts, réagit à sa manière. Avant même que le projet de loi ne soit débattu au parlement, les eurodéputés de gauche avaient déposé des milliers d’amendements, 18 000 pour être précis.

Les amendements sont en France ce que sont les États-Unis obstruction, le discours de lassitude, est : un moyen de retarder les votes indésirables au Parlement. Parce que chaque candidature doit être négociée par les députés. Le débat sur la réforme des retraites avance donc lentement. Après sept jours, les députés venaient d’en arriver mercredi à l’article 3 du projet de loi. Le relèvement progressif de l’âge de la retraite à 64 ans – point clé de la réforme – figure à l’article 7.

À moins que l’opposition ne retire ses amendements, il n’y a aucun moyen pour les députés d’en arriver là d’ici la fin du débat de vendredi. Après cela, le texte passe au Sénat. Les représentants des deux chambres peuvent alors servir de médiateurs. Ou le gouvernement pousse la loi à travers l’article controversé 49.3 de la Constitution. Cela permet de voter une loi sans majorité à l’Assemblée nationale.

Les syndicats ne croient pas au blocus

Les tactiques dilatoires de l’opposition n’ont pas été bien accueillies, même par de nombreux opposants à la réforme. Plusieurs syndicats publiés mercredi une déclaration commune, dans lequel ils appelaient les eurodéputés à voter la réforme et notamment l’article sur le relèvement de l’âge de la retraite. Il dit, entre autres : « Nous sommes convaincus que vous n’aurez jamais une meilleure occasion de montrer que votre travail est de représenter la volonté des citoyens au Parlement. »

Le camp de gauche ne semble pas encore décidé s’il faut bloquer complètement le débat ou le combattre. En début de semaine, l’Alliance Nupes a retiré environ un millier d’amendements. Mais il en reste encore plusieurs milliers.

Mercredi soir, Marine Le Pen, chef de file du Rassemblement national d’extrême droite, a spontanément déposé une motion de censure au gouvernement. Il est peu probable que cela réussisse. Jusqu’à présent, les autres factions de l’opposition ont refusé de voter les motions RN. La motion de censure devrait être entendue vendredi – laissant encore moins de temps pour le débat sur les retraites.

Si les députés votent sur l’âge de la retraite avant vendredi soir, cela dépendra avant tout des républicains conservateurs. Comme le gouvernement n’a pas la majorité absolue, il dépend de leurs votes. Le parti était divisé sur les deux premiers articles du texte de réforme, qui avaient déjà été votés : En fin de semaine dernière, les députés conservateurs présents ont voté en faveur de l’article 1 de la proposition de loi, qui prévoit la suppression progressive de le règlement spécial pour les groupes professionnels individuels. Cette semaine, une majorité a voté contre l’article 2, qui appelait à la création d’un « Index des seniors ».

Nihel Béranger

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