Les manifestations contre la réforme des retraites en France se sont poursuivies ce week-end. Il sera décidé aujourd’hui si la réforme sera approuvée par le Parlement. Mais est-ce que cela briserait la résistance ?
Ce week-end également, l’usine d’incinération des déchets d’Issy-les-Moulineaux, dans la banlieue sud-ouest de Paris, a été bloquée et frappée.
Un jeune homme avec une barbe fournie, une chemise de bûcheron et une casquette Docker explique calmement mais résolument : « Ce qui m’inquiète, c’est l’injustice de cette réforme. Aussi en matière de timing : nous traversons actuellement une crise du pouvoir d’achat. Et les gens sont Ils ont faim. Ils volent leur temps, leurs vacances avec les enfants, et finalement leur vie. Il y a de quoi économiser partout. L’évasion fiscale en France, cela représente 100 milliards d’euros par an ! Obtenez d’abord les 100 milliards et ensuite travaillez sur vos retraites. ! »
Manifestations à travers le pays
Après de coûteuses concessions, la réforme du président Emmanuel Macron ne rapportera que douze milliards d’euros par an au lieu des 18 milliards initialement prévus. Mais cela amène les gens vers les barricades.
À Paris, les manifestations sur la place de la Concorde sont interdites. Les manifestants ont par exemple pris d’assaut les centres commerciaux du Hallenviertel. Sans compter la grève des éboueurs et plus de 10 000 tonnes de déchets sur les trottoirs. Un tiers de vols en moins à l’aéroport de Paris-Orly. Il y a moins de trains régionaux et moins de TGV dans les gares du pays.
A Lyon, un incendie s’est déclaré dans une mairie d’arrondissement. La production est à l’arrêt dans la plus grande raffinerie de France en Normandie. Des files d’attente se forment devant les stations-service de la Vallée du Rhône.
La colère face à l’article 49.3
La pierre d’achoppement n’est pas seulement la réforme elle-même, mais aussi l’article 49.3 de la Constitution. Le gouvernement a appliqué cette mesure afin que le texte puisse être adopté par le Parlement sans vote, à condition que le gouvernement survive aux votes de censure.
La leader parlementaire Yael Braun-Pivet ne considère pas que les actions du gouvernement constituent une défaite. Aucun consensus n’a été trouvé sur la réforme des retraites : l’article qui existe depuis le général de Gaulle est là pour de tels cas. « Il a été conçu contre les blocages politiques et en cas de majorité relative. C’est exactement ce que nous avons actuellement. Il a été utilisé 100 fois par toutes les forces politiques de droite et de gauche. Et bien que notre Constitution ait été amendée 24 fois depuis alors, personne n’a changé cet article ébranlé. »
Dissidents parmi les Républicains
Peut-être parce qu’aucun gouvernement n’est jamais tombé à cause de cela. Mais il réchauffe les esprits. A Nice, les vitres d’un bureau parlementaire ont été brisées et une potence a été barbouillée sur la façade avec la mention : « Vote de censure ou pavé !
Ce n’est pas n’importe qui qui a été concerné, mais plutôt le chef du groupe conservateur Les Républicains, Eric Ciotti. Il avait déclaré que son parti n’exprimerait pas de défiance à l’égard du gouvernement. Mais il y a des dissidents comme Pierre Cordier, qui s’est encore rendu ce week-end dans sa circonscription ardennaise. Il ne veut pas suivre la ligne du parti.
« Je suis très favorable à une réforme des retraites, mais pas à celle-ci. Il y a eu de nombreuses modifications dans le texte, certaines positives. Mais sur d’autres points, comme la prise en compte des difficultés de travail, il y a des marges d’amélioration. Et c’est pour cela qu’on me dit ici : Monsieur le Député, tenez bon !
Les opposants ont besoin de 287 voix
Ce n’est que si 26 autres conservateurs, soit près de la moitié des Républicains, font de même et que toute l’opposition vote oui à l’unisson, qu’un des votes de censure pourrait être adopté. Ils sont deux, l’un issu du Rassemblement national de droite et l’autre d’un bloc de centre gauche. Le vote du Parlement est prévu à 16 heures. Avec 287 oui, le gouvernement tomberait et sa réforme des retraites serait invalide.
Le président Macron s’était réservé publiquement, sauf lors des réunions de crise. Dimanche soir, alors que l’ambiance était au plus bas, il l’a fait savoir : il souhaitait que la loi sur les retraites achève son chemin démocratique auprès des autorités et que tous les députés soient protégés.
Si les motions de censure échouent, la réforme des retraites est considérée comme acceptée. Mais est-ce que cela briserait la résistance ?
Au contraire, affirme le jeune attaquant à la barbe pleine d’Issy : « Je ne sais pas si les gens vont démissionner. J’espère que non. Parce que le fait qu’ils aient appliqué l’article 49.3 était la meilleure bêtise qu’ils pouvaient faire. C’est ça c’est Démos, le soulèvement populaire, une nouvelle vigueur. C’était trop d’injustice !
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