Sur le chemin de la non-pertinence

En 2021, la Grande-Bretagne nous a offert un collier de perles avec des nouvelles d’affilée. Ils tournent autour de la marche pour accomplir un destin, le chemin de l’insignifiance, dont le Brexit est un chapitre, et un personnage qui fait office de Premier ministre, l’extravagant Boris Jhonson. Et cela et cela se confondent, comme si l’un avait besoin de l’autre.

Pour les politologues, le Oui du Brexit a mis l’axiome à l’épreuve : la Volonté du Peuple n’a pas tort. L’émotion patriotique du moment l’a emporté sur la rationalité d’un plan élaboré depuis des décennies. C’était se sentir anglais : être différent des continentaux. La conduite des voitures à gauche est maintenue malgré la fonctionnalité des pratiques unificatrices avec le reste du monde. Tenir la livre contre l’euro. Et pour sortir d’une Union européenne pour laquelle ils se battaient pour entrer contre la France qui s’opposait avec ténacité à leur adhésion au pacte, qui étaient leurs alliés dans la guerre, car De Gaulle ne pouvait admettre un pays qui préférait les Américains.

Hormis toute spéculation, ce qui s’est avéré vrai, c’est que les politiques ont encouragé les Anglais à voter pour Oui à embarquer dans une entreprise sans savoir vers quel port elle les conduirait. Teresa May n’a pas été en mesure de conclure un accord. Ni Boris Jhonson, on parle d’un accord, sérieux, solide et durable. La carte qui est jouée aujourd’hui est d’ignorer ce qui a été convenu contre le temps, sur les échéances établies.

C’est là que s’inscrit la personnalité de Boris Johnson. Un homme politique qui cultive le laisser-aller, attire avec la sympathie du bouffon, mais finit forcément dans une impasse, car dès le départ, ce qu’il vend, ce sont des fausses portes. Un haut diplomate français a résumé la situation par une déclaration directe : Jhonson est un menteur têtu. Macron a enfreint les protocoles, et exaspéré a explosé en déclarant que : vous pouvez négocier avec un gars qui n’est pas sérieux.

Ce que Jhonson laisse dans son sillage, c’est la destruction.

Les Irlandais du Nord se sentent trahis. Ils ont mené une guerre pour défendre l’Empire britannique sur l’île d’Irlande, dont ils ont pris certains districts du nord comme bastion. Le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne nécessite d’établir des limites entre l’une et l’autre, et sur le flanc irlandais, pas de frontière terrestre, toute maritime, sur la mer d’Irlande. Et les effets sont clairs. En Irlande du Nord et du Sud, les supermarchés anglais sont en rupture de stock et hors de prix. Les Irlandais sont approvisionnés en marchandises européennes.

Un traité pour satisfaire la promesse électorale laissait en l’air un problème majeur entre la France et l’Angleterre, celui des droits de pêche. Dans la Manche, la pêche se pratiquait de manière ordonnée. En raison de l’élan de Jhonson, c’est maintenant une incertitude au bord du tumulte.

On a vendu aux Anglais l’idée qu’ils seraient sauvés des réfugiés venant du sud et de l’est s’ils rompaient avec l’Union européenne, mais cette masse de migrants est une dérive qui avance sur la géographie indépendamment des frontières politiques. Si avant il existait des règles pour répartir les quotas d’asile contrôlés par le continent, désormais les Anglais doivent se charger de contrôler l’accès maritime des chevrons de nuit.

Il est vrai que le caractère insulaire des Anglais leur a conseillé de naviguer seuls, surtout lorsqu’au nom de leur marine ils ont construit l’Empire. Mais la mer ne les considère plus comme les patrons qu’ils étaient.

Aujourd’hui, ils ressemblent à des appendices américains, sinon comment l’Alliance AUKUS est-elle interprétée ? composé du premier, de l’Australie et de la Grande-Bretagne. De ce fait, Jhonson s’est d’ores et déjà acquis une nouvelle vantardise puisqu’il permet à son pays d’apparaître dans les initiatives maritimes asiatiques et, accessoirement, d’attaquer un affront à l’Union européenne dont il vient de sortir et à la France, sa rivale directe.

En effet, le message des Etats-Unis avec cette alliance est d’annoncer à l’Union européenne qu’elle ne compte plus dans la stratégie de confinement maritime de la Chine, et le coup de mano, prive la France d’un business sous-marin conventionnel promis et substantiel. L’affaire française était pour les États-Unis et avec des sous-marins à propulsion nucléaire. Les Britanniques prêtent leur prestige fané, et les revenus et le commandement viennent des États-Unis.

La Grande-Bretagne avait bâti son éclat en étant un centre international d’activités et d’événements. La capitale financière du monde a laissé place à d’autres capitales. Banco Santander UK, a transféré ses actifs en Espagne. HSBC flirte avec Hong Kong pour y installer son siège social. Francfort est laissé avec le siège de la Banque centrale européenne.

À la Frieze 2921 Art Fair, la langueur a été attribuée à la pandémie, mais certains suggèrent que le mal durera longtemps en raison des coûts plus élevés du déplacement de l’art des capitales européennes vers le territoire non européen. La capitale de l’art international ne manquera pas de se solidifier en Suisse avec Art Basel.

La dernière perle a été le limogeage du trône anglais du gouvernement de la Barbade, qui ne voit plus de protection dans le fait d’avoir Elizabeth comme reine. Un détrônement cordial auquel assistait le prince Charles si dodu comme s’il ne s’apercevait pas que la décapitation était celle de sa mère.

Ce sont toutes des conséquences prévues pour le sort de la Grande-Bretagne, des remontrances des opposants au Brexit, ou sa sortie hâtive et impromptue. Des questions vitales restent à résoudre. Cela a été une opération étrange, une marche audacieuse vers une zone à risque incertaine, mais avec détermination, une avec la marque Jhonson, d’une joyeuse irresponsabilité, puis nous partirons vers le précipice, Je dirais copier León de Greiff, comme celui qui veut accomplir un destin, indépendamment de la marche aveugle, trébuchant, tâtonnant, ce qui semble être arrivé à l’Empire britannique depuis son effondrement, après la Seconde Guerre mondiale, et bien illustré par un expert en politique internationale de l’ère de la guerre froide, en faisant cette déclaration, qui est toujours d’actualité, un demi-siècle plus tard : La Grande-Bretagne a perdu un empire et n’a pas encore trouvé son rôle dans le monde (Doyen Acheson, 1962).

Avec cette chronique, la saison se termine. Bon repos à mes lecteurs.

Nihel Beranger

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