journaliste de tournée
L’Erythréen Biniam Girmay vise une victoire d’étape sur le Tour de France. Seul Noir et l’un des deux seuls Africains du peloton, il porte les espoirs de tout un continent.
Le Tour de France est un autre monde. Biniam Girmay l’avait déjà remarqué lors des dix premiers jours en France. Ce n’est pas différent pour lui que tous les autres débutants de la tournée – ils n’y croient que lorsqu’ils en font eux-mêmes l’expérience. « Maintenant, je comprends à quel point c’est difficile »dit Girmay : « J’ai couru le Giro l’année dernière et j’ai visité quelques monuments. Mais ici en France, c’est un tout autre niveau. »
Seulement deux pilotes du continent africain
Biniam Girmay, 23 ans, d’Erythrée a parcouru un long chemin pour arriver à ce niveau. Le cyclisme n’est pas encore très diversifié. Malgré la mondialisation, ce sont surtout des Européens, des Nord-Américains et des cyclistes professionnels d’Océanie qui composent la majorité du peloton.
Sur les 176 coureurs partis de Bilbao le 1er juillet, 166 viennent de ces trois continents. Il y a également six pilotes d’Amérique du Sud, deux pilotes d’Asie et deux pilotes du continent africain – le Sud-Africain Louis Meintjes et l’Erythréen Biniam Girmay. Les deux conduisent pour l’équipe Cirque Intermarché Wanty.
Girmay est également le seul coureur noir du peloton. Ce n’est pas le premier, mais l’accès au secteur professionnel, notamment pour les cyclistes africains, reste nettement plus compliqué que, par exemple, pour les européens. Il manque les structures nécessaires, notamment financières, pour accéder aux courses importantes en Europe dans les classes juniors, où les talents du sport professionnel sont encore recherchés et découverts.
Les réalisations de Girmay sont la prochaine étape
Le cyclisme est une grande chose dans la patrie de Girmay, l’Érythrée – une partie de l’héritage colonial des Italiens qui ont apporté le sport avec eux. Lui-même avait douze ans lorsqu’il a commencé à faire du vélo. Et à l’époque, Girmay était fermement convaincu que la participation au Tour de France était réservée aux seuls Blancs. « Je suis la tournée depuis que j’ai 15 ans, il n’y avait pas de mecs noirs à l’époque, alors c’est ce que je pensais. »dit Grimay.
Des coureurs comme Merhawi Kudus, Natnael Berhane ou Daniel Teklehaimanot, qui ont porté le maillot de montagne à pois pendant quelques jours sur le Tour de France en 2015, lui auraient déjà ouvert la voie, a dit un jour Girmay, car ils auraient montré que le ascension vers le tour du monde est possible.
Mais c’est lui qui a franchi l’étape suivante pour le cyclisme en Érythrée et sur le continent africain. L’an dernier, Girmay est devenu le premier homme noir à remporter une classique printanière (Gent-Wevelgem) et a remporté une étape de la Tour d’Italie. En juin, il a ensuite fêté une victoire d’étape au Tour de Suisse. « Quand il sent qu’il peut gagner, il peut vraiment repousser ses limites et est super concentré pour être au top »dit son coéquipier Georg Zimmermann.
Via le Centre Mondial du Cyclisme vers l’Europe
Après ses succès, c’est Girmay qui inspire les jeunes cyclistes de son pays d’origine et de tout le continent africain. « C’est toujours bien d’avoir une idole dans son pays ou son continent »dit Girmay : « Les autres ont concouru mais les victoires étaient rares. Je reçois beaucoup de messages de jeunes coureurs me demandant ce que c’est que de courir contre les grands sprinteurs ou de gagner une étape du Grand Tour. »
Girmay est certain qu’il existe un grand réservoir de talents cyclistes dans son pays d’origine qui a juste besoin d’avoir la possibilité de courir en Europe. Son propre chemin l’a conduit via le Centre du Cyclisme UCI à aigle en Suisse. La Fédération mondiale de cyclisme y a son siège et utilise ce programme pour promouvoir les talents cyclistes en dehors des principaux marchés principaux.
Il avait 19 ans quand il a commencé là-bas. Au bout d’une semaine, il aurait préféré repartir. Les journées étaient trop structurées pour lui et il avait le mal du pays pour sa famille. Cela n’a fait que s’améliorer avec les courses. Jusqu’à ce qu’il comprenne enfin son équipe actuelle Cirque Intermaché Wanty dans le tour du monde et avait maintenant atteint la plus grande étape du cyclisme, le Tour de France.
Déjà troisième à Bordeaux
Le parcours via Aigle et le Centre Mondial du Cyclisme UCI est réservé à quelques privilégiés. Girmay estime donc qu’il doit y avoir d’autres moyens pour davantage de cyclistes africains de percer dans l’élite mondiale. A propos d’équipes juniors, comme celle de sa propre équipe, qui dispute deux classes en dessous des courses du World Tour au niveau Continental depuis cette année.
Cette équipe comprend également un jeune coureur érythréen, Aklilu Arefayne. Là-bas, des personnes talentueuses auraient la possibilité de se développer davantage avec le même matériel, le même entraînement et des courses importantes. « C’est la voie sur laquelle nous devons nous engager »trouve Girmay.
Pour lui, le voyage continue désormais à travers la France. Mercredi (12 juillet 2023) lors de la 11e étape à Moulins, les sprinteurs – et donc aussi Girmay – ont la prochaine chance de gagner une étape. C’est le but déclaré de Girmay. A Bordeaux, il a terminé troisième de la 7e étape. « On a eu des bons et des mauvais jours, mais j’en ai tiré des leçons », dit Girmay. Il a aussi cela en commun avec les autres débutants de la tournée.
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