Un second tour disputé en France

Gaspard Estrade

Dimanche dernier, les Français se sont rendus aux urnes pour le premier tour de l’élection présidentielle. Et, comme prévu, le président Emmanuel Macron et la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen disputeront le second tour, qui se tiendra le 24 avril. Ce qui n’était pas prévu par les sondages d’opinion, c’est qu’Emmanuel Macron a obtenu un résultat (27,8 %) supérieur. que prévu, au-dessus des 26 % que les sondages lui donnaient quelques heures avant le vote. Le résultat non plus de Jean-Luc Mélenchon, candidat du parti La France Insumisa (près de 22 %), crédité d’environ 17 % avant le premier tour.
En ce sens, l’élection a confirmé la transformation du système de partis de la cinquième république française. Jusqu’à présent, ce système était dominé par deux grandes formations politiques, Les Républicains (LR) et le Parti socialiste (PS), qui se partageaient le pouvoir depuis les années 1960. À partir de 2017, cette situation a radicalement changé.
D’un côté, le parti d’extrême droite Front national, fondé au milieu des années 1970 par Jean-Marie Le Pen, qui avait déjà disputé deux seconds tours de l’élection présidentielle (2002 et 2017), a obtenu son meilleur résultat électoral lors d’une élection présidentielle – un peu plus de 23 pour cent des voix. A cela, il faut ajouter une stratégie intelligente de « dé-diabolisation » de la figure de Marine Le Pen, qui a centré son discours de campagne sur les questions économiques, au lieu de parler de ses positions xénophobes, racistes et antisyndicales. Européen. En ce sens, la présence de l’ancien polémiste d’extrême droite, Eric Zemmour, dans la campagne présidentielle a également contribué à positionner ce changement dans le discours du leader d’extrême droite. En effet, ses déclarations étaient encore plus radicales que celles de Le Pen, qui ont mécaniquement « recentré » le message politique du chef du « Rassemblement National » (RN-Rencontre Nationale).
En revanche, les partis auparavant considérés comme « gouvernementaux », LR et PS, ont été engloutis par le parti politique du président Emmanuel Macron, « La République en marche » (LREM-La République en marche). En fait, ces partis n’ont même pas obtenu 8 % des voix, alors qu’il y a à peine 10 ans, ils avaient réussi à en obtenir plus de la moitié. De nombreux ministres et anciens ministres, ainsi que des parlementaires et responsables politiques régionaux du PS et de LR ont rejoint les rangs de LREM. Bien que ce parti ait eu beaucoup de mal à gagner les élections locales, et donc à construire une structure territoriale dense, le régime politique français, qui est présidentiel, contribue à faire de ce parti l’un des nouveaux moteurs de la Ve République. Ainsi, les élections législatives qui ont eu lieu en juin 2017, juste après les présidentielles, ont été un franc succès pour l’ancien ministre de l’économie de l’ancien président François Hollande, malgré sa faiblesse territoriale.
Enfin, le troisième acteur de poids qui a émergé de cette bataille électorale est Jean-Luc Mélenchon, qui vient occuper un rôle central dans la recomposition politique de la gauche française. Ayant obtenu 11 % des suffrages en 2012 et 19,5 % en 2017, de nombreux analystes pensaient que Mélenchon n’obtiendrait guère plus de suffrages lors de cette élection. Pourtant, dans la dernière ligne droite de sa campagne, l’ancien sénateur socialiste a réussi à attirer une grande partie de l’électorat de gauche, qui a exprimé dans les sondages son désamour face à l’offre électorale de ce champ politique, et notamment du Parti socialiste. , qui a couru pour l’actuel maire de Paris, Anne Hidalgo.
Désormais, la question à un million de dollars est de savoir lequel d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen parviendra à remporter le second tour. Et contrairement à ce qui s’est passé il y a cinq ans, où le jeune ex-banquier d’affaires battait facilement le leader d’extrême droite, cette année le scénario est bien plus compliqué. Une grande partie des électeurs de Mélenchon ne votera pas pour Macron au second tour. De sorte que, paradoxalement, si le discours de campagne a été marqué à droite, la clé de l’élection sera à gauche.

* Directeur Exécutif de l’Observatoire Politique d’Amérique Latine et des Caraïbes (OPALC) basé à Paris

Twitter : @Gaspard_Estrada

Nihel Beranger

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