Le conseil d’administration de la Banque des règlements internationaux (BRI, pour son sigle en anglais) a élu ce jeudi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, comme nouveau président, en remplacement de l’Allemand Jens Weidmann, qui vient de a quitté son poste à la tête de la Bundesbank. Son mandat commence avec effet immédiat et dure trois ans.
La nomination de Villeroy de Galhau (Strasbourg, 62 ans) va encore accroître la part de la puissance française dans les principales organisations internationales : elle avait déjà, entre autres, Christine Lagarde à la tête de la Banque centrale européenne (BCE) ; avec Laurence Boone en tant qu’économiste en chef de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, groupe de réflexion pays riches) ; et aura bientôt aussi Pierre-Olivier Gourinchas à la tête du puissant Département des études du Fonds monétaire international (FMI), poste pour lequel il a été nommé cette semaine. Emmanuel Macron aura ainsi la possibilité de vendre aux électeurs un poids bien plus important de son pays dans certaines des organisations économiques les plus puissantes de la scène internationale avant les élections d’avril.
Villeroy de Galhau est une vieille connaissance de l’arène économique européenne. Visible à la tête de la banque centrale française depuis septembre 2015, date à laquelle a été proposé pour le poste par le président de la République de l’époque, le socialiste François Hollande, vient d’être réélu il y a trois mois par le centriste Macron pour un second mandat de six ans. Son arrivée à la Banque de France n’a pas été sans controverse, après que près de 150 économistes eurent rejeté sa nomination en raison de son passé de numéro deux de BNP Paribas, la plus grande institution financière de la zone euro en termes d’actifs. Son principal concurrent dans cette carrière fut, paradoxalement, Benoît Coeuré, jusqu’à présent directeur du centre d’innovation BIS et qui vient d’être élu nouveau président de l’Autorité de la concurrence.
Au fil des années, cependant, Villeroy de Galhau s’est bâti une meilleure image dans le monde financier et académique. En 2019, en effet, son nom sonnait déjà fort pour remplacer Mario Draghi – aujourd’hui Premier ministre italien – à la tête de la BCE, une carrière dans laquelle son compatriote Lagarde a fini par s’imposer malgré son profil éminemment politique et son inexpérience en politique monétaire, une accréditation que le nouveau président de la BRI possédait. Diplômé de l’École nationale d’administration, berceau académique des élites politiques et économiques françaises, avant de rejoindre BNP Paribas et la banque centrale il est passé par le Trésor, il a été conseiller principal pour les affaires européennes du ministre des Finances puis du Premier ministre socialiste. Pierre Bérégovoy, a été directeur de cabinet de deux chefs de l’économie également socialistes —Dominique Strauss-Kahn et Christian Sautter— et a été directeur général des Hommages dans le gouvernement de Lionel Jospin.
Sans être loin d’être hétérodoxe, l’approche idéologique du banquier central français représente un tournant par rapport à celle de son prédécesseur dans le coordinateur des banques centrales, Weidmann, l’une des figures de proue de l’ordolibéralisme, leader de facto du faucons Européens ces derniers temps et ardent défenseur de l’orthodoxie monétaire au conseil des gouverneurs de la BCE dans le c’était Draghi, avec qui il est entré en collision à plusieurs reprises. Villeroy de Galhau a toujours pris la défense de l’Italien.
Les attributions des Français dans la BRI, qu’il rendra compatibles avec sa position à la tête du deuxième institut d’émission de la zone euro -après la Bundesbank-, passent par la conduite de la « direction stratégique et politique » de l’organe basé à Bâle (Suisse), dont la gestion est du ressort du conseil d’administration. La grande majorité des fonctions exécutives et des opérations courantes resteront entre les mains du PDG, le Mexicain Agustín Carstens, qui vient de renouveler son mandat. La plus haute instance dirigeante de la BRI compte 18 membres, dont 12 tournants et les six autres – les dirigeants des banques centrales des États-Unis, du Royaume-Uni, d’Allemagne, de France, d’Italie et de Belgique – permanents.
Connaître en profondeur tous les côtés de la médaille.
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