Quiconque pense aujourd’hui au Moulin Rouge pense immédiatement au fameux « can-can », la danse française débridée représentée et copiée depuis plus d’un siècle ; en fait, le restaurant parisien en forme de moulin à vent mérite d’être approfondi. Pour mieux comprendre les raisons de ce succès mondial, il convient de rappeler les conditions sociales et politiques de la France à la fin du XIXe siècle. En 1870-1871, la France avait été lourdement vaincue par la Prusse dans la malheureuse guerre franco-prussienne, plongeant dans une crise économique compliquée et passant en peu de temps du « Second Empire » à la « Troisième République » ; avec des effets secondaires aussi pour les Italiens qui pourront profiter de la crise française pour annexer Rome, qui n’est plus garnie par les troupes transalpines, rappelées en hâte dans leur patrie. Cependant, les Français font preuve d’une résilience extraordinaire et d’un désir extraordinaire de récupération et dans les décennies suivantes Paris redeviendra la capitale mondiale des arts et de la vie nocturne ; c’est ainsi que la France a anticipé la « Belle Époque » d’au moins vingt ans, la diffusant dans tout le monde occidental, jusqu’au tragique effondrement mondial de la Première Guerre mondiale.
L’idée d’un lieu en forme de moulin pour les animations « adultes » n’est pas nouvelle : le « Moulin de la Galette » est inauguré dans le quartier de Montmartre en 1870.
Les deux entrepreneurs Charles Zidler (1831-1897) et Joseph Oller (1839-1922), déjà fondateurs de la célèbre « Olympia de Paris », reprennent ce format et créent en 1889 le Moulin Rouge boulevard de Clichy, dans le quartier de Pigalle. . L’ameublement et la décoration s’inspirent du style dit « fin de siècle », hybride entre les couleurs fortes du XIXe siècle et les formes révolutionnaires des avant-gardes déjà prêtes à exploser au XXe siècle.
Le 6 octobre, il y a 130 ans, le nouveau lieu était inauguré et ouvert au public.
Le succès est instantané, grâce aussi à des performances telles que celles de la ballerine Louise Weber (1866-1929), dite La Goulue (la gourmande), célèbre pour ses « coups », du contorsionniste Renaudin et du « Pétomane » joué par le meneur de jeu Pujol (les Paganini del peto), capable de reproduire des pièces musicales en modulant les sons intestinaux (un siècle plus tard le personnage sera réinterprété pour le cinéma par Ugo Tognazzi).
L’une des anecdotes les plus savoureuses proliférées dans la mythologie du Moulin Rouge est attribuée à la goulue qui, le 26 octobre 1890, alors que le prince de Galles apparaît parmi les clients, se met à danser juste devant le futur roi Edouard VII d’Angleterre en s’adressant à lui : « Hé, Pays de Galles, tu payes le champagne hein ! ».
Pourtant, l’artiste qui contribuera à la renommée éternelle du Moulin Rouge n’est pas un showman mais le grand peintre Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) qui fixera sur toile, comme dans une suspension métaphysique, les figures humaines qui circulent dans la pièce .
En 1900, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris, le Moulin Rouge sera l’attraction la plus importante après la tour Eiffel et les clubs du même nom verront le jour dans le monde entier.
Le Moulin Rouge est toujours actif aujourd’hui et dans sa longue biographie il y a eu des artistes tels que Mistinguett, Joséphine Baker, Edith Piaf, Ginger Rogers, Charles Aznavour, Elton John, Juliette Binoche etc.
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