Le semestre européen commence pour la France : ce sera entre deux tours électoraux où Macron joue tout

Relance, Puissance, Appartenance. Avec ce slogan, le président français Emmanuel Macron prendra la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne à partir du samedi 1er janvier. Mais il est bon de préciser tout de suite qu’il s’agira d’un semestre très particulier, par à-coups, conditionné par les résultats des élections présidentielles d’avril et des élections législatives de juin.

Macron se déclarera candidat très tardivement (peut-être seulement fin février), se concentrant dans les premières semaines de l’année sur l’engagement européen joué comme un tremplin à utiliser pour une reconfirmation à l’Elysée. S’il l’emporte, il convoquera un grand sommet le 9 mai (journée de l’Europe) pour présenter par une déclaration solennelle le résultat de la Conférence sur l’avenir de l’Union. Le travail est déjà en cours et les Français voudraient rouvrir la question du Spitzenkandidat à cette occasion pour arriver à une sorte d’élection directe du président de la Commission. La proposition française prévoit également le droit d’initiative du Parlement européen et dans certains cas la fin du vote à l’unanimité des Vingt-sept.

Premier engagement de la présidence française au sommet des ministres de l’UE sur le numérique

Parmi les premiers engagements de la présidence française figurera certainement un sommet ministériel en janvier sur le numérique (après que le Parlement européen aura donné son feu vert à la loi pour le numérique). La France souhaite que les réglementations DSA et DMA soient adoptées rapidement pour réguler l’utilisation des services numériques et la concurrence des grandes plateformes. Autre sujet brûlant, la transition écologique : Macron vise à faire approuver la taxe carbone aux frontières. En matière d’immigration, nous voulons mettre en place une salle de contrôle de l’espace Schengen avec des réunions ministérielles régulières ; introduire un système d’aide d’urgence aux crises frontalières basé sur Frontex et sur le renforcement de la coopération intergouvernementale entre les forces de police. Le président français tentera de relancer les négociations sur le Pacte pour l’immigration mais sans grandes ambitions alors qu’un sommet sur l’Afrique est déjà prévu pour renouveler les partenariats.

Après les élections, conférence sur les Balkans occidentaux et sommet de l’UE sur la défense

Après les deux tours des élections à la présidence française, la tâche de convoquer en juin une conférence sur les Balkans occidentaux (dossier sur lequel Rome et Paris travailleront main dans la main) et le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement pour approuver la stratégie boussole sur la défense européenne avant le conseil de l’OTAN des 29 et 20 juin à Madrid. Dans les vœux de fêtes de fin d’année à ses compatriotes présents en Italie, l’ambassadeur de France en Italie Christian Masset a rendu hommage à l’amitié italo-française encore renforcée après la signature du traité du Quirinal et expliqué en quoi devaient consister les trois objectifs être traduit de la présidence. La relance, c’est plus d’emplois, défense du pouvoir d’achat mais aussi transition écologique ; la puissance, c’est la nécessité pour l’UE d’être de plus en plus un acteur dans le monde sur les grands enjeux mondiaux ; appartenir à Masset, c’est « être fidèle à nos valeurs ».

Une « blitzkrieg » pour clore les dossiers matures et en ouvrir de nouveaux

Macron voit la présidence de l’UE comme une sorte de guerre (« blitzkrieg ») pour clore les dossiers déjà examinés et en lancer de nouveaux. La réforme du Pacte de stabilité est une priorité qui le place en première ligne avec Mario Draghi ainsi que dans la relance de l’économie et dans la lutte contre la pandémie. L’harmonie avec l’Italie est très forte mais pas de nature à obscurcir les relations avec le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz. Macron et Draghi s’accordent sur l’assouplissement des règles pour inciter au financement de projets de transition verte et numérique et s’ouvrir à des instruments budgétaires communs, sur le modèle du mécanisme SURE. Une autre priorité est l’achèvement de l’Union bancaire mais à Paris on a conscience que les positions allemandes sont toujours hostiles au projet européen d’assurance sur les dépôts bancaires.

Nihel Beranger

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