Le Parlement français a voté mercredi (23) en faveur de l’allongement du délai d’interruption volontaire de grossesse de 12 à 14 semaines.
Le projet de loi, rédigé par un député de l’opposition mais soutenu par le parti majoritaire du président Emmanuel Macron, est une réponse au manque de professionnels de santé et à la fermeture progressive des centres dédiés à la réalisation de l’intervention.
C’est une dernière réforme sociale avant l’élection présidentielle d’avril et c’est un clin d’œil aux électeurs de gauche. Le texte a été définitivement adopté par un vote à l’Assemblée nationale, par 135 voix pour, 47 contre et 9 abstentions, après un long parcours parlementaire, entamé en octobre 2020.
C’est un texte « responsable » qui « est fidèle au combat pour l’émancipation des femmes », a salué le ministre français de la Santé, Olivier Véran.
En France, l’avortement est connu sous l’acronyme IVG, qui signifie Interruption Volontaire de Grossesse.
Oliver Véran, ministre français de la Santé, lors d’une assemblée à Paris, ce mercredi (23) – Photo : Sarah Meyssonnier/Reuters
Présenté par Albane Gaillot, ancienne députée de La République en marche, parti de Macron (LREM), qui a migré vers le parti vert, le texte multipartite a reçu le soutien du chef de file des députés LREM et ancien ministre. de l’Intérieur. , Christophe Castaner.
La députée socialiste Marie-Noëlle Battistel a rappelé que, chaque année, 2 000 Françaises sont contraintes de partir à l’étranger pour se faire avorter car elles ont dépassé les délais légaux imposés en France.
Le projet propose également d’étendre la pratique de l’avortement instrumental aux sages-femmes.
« Plus que des médecins en France, ils peuvent désormais pratiquer des IVG médicamenteuses depuis 2016 », explique Albane Gaillot.
Initialement, le texte prévoyait la suspension de la « clause particulière de conscience », qui permettait aux médecins de refuser de pratiquer un avortement. Cependant, le changement pourrait signifier plus de retard et le risque que le projet n’avance pas à l’Assemblée.
Emmanuel Macron s’exprimant à l’Elysée à Paris le 17 février 2022 — Photo : IAN LANGSDON/Reuters
Le chef de l’Etat français avait déjà exprimé son opposition sur le sujet. Après une visite au pape François, Macron avait estimé que « des délais supplémentaires ne sont pas un traumatisme neutre pour une femme ». Cependant, le président a déclaré qu’il « respecte la liberté des parlementaires » sur le sujet. Ces propos ont suscité de nombreuses critiques de la part des défenseurs des droits des femmes.
Pour certains observateurs de la politique française, le rallongement du délai de réalisation des IVG est un petit signe, déjà à la fin du quinquennat de Macron, dans le but de donner une orientation plus progressiste à l’équilibre du gouvernement macroniste.
Les conservateurs tentent d’entraver le vote
Le projet de loi a cependant provoqué la colère des militants pro-vie de l’Alliance Vita et d’un parti de droite au Sénat et à l’Assemblée nationale, qui ont cherché à faire obstruction au vote. Une motion de rejet a été présentée par la parlementaire d’extrême droite Emmanuelle Ménard, qui a été rejetée.
La cheffe de file des députés du parti de la Gauche radicale La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, a critiqué un combat d’« intolérants ».
L’affaire a atteint les candidats à la présidentielle. Dans un entretien au magazine Elle, la candidate du parti Os Républicains (droite conservatrice) à la présidentielle, Valérie Pécresse, a regretté la mesure. Pour elle, le délai de 14 semaines est « une tentative de détourner le regard du vrai problème : l’accès aux centres d’IVG et l’absence de gynécologues et de sages-femmes », a-t-elle dénoncé.
Candidat à la présidence de la France, Valérie Pécresse, dans un discours le 21 février 2022 – Photo : Gonzalo Fuentes/Reuters
Les résultats des sondages d’opinion soulignent cependant que les Français continuent d’être massivement favorables au droit à l’avortement, une mesure remise en cause dans d’autres parties de l’Europe et notamment à l’Est.
La plupart des pays membres de l’Union européenne autorisent la pratique de l’IGV jusqu’à 12 semaines. Certains vont plus loin que la France : 18 semaines en Suède, 24 au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. A Malte, l’avortement est interdit, tandis qu’en Pologne l’intervention ne peut être pratiquée que par des victimes d’inceste, de viol ou de risque pour la vie de la mère.
“Coffee addict. Lifelong alcohol fanatic. Typical travel expert. Prone to bouts of apathy. Internet pioneer.”