Seules quelques personnes sont venues place de la Libération dans la banlieue parisienne de Vitry-sur-Seine portant leurs gilets de sécurité jaune vif par-dessus leurs vestes. Là, ils se tiennent à un rond-point et passent autour d’un mégaphone. « Rejoignez-nous », crie une femme. « Ensemble, luttons pour nos retraites, pour nos vies ! Contre les capitalistes, ces hypocrites ! Viens avec moi ! »
Mais les voitures continuent d’avancer. Lorsque le mouvement des gilets jaunes a commencé il y a quatre ans, ils étaient tellement nombreux qu’ils pouvaient fermer des ronds-points comme celui-ci. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans les rues chaque week-end pendant des mois, parfois violemment.
Le gouvernement a rapidement retiré l’écotaxe prévue sur le carburant. Le président Emmanuel Macron a organisé des débats citoyens à travers le pays pour donner aux gens un sentiment de participation politique et apaiser le mouvement de colère.
Désormais, certains politiques craignent leur retour, même si les gilets jaunes ne sont pas encore parvenus à se mobiliser comme ils le faisaient à l’époque. Dimanche prochain, le parti de gauche « La France Insoumise » (« La France récalcitrante »), avec le soutien des Verts, des Socialistes et des Communistes, organise une « marche contre la vie chère et l’inaction contre le changement climatique » à Paris. Les syndicats ne se joignent pas officiellement à la manifestation, mais 700 militants ont appelé à participer en leur propre nom.
Retraité à 60 ans
Par ailleurs, la CGT marxiste organise une journée de grève mardi prochain. La pression sur le gouvernement s’accroît. Le patron de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a annoncé dimanche un « moment clé » de la vie politique car il « montrerait le rapport de force central dans la société : Macron contre le peuple, le peuple contre Macron ».
Les demandes vont du gel du prix de l’énergie et des produits de consommation courante à l’introduction d’un impôt sur les bénéfices excédentaires, en passant l’âge de la retraite de 62 à 60 ans et en augmentant les salaires. L’inflation en France, à 5,6%, est nettement inférieure à celle de presque tous les autres pays de l’OCDE en raison d’une remise sur les réservoirs en vigueur depuis avril et du plafonnement des prix de l’énergie introduit depuis octobre 2021.
Mais cet aspect est souvent négligé, constate Laurence de Nervaux, directrice du think tank Destin Commun, qui a mené une étude comparative internationale sur la perte de confiance généralisée. « Les raisons de la crise de l’inflation ne sont pas comprises par une grande partie de la population », explique-t-elle. « En juillet 2022, 65% des Français disaient ne pas les comprendre, contre 35% en Allemagne. »
Les conséquences : un sentiment généralisé d’insécurité et de méfiance. Récemment, il y a également eu des goulots d’étranglement dans l’essence. En raison de grèves dans six des sept raffineries françaises et sept grands parcs de stockage, il y a eu un manque de carburant pendant des jours environ un tiers, et dans certaines régions jusqu’à la moitié des stations-service. Enfin, la Première ministre Élisabeth Borne a ordonné que le personnel soit obligé d’effectuer des services d’urgence – malgré le droit de grève, l’État a la possibilité de le faire.
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