Il y a vingt-quatre millions d’Italiens qui ont mal au ventre, une armée aux prises avec brûlures d’estomac, reflux, syndrome du côlon irritable, ventre gonflé, constipation, surpoids, voire rhumatismes, insomnie et chute de cheveux… tous les troubles de diverses manières liés à problèmes gastro-intestinaux qui concernent désormais 40% de la population, et qui sont perçues de manière encore plus aiguë et agaçante avec l’arrivée de l’automne. Pour cette raison, après avoir conquis les classements français, le best-seller « La digestion magique”(Libreria Pienogiorno) a également immédiatement atteint le sommet des italiens. Fruit des études du biologiste alimentaire Kahina Oussédik, le livre est un véritable manuel, simple et efficace, pour résoudre les problèmes qui nous tourmentent souvent après les repas : « Apprendre à associer les aliments, ou à les dissocier, est très important. Les bénéfices sont immédiats, et nous permettent d’éviter que ces désagréments n’entraînent de graves problèmes pour notre santé. De plus, les bonnes combinaisons alimentaires sont également capables de nous faire perdre ces kilos superflus que nous nous retrouvons à accumuler même sans avoir des repas particulièrement abondants « . Exclusivement pour les lecteurs de Magazine FQ, nous avons demandé au Dr Kahina Oussedik une analyse approfondie des thèmes de « La digestion magique”.
Docteur Oussedik, l’automne semble représenter le pic des problèmes digestifs. Parce que?
La réflexion la plus correcte pour commencer est peut-être : Est-ce que manger des aliments liquides est bon pour notre corps ? La réponse est non! Nous sommes nés avec des dents, un ventre et un intestin, leur plus grand bonheur est de faire leur travail ! Souvent, à l’arrivée de l’automne, on pense à transformer tous les légumes et fibres en soupes et purées… mais savez-vous que le mixeur et les machines à faire les soupes sont si rapides qu’au final il ne reste plus ni fibres ni minéraux ? Non.Dans le mélangeur, tout, fibres et minéraux, est détruit par rotation. Fondamentalement, il ne reste que de l’eau salée. C’est aussi pourquoi les femmes souffrent encore plus de troubles gastro-intestinaux que les hommes. Les aliments que nous mangeons doivent être enveloppés de salive et mâchés par les dents qui les transforment en grumeaux, que notre estomac est ensuite heureux de transformer en un liquide reconnaissable de l’intestin. Quand on mange des aliments liquides, cependant, la première phase essentielle de la digestion, celle qui se déroule dans la bouche, n’est pas respectée. En conséquence l’intestin ne reconnaît pas ces aliments, mais doit encore les transformer : à partir de là, les gonflements commencent. Le début de la fermentation est négatif car ce phénomène est l’arme mortelle que l’intestin doit utiliser lorsqu’il ne peut pas digérer. Les étapes doivent toujours être respectées : mastication, transformation par l’estomac, puis par l’intestin.
Les problèmes gastro-intestinaux et digestifs sont en augmentation même chez les jeunes et les très jeunes…
C’est ça. Nous vivons à une époque où notre alimentation devient de plus en plus modifiée, de plus en plus synthétique, de plus en plus chimique. Le sucre que consomment les adolescents d’aujourd’hui n’est plus ce que nos grands-parents connaissaient, il devient de plus en plus blanc, je dirais fluo ! Et même la farine d’aujourd’hui devient plus blanche et plus raffinée. Nous avons oublié que le sucre qui sort de la canne à sucre est brun foncé. Nous avons oublié que la farine qui vient des champs de blé est gris-brun foncé. Nous avons oublié que les vaches de nos grands-parents produisaient 6 litres de lait par jour et non 20. Nous sommes allés vers la surproduction. A partir du moment où nous avons pris la décision de blanchir chimiquement nos aliments, peut-être parce qu’ils vendent plus, nous avons introduit des molécules chimiques dans nos plaques. Nos enfants mangent du pain blanc transformé, ils mangent du sucre blanc et maintenant ils obtiennent des sirops de sucre, une véritable molécule chimique. Les années à venir seront compliquées pour les adolescents d’aujourd’hui, car ils deviendront demain de jeunes adultes avec des taux très élevés de diabète, de cholestérol et d’hypertension. Car ils auront connu des altérations de leur flore intestinale, de leur microbiote, causées par tous ces sucres chimiquement modifiés. La constipation ou la diarrhée ou les douleurs intestinales sévères dont souffrent vos adolescents sont autant de signes avant-coureurs, de inflammation de leurs tubes digestifs, auquel il faut prêter une grande attention.
La chute des cheveux pourrait-elle aussi être liée à des troubles digestifs ?
Une mauvaise digestion et des aliments mal associés provoquent des ballonnements, des douleurs intestinales mais surtout la dysbiose, c’est-à-dire le déséquilibre du microbiote, de la flore intestinale. Celui-ci transforme la paroi intestinale en une véritable passoire, ce qui permet aux bactéries intestinales de passer anormalement dans la circulation sanguine. De là, ils peuvent surgir carences en vitamines B, B9 et minéraux (zinc, sélénium), ainsi que carences en vitamines C et A. Les inflammations intestinales rendent le travail du tube digestif difficile et cela signifie qu’il absorbe moins de vitamines et de minéraux. Bref, oui, le bon régime et les bonnes combinaisons alimentaires peuvent aide-nous à garder nos cheveux beaux, pour la tonifier, ou au contraire contribuer à la chute des cheveux.
Et l’insomnie ?
Une fois que la ménopause est exclue comme cause, elle peut la causer insomnie, problèmes de thyroïde ou encore faible taux de testostérone chez l’homme, on peut parler d’insomnie causée par de mauvaises associations alimentaires. Une simple salade, lorsqu’elle est habillée de vinaigre et ajoutée avec des graines de citrouille, de chia ou de tournesol, marque le début de la guerre dans votre intestin, avec gonflement, brûlures d’estomac et reflux acide ! Mais l’insomnie peut aussi être causée par une bonne viande rouge pour le dîner. Parce que viande rouge il est naturellement riche en protéines qui apportent beaucoup de tyrosine, un acide aminé dopant pour le système cérébral, qui nous empêche de bien dormir. Son effet est amplifié par une mauvaise association d’acide, plus d’amidon, plus de protéines animales.
Quelles habitudes ou comportements peuvent exacerber ou diminuer ces malaises ?
Mangez de tout, mais combinez les aliments différemment si vous voulez faire la paix avec votre digestion ! C’est le point central de mon livre. Associer certains aliments entre eux et éviter d’en combiner d’autres dans un même repas est à la base une idée très ancienne. Ce sont des recommandations qui, dans de nombreux cas, ont été vérifiées par la science moderne. D’après mes recherches, les bonnes combinaisons alimentaires permettent de soulager bon nombre de problèmes digestifs et d’éviter le stockage qui conduit à l’accumulation de poids. Pour bien digérer, la priorité est avant tout de bannir les produits transformés de votre assiette et chasser le sucre caché. Mais même si nous mangeons de manière équilibrée et privilégions les aliments « faits maison », nous sommes nombreux à souffrir de ballonnements, de reflux acides, de troubles du transit intestinal. Ces troubles ont tendance à s’aggraver avec l’âge, car le système digestif devient « saturé » face à une alimentation trop compliquée. Pour cette raison, aucun aliment naturel n’est à bannir, pas même ceux qui contiennent du gluten, mais ils doivent être associés de manière différente pour éviter ces combinaisons qui « ne passent pas ».
La première règle est : ne mélangez pas les sucres lents et les acides. Les sucres lents (ou amidons) sont lentement transformés par notre tube digestif puis lentement absorbés dans l’intestin ; leur digestion demande beaucoup d’énergie. La digestion commence déjà dans la bouche, car la mastication induit la production de ptyaline, une enzyme salivaire qui active le processus digestif. Les acides, quant à eux, qu’il s’agisse de fruits frais ou secs, de vinaigre, de citron ou de vin blanc ou rosé, poussent rapidement l’estomac à être digéré rapidement, empêchant ainsi la digestion des sucres lents. À cause de ce la combinaison amidon + acide produit des flatulences, des ballonnements, une indigestion et une accumulation de poids. Un exemple typique à éviter est la combinaison d’une assiette de pâtes ou de riz et de fruits comme dessert.
Et les fruits alors ?
En tant qu’adultes, la consommation devrait être limitée à deux fois par jour. Le fruit est bon car il apporte des vitamines, mais il apporte aussi du sucre qui, en excès ou mal combiné, provoque des troubles digestifs et une prise de poids.
Auxquels des aliments typiques de l’automne – et surtout à quelles combinaisons entre eux – faut-il faire particulièrement attention pour éviter les troubles gastro-intestinaux ? Et lesquels peuvent vous aider ?
Les légumes d’automne sont tous importants les uns pour les autres. toutefois il faut apprendre à mettre deux légumes dans l’assiette bien associés. Oui au potiron gratiné au four, mais sans salade garnie de citron. Voulez-vous manger de la soupe ou de la purée même si la nourriture liquide n’est pas un bon repas pour nos intestins ? Je vous conseille de couper les légumes en morceaux et de les laisser mijoter puis de les manger sans les passer au mixeur. Ou ajoutez des légumes fraîchement sautés dans votre assiette creuse pour éviter le choc brutal des aliments liquides.
Dans votre expérience avec les patients italiens, avez-vous détecté des spécificités de notre pays concernant les problèmes digestifs et gastro-intestinaux ?
En Italie, comme d’ailleurs en France, on constate que pain blanc et sucres raffinés ont maintenant inondé les étagères des magasins d’alimentation. Ce qui était auparavant un phénomène isolé dans certaines régions européennes est devenu un véritable fléau à travers le continent. Je dis souvent aux Italiens : n’oubliez pas les pâtes fraîches de vos grands-parents, celles qui étaient produites naturellement, n’oubliez pas les légumes. Il faut revenir aux aliments non transformés, c’est essentiel, en Italie, en France et dans le reste du monde. ET puis il y a le problème des pesticides : plus les aliments en contiennent, moins les organes pourront compléter les étapes de la digestion de manière optimale. Les bactéries de notre microbiote seront moins bien nourries et donc beaucoup moins performant. Ce grand processus de transformation de notre alimentation a généré de graves déséquilibres dans notre flore intestinale, le microbiote, dont nous comprendrons et mesurerons les conséquences dans quelques années.
En plus de l’inconfort immédiat, quels sont les problèmes graves que l’on peut rencontrer si l’on néglige nos troubles gastro-intestinaux ?
Nous verrons certainement une fragilité digestive importante. On trouve aujourd’hui en Italie, mais aussi dans d’autres pays européens, des cas de maladies de peau, de coliques sévères et d’acné majeure chez le nouveau-né. Ils sont tous un malheureux thermomètre de l’incapacité de leur tube digestif à digérer le lait de vache déshydraté d’aujourd’hui. Ces enfants sont de futurs adolescents allergiques, asthmatiques ou en surpoids, ou des adultes qui seront malheureusement diagnostiqués avec un cancer digestif. Car avec tous ces aliments raffinés nous aurons déséquilibré et surchargé leur microbiote intestinal et ainsi affaibli l’un de leurs plus grands boucliers de santé. Nous partons des fondamentaux, de l’attention portée à la qualité des aliments et de la compréhension des secrets des combinaisons alimentaires. J’avais envie d’écrire un livre populaire car apprendre à combiner ce que l’on mange est essentiel : on peut faire beaucoup pour notre santé et celle de ceux qu’on aime !
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